Une panne qui a touché le système informatique de l'Aéroport international de Beyrouth (AIB) a provoqué un encombrement monstre dans la nuit de jeudi à vendredi, les vols ayant été retardés avant que ce souci technique ne soit réglé à l'aube.
Une mauvaise manipulation serait à l’origine de ce "shut down". Selon le directeur général de l’AIB, Fady el-Hassan, et le directeur général de l’aviation civile, Mohammed Chehabbedine, contactés séparément par L’Orient-Le Jour, la société internationale de télécommunication aéronautique (SITA), qui gère l’ensemble des opérations de l’aéroport Rafic Hariri et de 70% des aéroports dans le monde, a visiblement changé de système informatique, dans la nuit de jeudi à vendredi, en pleine période d’affluence. "Lorsqu’ils ont remplacé l’ancien programme par le nouveau, ce dernier n’a pas démarré. Les techniciens de la SITA ont bien essayé de revenir à l’ancien système, mais ce dernier ne répondait plus, d’où le shut down", explique Fady el-Hassan, qui précise que "la direction de l’aéroport n’avait pas été informée de ce changement", et que "la panne a touché le réseau de communication entre la SITA, le Cloud et l’entreprise internationale Orange".
Même explication de Mohammed Chehabbedine qui assure "le chaos à l’aéroport a été provoqué par la panne", ajoutant que les représentants de l’aéroport ont demandé au représentant de la SITA au Liban, Ibrahim Saleh, lors d’une réunion sécuritaire d’urgence, "d’indemniser les compagnies aériennes, afin que ces dernières indemnisent les passagers lésés" et "de présenter un rapport détaillé de ce qui s’est exactement passé".
Le directeur de l'Inspection centrale, Georges Atieh, a de son côté convoqué à son bureau dans l'après-midi le directeur de l'AIB et le directeur général de l'aviation civile afin d'enquêter sur ce qui s'est passé. "La parquet s'est mobilisé afin de savoir si un acte criminel a causé la panne en question", a pour sa part annoncé le ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati.
Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a présidé pour sa part une réunion élargie à la Maison du Centre afin d'étudier la situation à l'aéroport. Étaient présents le ministre sortant des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos, et ses collègues des Finances, Ali Hassan Khalil, et de l'Intérieur, Nohad Machnouk, le chef des Forces de sécurité intérieure, le général Imad Osman, celui de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, le président du Conseil du développement et de la reconstruction, Nabil Jisr et le président du Conseil d'administration de la Middle East Airlines, Mohammad el-Hout. A l'issue de la réunion, le ministre Fenianos a indiqué "attendre un communiqué de la part de la société SITA". "Les responsabilités seront définies et les mesures nécessaires prises", a-t-il ajouté.
"Il faut que ces images soient diffusées sur CNN"
A l'AIB, la situation est revenue à la normale vendredi dans l'après-midi. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la direction de l'aviation civile avait publié un communiqué dans lequel elle expliquait qu'"à 23h, jeudi, une panne a touché la compagnie SITA, provoquant l'arrêt complet du processus d'enregistrement des bagages et une saturation des halls de départ de l'aéroport". La direction affirmait ensuite que des efforts étaient déployés pour réparer cette panne dans les plus brefs délais. La panne a été réglée à 4h30 vendredi matin. La direction de l'AIB a présenté ses excuses aux voyageurs.
La compagnie aérienne libanaise Middle East Airlines (MEA) a de son côté publié un communiqué dans lequel elle a annoncé que tous ses vols au départ de Beyrouth seront retardés. La MEA a expliqué que ces retards sont causés par "des événements échappant à notre contrôle". (Pour consulter en arabe la liste intégrale des horaires modifiés des vols de la MEA, cliquez ici).
Une vidéo postée sur les réseaux sociaux montrait des dizaines de voyageurs rassemblés dans le hall de l'aéroport devant les bureaux d'enregistrement des bagages. "Il faut que ces images soient diffusées sur CNN", lançait la personne qui vraisemblablement filme cette séquence.
Modernisé entre 1994 et 2002, l’AIB peut accueillir un maximum de 6 millions de passagers par an, un seuil qu’il dépasse systématiquement depuis 2013. La saturation de cette infrastructure a atteint un niveau critique en août 2017 suite à la conjonction entre le retour de vacances des expatriés libanais, les départs des vacanciers pendant les fêtes d’al-Adha et le couac lié à l’application des nouvelles taxes sur les billets d’avion que la direction de l’Aviation civile avait demandé aux compagnies aériennes de percevoir sur place, avant de se raviser.
Le trafic ne s’est pas allégé cette année, avec une hausse de 8 % du nombre de passagers à l’AIB à fin juillet, à plus de 4,8 millions, et des pics comparables à ceux enregistrés l’été dernier, notamment au moment du Hajj, marqué par les flux de pèlerins musulmans en direction de la Mecque.
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commentaires (7)
Ils utilisent probablement le même logiciel utilisé pour former le nouveau gouvernement... Peut être!!??
Wlek Sanferlou
23 h 51, le 07 septembre 2018