Contrairement au vent d’optimisme qui souffle sur le pays ces derniers jours, l’ancien ministre Sleiman Frangié, chef des Marada, s’est montré plus circonspect par rapport à la naissance prochaine du gouvernement. « Je vois bien l’optimisme du Premier ministre et des médias, a-t-il dit, lors de son intervention à l’émission Sar el-Waqt à la MTV. Mais, dans les coulisses, les nœuds restent à 80 % irrésolus. » Il a, à ce titre, évoqué les Forces libanaises qui doivent encore donner leur accord pour ce qu’on leur propose. Il a surtout monté de nouveau en épingle une complication que l’on croyait quelque peu mise de côté, celle de la représentation des sunnites du 8 Mars. « Cela était notre revendication depuis le premier jour, mais je crois qu’elle est actuellement remise sur le tapis de façon plus sérieuse par nos alliés », a-t-il expliqué.
Interrogé plus spécifiquement sur le portefeuille des Travaux, qu’occupe dans le gouvernement sortant un ministre des Marada, Youssef Fenianos, M. Frangié a souligné qu’à l’origine, son bloc de sept députés (qui représente d’autres formations politiques également) revendiquait deux portefeuilles de poids sans insister particulièrement sur celui des Travaux. « Mais on a accusé notre ministre de corruption, dans une tentative de nous isoler et de nous traîner dans une bataille que nous n’avons pas choisie, sous prétexte de vouloir réformer le secteur, a-t-il dit, dans une claire allusion au chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil. Depuis lors, nous considérons que garder ce portefeuille est une question de dignité. »
Sur ce, l’ancien député a affirmé n’avoir reçu aucune assurance « officielle » que ce portefeuille serait accordé à son bloc, soulignant que celui-ci pourrait être représenté par un ministre qui n’est pas du parti. À la question de savoir s’il entrerait au gouvernement au cas où le portefeuille des Travaux ne leur serait pas accordé, il a affirmé que lui-même serait contre. « Nous ne gèlerons pas les affaires de l’État pour autant », a-t-il insisté. M. Frangié a assuré à plus d’une reprise que ses alliés ne l’abandonneraient pas et resteraient à ses côtés, notamment le Hezbollah.
Le chef des Marada a dit ne pas se considérer « dans un état en confrontation » avec le président de la République Michel Aoun, soulignant cependant que celui-ci n’a pas fait de geste envers lui depuis son élection. « Pourquoi avons-nous gelé le pays durant cinq mois ? Pour faire parvenir des personnes données à un poste donné. Seule la concurrence loyale est positive », a-t-il asséné.
Interrogé sur la réconciliation attendue avec les FL, M. Frangié a assuré qu’il n’y aurait pas un accord écrit entre les deux parties, « car ma parole suffit », affirmant que « tout se fera en accord avec les parents des victimes et dans le respect de leurs souffrances. Nous ne boirons pas de champagne pour cela », a-t-il ironisé en allusion à l’accord de Meerab entre FL et CPL.