Le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump, a accusé mardi le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane d'avoir commandité le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, disparu depuis le 2 octobre après une visite au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.
"Rien ne se passe en Arabie saoudite sans que MBS en soit informé", a commenté Lindsey Graham dans un entretien accordé à Fox News. "J'ai été leur plus ardent défenseur au Sénat des Etats-Unis", a poursuivi le parlementaire. "Ce type est un engin de démolition. Il a fait assassiner ce gars au consulat en Turquie et espère que je ne vais pas le savoir. Je me sens floué", a-t-il poursuivi. "MBS est un individu nuisible. Il ne peut pas devenir un dirigeant sur la scène mondiale", a-t-il estimé.
Dissident et journaliste saoudien qui collaborait notamment avec le Washington Post, Jamal Khashoggi, 59 ans au moment des faits, est entré le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul et n'est pas réapparu depuis. Selon des responsables turcs, ce journaliste exilé aux Etats-Unis depuis 2017 et "bête noire" du prince héritier saoudien, a été tué au consulat par des agents saoudiens venus de Riyad. Les autorités saoudiennes ont jusqu'ici fermement démenti. La semaine passée, 22 sénateurs ont ouvert une enquête sur la nécessité d'imposer des sanctions à Riyad pour violation des droits de l'homme.
M. Trump, qui a renforcé ses relations avec Riyad, est très embarrassé par l'affaire Khashoggi. Lundi, après s'être entretenu au téléphone avec le roi Salmane, il a suggéré que la disparition de Jamal Khashoggi "pourrait être le fait de tueurs hors de contrôle".
Des médias américains ont ensuite affirmé que l'Arabie saoudite envisageait de reconnaître la mort du journaliste lors d'un interrogatoire qui aurait mal tourné au consulat. Selon CNN, le pouvoir saoudien préparerait un rapport dans lequel il tenterait de minimiser son implication dans sa disparition. Et Pour le Wall Street Journal, cela permettrait à la famille royale de "se dédouaner d'une implication directe" dans l'éventuel décès de Jamal Khashoggi.
"Un prince héritier incontrôlé"
Lindsey Graham a expliqué ne pas savoir ce que Donald Trump entendait décider dans cette affaire qui concerne la relation proche et compliquée que les Etats-Unis entretiennent avec les Saoudiens. "Je sais ce que je vais faire. Je vais sanctionner l'Arabie saoudite", a lancé Graham. "Je me sens personnellement offensé. Ils n'ont rien d'autre que du mépris pour nous. Ce type doit s'en aller".
"Il ne s'agit pas de tueurs incontrôlés, il s'agit d'un prince héritier incontrôlé", a ensuite poursuivi Graham toujours très en colère dans une déclaration à la radio de Fox News. "J'interdirais les ventes tant qu'il sera au pouvoir", a encore dit le sénateur qui doit s'entretenir de cette question avec Donald Trump.
Marco Rubio, autre sénateur républicain de premier plan, a, lui, balayé les réserves émises par Donald Trump sur des sanctions qui risqueraient d'affecter des milliards de dollars de contrats passés avec Riyad, notamment des ventes d'armes sources d'emplois aux Etats-Unis. "Je m'en fiche de savoir combien d'argent cela représente. Aucune somme au monde ne pourrait racheter notre crédibilité sur les droits de l'homme et la façon dons les nations doivent se comporter", a déclaré l'ancien rival de Donald Trump à la présidentielle américaine, sur CNN. "C'est une crainte que nous avions depuis longtemps, que le jeune prince héritier soit ce jeune homme agressif qui surestime la latitude qu'il a pour agir", a poursuivi Marco Rubio.
Selon lui, "le Sénat, le Congrès vont agir". "La teneur de ces mesures spécifiques fera évidemment l'objet d'un débat mais elles seront fortes et significatives. Nous verrons ce que l'administration fera mais il me semble qu'au final, elle suivra", a-t-il estimé.
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COUPS MONTES DE TOUTES PIÈCES !!!
14 h 23, le 17 octobre 2018