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À La Une - Enquête

Trump se dit pessimiste sur le sort de Jamal Khashoggi et menace Riyad

Ankara juge que l'enquête piétine devant le manque de coopération des Saoudiens.

Des militants des droits de l'Homme et amis de Jamal Khashoggi défilent, portrait du journaliste disparu à la main, afin de réclamer des informations sur son sort, le 8 octobre 2018 à Istanbul. Photo d'archives REUTERS/Murad Sezer

Le président américain Donald Trump a estimé que l'Arabie saoudite pourrait être derrière la disparition à Istanbul de Jamal Khashoggi, la menaçant dans ce cas d'"un châtiment sévère", tandis que Riyad dément avoir donné l'ordre de tuer ce journaliste dissident.
"En l'état actuel des choses, il semble que peut-être on ne va plus le revoir, et c'est très triste", a déclaré samedi M. Trump au sujet du journaliste. "Notre premier espoir était qu'il n'ait pas été tué mais peut-être que les choses ne s'annoncent pas bien", a-t-il ajouté.
il a précisé qu'il allait appeler samedi soir ou dimanche le roi Salmane d'Arabie saoudite.

Une délégation saoudienne doit s'entretenir ce week-end à Ankara avec des responsables turcs dans le cadre de l'enquête sur cette affaire qui a suscité la vive inquiétude de plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis où Jamal Khashoggi s'était exilé en 2017.
Mais Ankara a reproché samedi à Riyad de ne pas coopérer, et notamment de ne pas laisser les enquêteurs accéder au consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul, où le journaliste a été vu pour la dernière fois, le 2 octobre. 
"Pour l'instant, ils (les Saoudiens, ndlr) démentent (leur implication) et la démentent vigoureusement. Est-ce que ça pourrait être eux? Oui", avait aussi dit Donald Trump dans un entretien avec la chaîne de télévision CBS, enregistré jeudi et diffusé samedi.
Il a ajouté que si l'Arabie saoudite s'avérait effectivement responsable, il y aurait "un châtiment sévère". 
"Ce qui a été rapporté au sujet d'ordres de le tuer est un mensonge et une allégation infondée", a de son côté réagi samedi -dans des propos reproduits par l'agence de presse officielle SPA- le ministre saoudien de l'Intérieur Abdel Aziz ben Saoud ben Nayef.
Il s'agit, a-t-il dit, de "fausses accusations contre l'Arabie saoudite".

Jamal Khashoggi, critique du prince héritier Mohammed ben Salmane et qui collaborait notamment avec le Washington Post, s'était rendu le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul, ayant besoin d'un document nécessaire à son futur mariage. 
Quatre jours plus tard, des responsables turcs cités par les médias ont affirmé qu'il avait été tué dans ce bâtiment.
Des allégations aussitôt qualifiées d'"infondées" par l'Arabie saoudite, d'autant plus embarrassée par cette affaire qu'elle doit accueillir un sommet économique de premier plan du 23 au 25 octobre.


(Lire aussi : « Chez nous en Turquie, on ne tue pas les journalistes ! »)


Délégation saoudienne à Ankara

La délégation saoudienne arrivée vendredi à Ankara doit notamment prendre part aux travaux d'un groupe de travail sur la disparition de Jamal Khashoggi, dont la création a été annoncée par le porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Cette délégation est constituée de onze personnes et a inspecté vendredi le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, d'après la chaîne de télévision turque NTV. Sa composition demeurait inconnue. 
Ankara juge néanmoins que l'enquête piétine devant le manque de coopération des Saoudiens. "Nous n'avons pas encore vu de coopération pour que l'enquête se déroule facilement et que toute la lumière soit faite. C'est ce que nous voulons voir", a dit le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu à l'agence de presse nationale Anadolu, lors d'une visite officielle à Londres.
Le ministre a enjoint à l'Arabie saoudite de laisser les "procureurs et experts pénétrer dans le consulat" afin de pouvoir mener à bien leurs investigations.


(Lire aussi : Les Occidentaux prudents sur l'affaire Khashoggi pour ménager Riyad)


Une "montre intelligente"
Selon les quotidiens turcs Sözcü et Milliyet, Jamal Khashoggi portait, lorsqu'il est entré au consulat, une "montre intelligente" connectée à un téléphone qu'il avait laissé entre les mains de sa fiancée, Hatice Cengiz.
Ils racontent que des enregistrements audio ont ainsi été transmis au téléphone et sont actuellement examinés par la justice turque. Toutefois, si Milliyet précise que des cris et une querelle ont été enregistrés, Sözcü avance que des dialogues, mais pas de cris, peuvent être entendus dans cet enregistrement de "quelques minutes".
Le journal turc proche du gouvernement Sabah affirme quant à lui que la montre de Jamal Khashoggi a enregistré son "interrogatoire", les "tortures" qu'il a subies et son "meurtre" à l'intérieur de la mission saoudienne. 

Selon le Washington Post, Ankara a dit aux Etats-Unis détenir des enregistrements audio et vidéo montrant comment Jamal Khashoggi avait été "interrogé, torturé puis tué" à l'intérieur du consulat, avant que son corps ne soit démembré.
Riyad a affirmé que les caméras du bâtiment ne fonctionnaient pas ce jour-là.
D'après la police turque, un groupe de 15 Saoudiens était arrivé en avion le 2 octobre à Istanbul, et, assurent des médias turcs, ces hommes étaient ensuite allés tuer le journaliste avant de quitter la Turquie.

L'affaire Khashoggi a refroidi des investisseurs qui s'enthousiasmaient encore il y a un an pour les pharaoniques projets économiques du prince héritier, comme le milliardaire britannique Richard Branson, qui a gelé plusieurs projets dans le royaume.
Des partenaires tels que le Financial Times, le New York Times et The Economist ont retiré leur soutien à la deuxième édition du sommet "Future Investment Initiative" du 23 au 25 octobre à Riyad.
Et si la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde a confirmé son intention d'y participer, elle s'est dite "horrifiée" par l'affaire Khashoggi.


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commentaires (8)

LE MONDE COMMENCE A SE DEMANDER OU EST ADEL AL JUBEIR ... MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DONT LES AMBASSADES FONT PARTIE DE SON MINISTERE. DEPUIS LA DISPARITION DE KASHOGGI PLUS D,APPARITION DE JUBEIR... QU,EN EST-IL ?

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 40, le 14 octobre 2018

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Commentaires (8)

  • LE MONDE COMMENCE A SE DEMANDER OU EST ADEL AL JUBEIR ... MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DONT LES AMBASSADES FONT PARTIE DE SON MINISTERE. DEPUIS LA DISPARITION DE KASHOGGI PLUS D,APPARITION DE JUBEIR... QU,EN EST-IL ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 40, le 14 octobre 2018

  • IL Y AVAIT 15 PERSONNES... LES EXECUTEURS ET LES SURVEILLANTS DES EXECUTEURS... PUIS LES NETTOYEURS ET LES SURVEILLANTS DES NETTOYEURS... ET TOUS ENSEMBLE LES TRANSPORTEURS DE TANT DE PIECES... ET CHACUN CRAIGNANT L,AUTRE POUR LE SUCCES DE L,ENTREPRISE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 18, le 14 octobre 2018

  • Il NY a pas de doute il a été exécuté plus façon daesh que Gaza . Maintenant qu'elle sera la Sanction " sévère " de trump-pète ? Leur interdire l'accès au trump-pète tower ? Ou au ceasar palace de las vegas ? Les empêcher de jouer aux casinos ? Je serai très curieux de connaître les sanctions face à ce crime odieux .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 07, le 14 octobre 2018

  • Si l’Arabie ne fait pas la lumière sur ce qui s’est passée réellement et si elle ne coopère pas, elle sera en sursis et tôt ou tard devra payer pour ses agissements. Ça lui pend au nez, compte tenue des réactions . S’attaquer à un journaliste de cette manière n’est pas un fait divers banal , ça va très mal se passer même s’il y a des milliards en jeu .

    L’azuréen

    10 h 15, le 14 octobre 2018

  • On est tous pessimiste là n'est pas le problème. Il faut maintenant connaitre le fond de l'affaire. Une pluie de preuves portée sur un plateau par un pays qui n'est surtout pas un modèle (la Turquie) me laisse pantois !

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 55, le 14 octobre 2018

  • - LES CAMERAS N,ENREGISTRAIENT PAS EN CE JOUR LA. - TOUS LES EMPLOYES TURCS DE L,AMBASSADE EN CONGE. - UN ESCADRON DE 15 MEMBRES ARRIVE A L,AMBASSADE Y RESTE QUELQUES HEURES PUIS QUITTE LES LIEUX ET LA TURQUIE. - KASHOGGI A PROBABLEMENT QUITTE PAR EUX, AVANT LEUR DEPART, EN PLUSIEURS PIECES. TROP DE COINCIDENCES OU TROP DE PREUVES ? IL FAUT ETRE DUPE POUR GOBER TOUT CA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 41, le 14 octobre 2018

  • Les rouages du cerveau de ces dirigeants en Arabie Séoudite fonctionnent encore comme il y a des centaines d'années. Donc...ils s'imaginent que pour les autres pays, c'est la même chose ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 13, le 14 octobre 2018

  • Je me pose toujours ces question depuis le début de l'affaire. Pourquoi une équipe de 15 personnes pour interroger, torturer ou tuer une seule personne à priori inoffensive et ne doutant de rien? Pourquoi laisser tant de traces et éveiller les soupçons en incluant tant de personnes? Une équipe de 2 à 3 individus aurait pu facilement remplir cette sale besogne. Pourquoi l'exécuter a l'intérieur de l'ambassade alors qu'un tueur à gages aurait pu le traquer facilement lors de ces déplacements a Istanbul? Tant de questions banales qui restent sans réponse. Si cela est avéré ca serait un amateurisme sidérant

    Elie H

    05 h 07, le 14 octobre 2018

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