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Liban - Santé

Hasbani : Les personnes souffrant de cancer pourraient ne plus avoir accès au traitement

Près de 25 000 personnes sont traitées du cancer aux frais du ministère.

Ghassan Hasbani lors de la conférence de presse, hier.

Le ministre sortant de la Santé, Ghassan Hasbani, a tiré de nouveau hier la sonnette d’alarme mettant en garde contre une rupture prochaine de la fourniture par son ministère des médicaments du cancer et des maladies chroniques, au cas où un budget supplémentaire au bénéfice du ministère n’est pas débloqué dans les plus brefs délais. Cette question fait d’ailleurs l’objet d’une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence présentée récemment au Parlement par Eddy Abillama, député du Metn-Nord (Forces libanaises). Elle consiste à débloquer la somme de 75 milliards de livres libanaises pour les médicaments afin de combler le déficit actuel.

Rappelons que lors de la dernière séance législative dite « de nécessité », qui s’est tenue mardi, Ziad Hawat, député membre du bloc des Forces libanaises, a demandé à maintes reprises que la proposition de loi d’Eddy Abillama soit discutée et votée en dehors de l’ordre du jour. En vain. En effet, la séance a été torpillée faute de quorum. Après le vote du texte sur les prêts au logement, le bloc du Futur a demandé que des crédits au profit du port de Tripoli soient discutés en dehors de l’ordre du jour. De son côté, Ziad Hawat est revenu à la charge, affirmant que la priorité devrait être accordée aux médicaments. Sauf que M. Berry est resté attaché à l’ordre du jour. Les députés FL se sont alors retirés de la séance, suivis de leurs collègues du Futur.

« Après le vote du projet de loi (mardi) pour le renforcement du système de santé, nous avions bon espoir que le texte sur les médicaments serait adopté », a déclaré hier M. Hasbani lors d’une conférence de presse. En vertu de ce projet de loi, la Banque mondiale accordera un crédit bonifié au Liban d’un montant de 120 millions de dollars pour renforcer le système de soins de santé primaire.

Toutefois, la proposition de loi relative aux médicaments n’a pas été votée, sachant que « durant la dernière réunion de l’ancienne Chambre consacrée à l’examen du budget, les parlementaires avaient demandé qu’un budget supplémentaire soit alloué aux médicaments, puisque le budget actuel ne suffit pas », a poursuivi M. Hasbani. Il a expliqué que ce problème est récurrent et il est principalement dû « au besoin accru en médicaments pour le cancer et d’autres maladies chroniques, dont le coût est très élevé ».

Le ministre sortant a rappelé que le 31 août, il avait déjà tiré la sonnette d’alarme, soulignant alors que si le budget alloué aux médicaments n’est pas augmenté « il sera impossible de continuer à assurer les médicaments pour les maladies du cancer et les maladies chroniques dont bénéficient régulièrement 25 000 Libanais.

Saboter les articles liés à la santé

« J’étais clair en disant qu’il n’est pas acceptable de jouer avec la santé des gens, a martelé M. Hasbani. J’étais ferme en insistant sur le fait que cette affaire était hautement humanitaire et que les souffrances des gens étaient plus importantes que nous tous. Il faut donc aborder ce dossier loin de toute interprétation et des discussions. »

Il a noté en outre que le président de la Chambre, Nabih Berry, avait signalé lors de la session de mardi que la proposition de loi sur les médicaments « sera discutée lors de la séance ». « Si quelqu’un connaît bien le règlement interne, c’est bien Nabih Berry », a-t-il ajouté, en guise de réponse indirecte aux échanges de tweets entre Ziad Hawat et Élias Bou Saab, député du Courant patriotique libre. M. Hasbani a affirmé que ce qui « s’est passé à la place de l’Étoile reste un détail face au besoin urgent d’assurer les médicaments aux patients ». Et de souligner que « le chef de l’État est au courant du problème ».

Le ministre sortant a par ailleurs accusé certaines parties de « saboter de nombreux articles liés au ministère de la Santé, en ne les inscrivant pas à l’ordre du jour du Conseil des ministres et en refusant d’inclure les augmentations demandées lors des discussions sur le budget ».

Rappelant que « l’article du budget relatif aux médicaments connaît un déficit annuel chronique, et non pas nouveau », il a rappelé que lorsqu’il est entré en fonctions en 2016, « le déficit avait atteint 85 milliards de livres libanaises, notamment avec l’introduction sur le marché de nouvelles molécules pour le traitement du cancer et des maladies sévères ». Malgré tout, « la distribution des médicaments s’est poursuivie ». « Quelles que soient les raisons, nous ne pouvons pas priver les patients du médicament, a lancé M. Hasbani. Bref, nous sommes tous responsables des 25 000 patients qui bénéficient gratuitement des médicaments fournis par le ministère de la Santé. L’heure n’est pas aux tiraillements politiques. Que toutes les parties assument leurs responsabilités face au peuple libanais. »

Passe d’armes entre Bou Saab et Hawat

Plus tôt dans la journée, ce dossier polémique s’était retrouvé au centre d’un échange de tweets acerbes entre les députés Ziad Hawat et Élias Bou Saab.

Tout a commencé avec un tweet de M. Bou Saab qui s’est étonné, mardi soir, de la campagne menée par les FL contre lui et dans le cadre de laquelle le parti l’accuse d’avoir fait obstacle à une proposition de loi qu’il a qualifiée de « fictive » visant à assurer des budgets aux médicaments du cancer. « Je confirme qu’aucun texte à cet égard ne nous a été soumis dans le cadre ou en dehors de l’ordre du jour », a indiqué M. Bou Saab. « Si un tel projet avait été proposé, nous l’aurions accepté, a-t-il poursuivi. Il est honteux de jouer avec la vie des gens à des fins de dénigrement politique. »

Dans sa réponse, hier matin, M. Hawat a rappelé à son confrère Bou Saab qu’il avait lui-même évoqué cette proposition de loi, revêtue du caractère de double urgence, dans son intervention lors de la séance législative. Il reproche au député du CPL d’« avoir réclamé l’adoption de l’ordre du jour tel quel ».

« Cher collègue, avez-vous lu le règlement interne du Parlement, et plus particulièrement l’article 64 relatif aux interventions des députés pour savoir si vous pouvez présenter une proposition revêtue du caractère de double urgence lors de cette intervention ? » a rétorqué M. Bou Saab. « Et puis, pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous vous êtes retirés (les députés FL) lors des discussions concernant les enseignants, avant même d’arriver aux propositions de loi revêtues de double urgence, au nombre desquelles celle sur les médicaments, et pourquoi vous avez fait sauter le quorum ? » a-t-il écrit dans un second tweet. Il a souligné que si les députés FL étaient restés au Parlement, « les citoyens auraient aujourd’hui leurs médicaments ».

M. Hawat a finalement publié « une dernière clarification », selon laquelle il s’est « conformé au règlement interne ». « Nous avons présenté une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence au bureau du Parlement, afin d’assurer le financement des médicaments, et j’ai abordé ce sujet dans mon intervention parce que la santé des gens doit se situer en tête des priorités de la législation de nécessité », a-t-il écrit.



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