Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé lors d'un discours prononcé mercredi soir, au neuvième jour des célébrations religieuses de l'Achoura, qu'il était pour que le futur gouvernement respecte le principe de distanciation mais que les forces politiques ne devraient pas se "distancier des conflits, le sort du Liban étant décidé sur les scènes régionales".
Le leader chiite a critiqué les propos selon lesquels le Liban devrait être "isolé de ce qui se passe dans la région". "La distanciation est un sujet de conflit fondamental au Liban, mais ce qui se passe dans la région est déterminant pour le peuple Libanais, a-t-il assuré. Les forces politiques sont appelées à ne pas se distancier des conflits parce que le sort du Liban est décidé sur les scènes régionales". "Si Daech avait dominé la Syrie, quel aurait été le sort du Liban ?", a-t-il lancé.
"Depuis le début des événements en Syrie la majorité des forces politiques sont intervenues dans les affaires syriennes et elles continuent de le faire. Il n'est pas vrai que ces forces politiques se distancient du conflit. Nous sommes d'accord sur le fait que le gouvernement s'en distancie en raison de la division dans le pays", a affirmé le chef du Hezbollah.
Évoquant par ailleurs la question de la formation du gouvernement, Hassan Nasrallah a déclaré: "Tout le monde parle de la gravité de la situation au Liban, mais c'est l'obstruction qui est maître de la situation concernant la formation du gouvernement". Mettant en exergue la nécessité d'un nouveau cabinet, il a estimé que pour l'instant, "rien ne semble poindre à l'horizon". "Nul ne peut éliminer l'autre, alors pourquoi perdre le temps et crisper l'atmosphère", a-t-il dit en lançant un appel au calme.
Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, tente depuis bientôt quatre mois de former un nouveau gouvernement, mais il bute sur de nombreux obstacles, liés notamment aux revendications concernant le nombre de portefeuilles ministériels à attribuer aux différentes forces politiques.
"Je voudrais renouveler l'engagement que nous avons fait dans notre programme électoral, en particulier la lutte contre la corruption", a dit le secrétaire général du Hezbollah, en soulignant que son parti allait présenter plusieurs projets de lois en ce sens.
L'année de "la fin de Daech"
Par ailleurs, Hassan Nasrallah a affirmé penser "que cette année sera celle de la fin de Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) dans la région". "Au Liban, grâce au forces de sécurité, il semble que l'EI n'a plus de cellules au Liban. Il y a des loups solitaires et cela montre un recul dans la capacité de Daech au Liban. Mais le plus grave au sujet de l'EI c'est qu'ils (les jihadistes) se déplacent. Il faut les juger", a-t-il, accusant les Etats-Unis d'assurer le transport des jihadistes en Afghanistan, en Tunisie ou encore au Yémen.
Au sujet de la Syrie et notamment de l'accord relatif à la province d'Idleb annoncé par la Russie, alliée de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles, Hassan Nasrallah a affirmé que cet accord était "bon" et qu'il était "tributaire de ses résultats". "Avec l'accord d'Idleb, si tout se fait correctement, on peut supposer que la Syrie s'oriente vers un grand calme, et concrètement il n'y aura pas de lignes de front".
Quant à la présence des combattants du Hezbollah en Syrie, le leader chiite a affirmé que leur présence était "liée au besoin et à l'accord du leadership syrien". "Nous allons rester là-bas même après l'accord d'Idleb, et le calme à Idleb (...). Nous ne voulons pas nous imposer. Tant qu'on nous dit qu'on a besoin de nous, nous resterons", a-t-il assuré.
Abordant le dossier des réfugiés syriens, Hassan Nasrallah a accusé des parties de vouloir "faire peur aux réfugiés syriens" pour les empêcher de retourner dans leur pays. "Et on nous accuse de vouloir un changement démographique!", a-t-il dénoncé.
Les "fausses excuses" israéliennes
Concernant les raids menés par Israël en Syrie, Hassan Nasrallah a estimé que "les prétextes israéliens pour mener ces raids sont faux". "Plusieurs des attaques israéliennes en Syrie n'ont rien à voir avec le transport des armes au Hezbollah, a-t-il souligné. "L'Iran c'est un prétexte, le Hezbollah c'est un prétexte, la vraie cible c'est la Syrie. Israël oeuvre pour empêcher la Syrie d’acquérir des capacités balistiques qui lui permettent de réaliser un équilibre dissuasif".
"Les attaques israéliennes contre la Syrie sont liées à l'échec du projet américano-israélo-saoudien", a-t-il dit affirmant qu'il faut "arrêter ces attaques". "Nous devons en tant que Libanais réfléchir à la manière d’empêcher la violation par Israël de l’espace aérien libanais", a-t-il également dit.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche que son pays agissait "constamment" pour empêcher ses ennemis de se doter "d'armes sophistiquées", au lendemain d'une attaque contre l'aéroport de Damas attribuée par des sources du régime syrien à l'Etat hébreu. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a pour sa part plus spécifiquement mentionné le transfert d’armes sophistiquées au Hezbollah.
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La "guerre" contre le Hezbollah
Hassan Nasrallah a aussi dénoncé une pression et guerre "psychologique" qui s'exerce sur son parti. "Le Hezbollah fait l'objet de pressions. C'est plutôt une menace psychologique qu'une véritable menace, a-t-il accusé. Ceux qui conspirent contre notre région, comme Israël et les Etats-Unis et leurs alliés, ne reconnaîtront pas notre victoire. Ils ont échoué dans la guerre militaire contre nous, alors ils essaient de nous frapper de l'intérieur". "Ce qui est écrit sur les réseaux sociaux fait partie du plan de guerre contre le Hezbollah, a-t-il encore dit. Nous allons faire face à cette campagne (...) nous devons avoir confiance en nous, en notre résistance, en notre parti et en notre leadership".
Comme à son habitude, le chef du Hezbollah s'en est violemment pris aux Etats-Unis et à l'Arabie saoudite. "Comment peut-on dire que les Etats-Unis sont des amis ? des alliés ? s'est-il interrogé. Renforcer Israël (...) sert-il les intérêts des peuples de la région ? Les Etats-Unis le font tous les jours. Les Etats-Unis menacent les peuples de la région en imposant des sanctions. Est-il dans l'intérêt des peuples palestiniens et libanais que les USA annulent le droit au retour et l'aide à l'Unrwa et qu'ils poussent le peuple palestinien vers l'implantation au Liban?" a-t-il ajouté.
Hassan Nasrallah a aussi accusé les Etats-Unis et leurs alliés d'avoir créé l'EI. "Tous les alliés des Etats-Unis ont soutenu Daech, a-t-il affirmé. Les USA voulaient une excuse pour ramener leurs forces en Irak". Hassan Nasrallah a ensuite accusé l'Arabie saoudite d'avoir "initié la guerre du Yémen".
"Vous savez que les USA s’ingèrent dans vos affaires internes. Est-ce que quelqu'un de vous ose dénoncer cela ? Les véritable gouverneurs dans les pays arabes et islamiques sont les ambassadeurs des Etats-Unis", a-t-il lancé en s'adressant à la Ligue arabe.
Tout au long de son discours, Hassan Nasrallah n'a aucune fois abordé le dossier du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) alors que les équipes de défense ont commencé lundi la présentation de leurs plaidoiries finales devant le TSL aux Pays-Bas dans le cadre des déclarations de clôture. Le tribunal doit se prononcer sur le rôle de quatre hommes, tous membres présumés du Hezbollah, soupçonnés d'être à l'origine de la mort de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, tué dans un attentat à la bombe le 14 février 2005 à Beyrouth.
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Allah yirhamak ya chouchou! Au moins il nous faisait rire et surtout parlait logique...
17 h 31, le 20 septembre 2018