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Liban - Gouvernement

Gouvernement : Baabda prend fait et cause pour Hariri

Le chef de l’État sort de sa réserve et dénonce « l’instrumentalisation du retard » dans la formation du cabinet.

Le chef de l’État Michel Aoun a créé la surprise hier en envoyant implicitement au Hezbollah un message de mécontentement au sujet de sa dernière revendication consistant à allouer aux sunnites anti-haririens un portefeuille au sein du prochain gouvernement.

Lors d’une séance de questions-réponses avec des journalistes qu’il a reçus au palais présidentiel de Baabda à l’occasion du deuxième anniversaire de son accession à la magistrature suprême le 31 octobre 2016, M. Aoun a soutenu la position exprimée ces derniers jours par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, qui avait refusé de reconnaître le droit des sunnites du 8 Mars à briguer un portefeuille au sein du prochain cabinet, un veto qui a fini par faire capoter à la dernière minute la naissance du gouvernement.

« Nous ne voulons pas affaiblir le Premier ministre. Au contraire, nous souhaitons qu’il soit fort d’autant qu’il devra assumer de grandes responsabilités », a déclaré M. Aoun, en reconnaissant qu’il venait ainsi de « sortir de sa réserve ».

Le chef de l’État s’est par ce fait rallié à la position de M. Hariri en estimant que les sunnites du 8 Mars « viennent d’horizons politiques divers » et que ce n’est que récemment qu’« ils se sont regroupés au sein d’un bloc ».

Évoquant le « nouvel obstacle » que pose la revendication des sunnites anti-haririens, M. Aoun a affirmé qu’il « provoque du retard dans la formation du cabinet. Et les obstacles sont injustifiables. Instrumentaliser le retard en tant que tactique politique torpille la stratégie nationale dont nous avons grandement besoin », a-t-il ajouté, dans une allusion claire aux manœuvres du Hezbollah.

La position du chef de l’État avait été précédée, peu de temps avant le début de l’entretien, d’un tweet lancé par Saad Hariri qui, s’adressant à M. Aoun, a salué « deux ans d’efforts conjugués en vue de rétablir la confiance (des citoyens) dans l’État ». « Ensemble, nous poursuivrons la marche et ne renoncerons pas à la renaissance du Liban », a-t-il dit.

La réponse du président Aoun n’a pas tardé : « C’est grâce à l’entente et à la solidarité qu’ensemble nous pourrons réaliser de grandes choses. » « Nous resterons côte à côte tant que nous servons ensemble l’intérêt du Liban », a-t-il ajouté.


(Lire aussi : Michel Aoun : deux ans après, un sexennat à la peine)



Ligne rouge

Après avoir œuvré à franchir l’un après l’autre les obstacles qui entravaient la naissance du gouvernement, le Premier ministre s’était retrouvé de nouveau acculé au pied du mur après la nouvelle exigence du Hezbollah d’intégrer ses alliés sunnites au gouvernement. Une demande de trop pour Saad Hariri qui avait ignoré totalement cette requête, timidement exprimée au départ par le parti chiite jusqu’à ce que ce dernier se prononce ouvertement et fermement en faveur de ses alliés sunnites, en laissant entendre qu’il n’y aura pas de gouvernement sans un sunnite de son bord.

Une telle concession de la part de M. Hariri, sorti relativement affaibli des législatives, n’aurait fait que ternir son image de leader sunnite incontesté, mais aussi amoindrir son prestige et ses prérogatives en tant que Premier ministre désigné, « qui n’est aucunement tenu de tenir compte des desiderata des uns et des autres, n’étant pas lié constitutionnellement par des consultations parlementaires qui ne sont pas contraignantes », comme l’a rappelé à maintes reprises dans nos colonnes l’ancien chef de gouvernement Fouad Siniora.

Soucieux en outre de préserver les équilibres au sein du futur cabinet de sorte à ne pas concéder au Hezbollah et à ses alliés une minorité de blocage qui le dépouillerait d’une majeure partie de ses prérogatives, M. Hariri a défini hier une fois pour toutes la ligne rouge qu’il ne saurait dépasser.

Les informations distillées dans ses milieux évoquaient un refus définitif de sa part d’accepter même le principe d’intégrer des députés sunnites épars, dont certains ont été élus respectivement sur les listes du mouvement Amal, des Marada et du Hezbollah, trois formations déjà représentées au sein du gouvernement.

Dans les milieux du Hezbollah, on maintient que MM. Hariri et Aoun avaient déjà été informés du souhait du parti chiite d’intégrer un ministre sunnite qui leur est proche, comprendre que leur revendication n’a rien de nouveau. Une source proche du parti chiite précise toutefois que ce dernier « est confiant qu’une solution sera prochainement trouvée ».

« Il n’y a rien de nouveau », s’est contenté de dire pour sa part le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, à l’issue de sa visite hier soir au chef de l’État, qui avait été précédée d’un entretien avec M. Hariri. Selon des sources citées par notre correspondante à Baabda Hoda Chedid, les voies de communication n’ont pas été coupées pour autant. Un médiateur serait même attendu aujourd’hui à Baabda pour tenter de trouver une issue à la requête des sunnites du 8 Mars.

Cette nouvelle enchère du Hezbollah a poussé plusieurs observateurs à dire que la naissance du cabinet sera reportée à une date ultérieure qui serait, pour nombre d’entre eux, intrinsèquement liée aux prochaines échéances régionales et internationales. Selon cet avis, aucun déblocage n’est donc à prévoir avant d’une part l’adoption, le 4 novembre, des sanctions américaines contre l’Iran, et d’autre part les élections américaines de mi-mandat prévues le 6 novembre et qui devraient déterminer la nouvelle orientation politique de l’administration Trump.



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commentaires (6)

PERSONNELLEMENT, JE NE CROIS PAS DU TOUT QUE AOUN PREND FAIT ET CAUSE POUR HARIRI ! VU QUE LES PROJECTEURS SONT POINTUS SUR SON COMPORTEMENT ANTI LIBAN LIBRE, ET POUR LA CAUSE DU HEZBOLLAH, CE DERNIER POUR NE PAS L'AFFAIBLIR, LE RIDICULISER ET LE MARGINALISER, ILS SE SONT MIS D'ACCORD À NE PAS ÊTRE D'ACCORD DEVANT L'OPPOSITION ET POUR NOUS FAIRE AVALER QU'IL EST LIBRE NOTRE PRÉSIDENT. ÇA NE PEUT PAS ÊTRE AUTREMENT. AOUN N'EST ET NE SERA JAMAIS LIBRE.

Gebran Eid

15 h 10, le 01 novembre 2018

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Commentaires (6)

  • PERSONNELLEMENT, JE NE CROIS PAS DU TOUT QUE AOUN PREND FAIT ET CAUSE POUR HARIRI ! VU QUE LES PROJECTEURS SONT POINTUS SUR SON COMPORTEMENT ANTI LIBAN LIBRE, ET POUR LA CAUSE DU HEZBOLLAH, CE DERNIER POUR NE PAS L'AFFAIBLIR, LE RIDICULISER ET LE MARGINALISER, ILS SE SONT MIS D'ACCORD À NE PAS ÊTRE D'ACCORD DEVANT L'OPPOSITION ET POUR NOUS FAIRE AVALER QU'IL EST LIBRE NOTRE PRÉSIDENT. ÇA NE PEUT PAS ÊTRE AUTREMENT. AOUN N'EST ET NE SERA JAMAIS LIBRE.

    Gebran Eid

    15 h 10, le 01 novembre 2018

  • pour faire d'une pierre 2 coups C reussi. 1, il se defile des pressions HN iennes 2,il remet hariri au devant de la scene- donc le rend lui -une enieme fois- le GRAND COUPABLE.

    Gaby SIOUFI

    13 h 32, le 01 novembre 2018

  • Allez, citoyens Libanais, encore un tout petit peu de patience...au rythme des sprints, sauts d'obstacles et autres performances sportives à la mode chez nous dans la course au gouvernement, nous pourrons, inchalllah, fêter la création du nouveau gouvernement...le 22 novembre (déjà pas mal...!!!)...ou encore mieux...d'une pierre deux coups...à Noël, avec plein de guirlandes scintillantes, de boules colorées et en cadeau suprême, nos 3 dirigeants principaux, déguisés en Papa Noël, les bras chargés de présents: -l'électricité 24h/24h -plus de déchets et un Liban scintillant de propreté -une belle réputation auprès de la Communauté internationale -plus de corruption qui détruit notre pays et cadeau suprême, un Hezbollah qui s'occupe enfin du bien-être de ses citoyens et laisse les autres pays résoudre leurs problèmes eux-mêmes, si possible sans guerres inutiles et destructrices ! Irène Saïd !!!

    Irene Said

    10 h 15, le 01 novembre 2018

  • L,INSTRUMENTALISATION DU RETARD DE LA FORMATION DU GOUVERENEMENT A DEUX CAUSES. LA PREMIERE S,APPELLE HEZBOLLAHI SOUS COUVERTURE GENDRISSIMO-BEAUPERIENNE ET LA SECONDE GENDRISSIMO-BEAUPERIENNE ! VOILA LE CANCER ET LA GANGRENE QUI RONGENT LE PAYS ET QUI LE POUSSENT DANS L,ABYSSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 01 novembre 2018

  • comme quoi aoun ne peut pas trancher, la decision est entre ses mains et il ne peut pas decider sans l'aval de son "allié"

    George Khoury

    06 h 39, le 01 novembre 2018

  • Il à raison le chef de l'état, il faut maintenant former ce gouvernement sans plus attendre et se mettre au travail.

    Sarkis Serge Tateossian

    02 h 52, le 01 novembre 2018

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