Les étés se suivent et se ressemblent à l’Aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth (AIB), congestionné cette année encore par un afflux de passagers trop important par rapport à ses capacités. Une situation qui a poussé le ministre sortant des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos, à « présenter ses excuses aux voyageurs » lors d’une conférence de presse hier au ministère, en se dédouanant de toute responsabilité.
« J’ai toujours mis en garde contre ce qui était attendu et nous voilà dans cette situation aujourd’hui », a déclaré M. Fenianos, rappelant qu’il avait souligné la nécessité d’augmenter en urgence la capacité de l’AIB, lors d’une précédente conférence de presse organisée il y a un an quasiment jour pour jour. « Le ministère et l’Aviation civile ne sont pas responsables de ce qui arrive aujourd’hui », a ajouté le ministre.
Modernisé entre 1994 et 2002, l’AIB peut accueillir un maximum de 6 millions de passagers par an, un seuil qu’il dépasse systématiquement depuis 2013. La saturation de cette infrastructure a atteint un niveau critique en août 2017 suite à la conjonction entre le retour de vacances des expatriés libanais, les départs des vacanciers pendant les fêtes d’al-Adha et le couac lié à l’application des nouvelles taxes sur les billets d’avion que la direction de l’Aviation civile avait demandé aux compagnies aériennes de percevoir sur place, avant de se raviser.
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Marchés publics
Le trafic ne s’est pas allégé cette année, avec une hausse de 8 % du nombre de passagers à l’AIB à fin juillet, à plus de 4,8 millions, et des pics comparables à ceux enregistrés l’été dernier, notamment au moment du Hajj, marqué par les flux de pèlerins musulmans en direction de la Mecque. Selon M. Fenianos, l’infrastructure a accueilli plus de 1,2 million de personnes en août entre départs, arrivées et transits et la limite annuelle de 6 millions a été en principe dépassée au bout de seulement huit mois.
Le ministre a également pointé du doigt la lenteur de l’exécution du projet d’extension de l’AIB initié par le gouvernement. Le plan directeur, financé par un don de près de 700 000 dollars de Middle East Airlines (MEA), de ce projet a été commandé en mars 2017 au cabinet d’ingénierie Dar el-Handasah. Un an plus tard, M. Fenianos annonçait que le gouvernement avait débloqué 18 millions de dollars pour une première phase de travaux devant porter la capacité totale à 8 millions de passagers par an, l’intégralité du plan devant à terme permettre à l’infrastructure d’en accueillir 20 millions chaque année. « L’aéroport a besoin de 100 millions de dollars (d’investissements), alors que le gouvernement (sortant) a approuvé un montant de 18 millions de dollars qui n’ont pas encore été dépensés », a regretté le ministre, sans expliquer en détail ce qui avait retardé le chantier.
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M. Fenianos s’est en outre exprimé sur le dossier de supposés marchés douteux concernant l’AIB et portant sur l’acquisition d’équipements d’inspection et autres dispositifs de sécurité pour les bagages, les personnes et les marchandises qui transitent par l’AIB. Le gouvernement avait annoncé sa décision de commander ces équipements en juin 2017. Selon une source proche du dossier, des irrégularités ont été relevées dans la façon dont ont été attribuées une partie des cinq marchés publics d’une valeur cumulée de 59 milliards de livres (près de 40 millions de dollars) lancés dans ce cadre. D’après elle, les irrégularités concerneraient principalement la compétence de la commission ministérielle formée pour établir le cahier des charges et le fait que certains contrats ont été conclus de gré à gré par le gouvernement.
Lundi, le ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, a transmis une note au procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, pour lui enjoindre d’ouvrir une procédure suite à une plainte récemment déposée pour dénoncer les irrégularités supposées dans l’attribution de ces marchés. Lors de la conférence de presse, M. Fenianos a pour sa part indiqué qu’il avait refusé de signer un accord de gré à gré avec les sociétés impliquées.
Le ministre a enfin indiqué que l’État devait « plus de 80 millions de dollars » à la société Middle East Aircraft Services SAL (MEAS), filiale de la MEA, chargée de la maintenance de l’AIB depuis sa création en 1998 sans fournir le détail de cette créance ni la période concernée. La somme a été « couverte » par la compagnie aérienne nationale. Le siège de MEAS n’était pas joignable hier pour confirmer cette information.
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commentaires (6)
Avant de réclamer des millions, on peut peut être commencer à nettoyer les moquettes des salles d'attentes... mettre des bus comme tous les aéroports et ne pas amener les passagers avec des bus datant de Mathusalem, où il faut grimper 4 marches, avec des rideaux déchirés.... une honte pour un pays qui veut des touristes.. Il peut aussi demander à ceux qui annoncent les vols de ne pas "gueuler" dans le micro.. les gens ne sont pas sourds... quant aux toilettes... bonjour la propreté... en fait, cet aéroport, a t'il un directeur...
HIJAZI ABDULRAHIM
19 h 41, le 31 août 2018