L'Iran garde le silence depuis le début de l'affaire du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dont la disparition début octobre a suscité de vives critiques contre son grand rival régional, l'Arabie saoudite, et mis l'ennemi américain dans l'embarras. Ce journaliste critique du pouvoir saoudien n'a pas été vu depuis son entrée dans le consulat de son pays à Istanbul, le 2 octobre. Des responsables turcs ont affirmé qu'il y avait été assassiné par des agents de Riyad, qui dément.
Pressé de s'exprimer sur le sujet lundi, lors de sa conférence de presse hebdomadaire, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, a seulement indiqué que Téhéran suivait les événements.
Mercredi, la presse a rapporté dans le détail les éléments les plus sordides sur l'éventuel meurtre de Jamal Khashoggi, qui selon des médias étrangers aurait été "démembré", tout en commentant la stratégie de Riyad et de son allié américain.
Évoquant la visite en cours du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo à Riyad puis Ankara, le quotidien conservateur Jomhuri Eslami a titré: "Les Etats-Unis, la Turquie et l'Arabie Saoudite complotent pour clore l'affaire du meurtre de Jamal Khashoggi". Pour Javan, proche des Gardiens de la Révolution, l'objectif "est de couvrir la brutalité et le scandale des Saoudiens en inventant des histoires (...), une excuse pour continuer de traire les Saoudiens" en matière de contrats d'armement.
Le quotidien réformateur Arman relève le mutisme de Téhéran. "Il est évident que toute (cette affaire) est dans l'intérêt de l'Iran parce que d'un côté elle a causé de sérieux désaccords entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, et de l'autre, elle a détruit (l'image) des réformes du jeune prince saoudien" Mohammad Ben Salmane, dit son journaliste, Reza Ghabishavi.
Le journal Tehran Times estime, lui, que le meurtre présumé de M. Khashoggi est le résultat du soutien de longue date des Occidentaux à la monarchie saoudienne. "Vous choisissez des marionnettes pour régner (...) et soutenez des wahhabites terroristes", dit-il, en référence à la version rigoriste de l'islam prévalant en Arabie saoudite.
La disparition de Jamal Khashoggi intervient quelques semaines avant le rétablissement d'un nouveau train de sanctions américaines contre l'Iran, dans le sillage du retrait de Washington de l'accord sur le nucléaire iranien en mai dernier. Ces sanctions doivent viser le secteur énergétique iranien et, avant que n'éclate cette affaire, l'Arabie saoudite a estimé qu'elle serait en mesure de compenser les pertes de production pétrolière, afin d'éviter une envolée des prix du brut --un chiffon rouge pour Donald Trump.
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03 h 10, le 18 octobre 2018