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Liban - Santé

Rupture de stock de médicaments : Hasbani appelle le gouvernement à assumer ses responsabilités

Une politique de rationnement est suivie par le ministère pour réserver les traitements aux cas les plus urgents, en attendant que le problème soit résolu.

Assem Araji a présidé hier la réunion de la commission parlementaire de la Santé. Photo ANI

La rupture de stocks en médicaments pour maladies chroniques à la Quarantaine revient sur le tapis. Hier, cette affaire a été au centre de la réunion de la commission parlementaire de la Santé, présidée par Assem Araji, qui s’est tenue en présence notamment des ministres sortants de la Santé et d’État à la Réforme administrative, respectivement Ghassan Hasbani et Inaya Ezzeddine.

Ce problème est récurrent au Liban. Il est principalement dû « au déficit dans le budget accordé au ministère de la Santé ». « Un déficit qui est d’ailleurs observé chaque année », explique à L’Orient-Le Jour M. Hasbani. « Lorsque j’ai pris mes fonctions au ministère de la Santé en décembre 2016, les médicaments étaient en rupture de stock depuis plus de deux mois, rappelle-t-il. Les compagnies pharmaceutiques ne les livraient plus à la pharmacie centrale, parce qu’elles ne pouvaient plus supporter les dettes du gouvernement. Nous avons alors demandé au Conseil des ministres la somme de 85 milliards de livres pour couvrir ce déficit. Il a été approuvé. »

Le même scénario s’est répété en 2017. « Nous avions demandé au Conseil des ministres la somme de 35 milliards de livres pour couvrir les dus du ministère, mais le cabinet n’avait pas inscrit cette question à l’ordre du jour de ses réunions », poursuit M. Hasbani, soulignant que le déficit de 2018 est de 40 milliards de livres. Il a noté dans ce cadre qu’Eddy Abillama, député Forces libanaises du Metn, a présenté une proposition de loi revêtue du caractère d’urgence pour débloquer la somme de 75 milliards de livres libanaises au ministère de la Santé.


(Lire aussi : Médicaments gratuits : Hasbani espère un budget à la hausse)


« Lors des discussions du budget, nous avons demandé que la somme allouée aux médicaments, qui est de l’ordre de 144 milliards de livres, soit revue à la hausse, précise M. Hasbani. On l’a augmentée de 11 milliards de livres, ce qui n’est pas suffisant. Le ministère a besoin de 210 milliards. » Et ce pour plusieurs raisons. Primo, de nouveaux médicaments plus ciblés pour certaines maladies, notamment le cancer, ont été mis sur le marché au cours des dernières années. Or ces médicaments, qui sont assurés par le ministère, coûtent cher. Ainsi, le prix d’une seule dose d’un médicament anticancéreux peut coûter 12 millions de livres. « Pour mieux gérer le budget, nous avons établi des protocoles de traitement pour chaque cas et nous avons pu réduire les cas qui bénéficient de façon exceptionnelle de l’aide du ministère de la Santé (personnes qui ont une autre couverture médicale) de 64 % », note M. Hasbani, soulignant qu’il a demandé au Premier ministre et au ministre des Finances de « trouver un mécanisme pour combler le déficit, d’autant que nous avons l’obligation de traiter les gens ».

Secundo, le nombre des patients souffrant de maladies chroniques qui bénéficient des médicaments aux frais du ministère de la Santé augmente : près de 26 000 personnes en 2018, au nombre desquels 7 500 atteintes de cancer. « Entre 2005 et 2016, le nombre des cas de cancer a augmenté chaque année de 5,6 % », précise M. Hasbani.

Tertio, la Caisse nationale de Sécurité sociale ne couvrant pas certains médicaments, les patients viennent les prendre à la pharmacie centrale. « Nous sommes désormais fermes sur ce point : nous ne pouvons plus nous substituer à la CNSS ni faire des exceptions », affirme M. Hasbani.

Pour pouvoir bénéficier des facilités dans le prix des médicaments, il faudrait, selon le ministre de la Santé, « que le budget soit exact ». Il faudrait également « pouvoir prévoir la quantité de médicaments dont on a besoin sur l’année ». « Mais nous sommes en retard sur ce plan, sans oublier que nous devons de l’argent à ces compagnies, déplore-t-il. Pour assurer le médicament aux patients, nous sommes en train de l’acheter aux distributeurs des compagnies pharmaceutiques qui assument les dettes. »

Et M. Hasbani de conclure : « Actuellement, nous suivons une politique de rationnement pour réserver les médicaments aux cas les plus urgents, en attendant que le problème soit résolu par le Conseil des ministres durant cette période d’expédition des affaires courantes. Nous ne pouvons pas priver les patients des médicaments dont bénéficient toutes les souches de la société libanaise. L’État doit accorder la priorité à la santé et soutenir ce secteur. »



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commentaires (3)

Ce cher Monsieur Hasbani "appelle le gouvernement à assumer ses responsabilités "... mais...ne fait-il pas partie de ce gouvernement, en tant que ministre de la santé ("sortant" mais toujours en activité et participant à des réunions de commissions, comités etc.) ou est-il juste une sorte de porte-parole devant les médias...on aimerait bien comprendre !!! Irène Saïd

Irene Said

15 h 54, le 05 septembre 2018

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Commentaires (3)

  • Ce cher Monsieur Hasbani "appelle le gouvernement à assumer ses responsabilités "... mais...ne fait-il pas partie de ce gouvernement, en tant que ministre de la santé ("sortant" mais toujours en activité et participant à des réunions de commissions, comités etc.) ou est-il juste une sorte de porte-parole devant les médias...on aimerait bien comprendre !!! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 54, le 05 septembre 2018

  • EN ATTENDANT QUE LE PROBLEME SOIT RESOLU... LE PROBLEME DES DECHETS EN EXEMPLE. MAIS ICI C,EST LA SANTE POPULAIRE QUI EST EN JEU MESSIEURS LES ABRUTIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 05, le 05 septembre 2018

  • Une honte cuisante de plus à afficher au tableau des incapacités de notre gouvernement, ministres etc. ! Quelques questions: sur la photo on compte onze personnes réunies pour cette commission parlementaire...toutes touchant probablement un salaire... où prend-t-on l'argent pour les payer...et quels résultats depuis 2016...à la suite de ces innombrables réunions ? Rien de positif, mais une augmentation du déficit du budget accordé au ministère de la Santé. Et les malades qui auraient besoin de médicaments peuvent toujours attendre...ou s'en aller ver le paradis... Au fait, à quoi cela sert-il d'être "ministre de" si ses pouvoirs sont dilués dans l'avis d'innombrables commissions, comités...inutiles car improductives ? Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 10, le 05 septembre 2018

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