Le président libanais Michel Aoun a évoqué la possibilité d'une formation d'un gouvernement majoritaire au vu des difficultés du Premier ministre désigné, Saad Hariri, de former un cabinet d'union nationale, attendu depuis plus de quatre mois. Il a également dénoncé le fait que l'Occident politise le dossier des réfugiés syriens.
"Il y a deux types de gouvernements, un gouvernement d'union nationale et un gouvernement majoritaire. Si nous n'arrivons pas à former un cabinet d'union, alors qu'un gouvernement majoritaire soit formé conformément aux règles qui s'appliquent dans ce cas, et que ceux qui refusent d'intégrer un tel gouvernement en sortent", a déclaré le chef de l’État devant des journalistes dans l'avion le ramenant à Beyrouth depuis New York où il a prononcé un discours à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU. "Ceux qui veulent former un gouvernement peuvent le faire selon leurs convictions et les règles induites par la loi proportionnelle. Je suis président de la République, donc je ne peux pas sortir du gouvernement, mais les formations politiques me soutenant pourraient le faire", a-t-il prévenu.
Saad Hariri n'a toujours pas réussi à former son équipe, une mission dont il a été chargé au lendemain des élections législatives du 6 mai. Il bute sur de nombreux obstacles, liés notamment aux revendications concernant le nombre de portefeuilles ministériels à attribuer aux différentes forces politiques. Un débat sur les prérogatives du chef de l’État et du Premier ministre désigné a été également lancé dans ce cadre. "Lorsque le président s'exprime, on parle de volonté du chef de l’État d'aller au-delà de ses prérogatives et de vouloir marginaliser tout le monde. Mais lorsqu'il n'intervient pas, on le lui reproche également (...) La solution passe par le fait que quelqu'un prenne une initiative, mais je ne la prendrai pas", a-t-il conclu sur ce dossier.
Michel Aoun est également revenu sur la "campagne" et les "mensonges" visant la présidence de la République, en référence notamment à la polémique autour des appareils réquisitionnés à l'aéroport de Beyrouth pour le voyage de la délégation libanaise à l'ONU. "Certains ont une passion pour les rumeurs qui attisent la curiosité des gens et les éloignent de la réalité, même lorsqu'elle est séduisante", a-t-il déclaré. "L'objectif est de désespérer les gens", a-t-il ajouté. Dimanche, les passagers du vol 205 de la MEA, en partance pour Le Caire, avaient été débarqués de l’appareil au profit de la délégation qui accompagnait le chef de l’État à New York. Cet incident avait enflammé les réseaux sociaux sur lesquels circulaient simultanément les noms des membres de la délégation.
(Lire aussi : Aoun : C’est le Premier ministre désigné qui est chargé de former le gouvernement)
"L'Occident politise le dossier des réfugiés syriens"
Par ailleurs, M. Aoun a évoqué la question du Hezbollah. "Je n'ai pas à saluer le rôle de la résistance, mais l'histoire du Liban parle d'elle-même. Le Hezbollah vit sur ses capacités propres et la crise en Syrie a fait du Hezbollah une question régionale (...) Si la communauté internationale n'est pas capable de nous aider pour le retour des réfugiés, comment pourrions-nous régler seuls la question du Hezbollah ?", s'est-il interrogé. Jeudi, Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait accusé à l'Assemblée générale de l'ONU, le parti chiite de cacher des missiles à proximité de l'aéroport de Beyrouth.
Sur un autre plan, le chef de l’État a exprimé ses regrets face à la position de la communauté internationale qui lie le retour des réfugiés syriens à l'élaboration d'une solution politique en Syrie, évoquant certaines "arrières-pensées". Dans un entretien diffusé vendredi par la chaîne russe Russia Today et enregistré à New York, le chef de l’État a déclaré que "l'Occident politise le dossier des réfugiés en le liant à une éventuelle solution politique", saluant le rôle de la Russie sur ce plan. Mercredi, le président Aoun avait réitéré devant l'Assemblée générale la position du Liban contre "toute implantation d’un migrant ou d’un réfugié" sur son territoire, appelant au "retour décent, sécurisé et permanent" des réfugiés syriens dans leur pays et refusant de lier ce retour à "une solution politique incertaine". La Russie a lancé une initiative, annoncée lors du sommet entre les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine en juillet dernier, ayant pour objectif d'organiser un rapatriement massif des réfugiés depuis les pays d’accueil, dont le Liban.
Dans cette même interview télévisée, M. Aoun a estimé que "l'aggravation de la crise économique au Liban a pour cause les mauvaises politiques appliquées sur ce plan". Ces dernières semaines, plusieurs responsables ont mis en garde contre la situation économique du pays.
commentaires (14)
Si quelqu'un bien avisé pourrait nous expliquer le sens d'un gouvernement majoritaire ? Merci par avance.
Sarkis Serge Tateossian
19 h 31, le 28 septembre 2018