Moscou connaît désormais parfaitement la chanson. Pour engranger de nouvelles victoires sur le terrain syrien, il lui faut d’abord s’activer en coulisses pour s’assurer qu’aucun acteur ne sera susceptible d’entraver ses plans. Avant la bataille d’Alep en 2016, l’ours russe avait passé un accord avec la Turquie, considérée comme le principal parrain des rebelles, pour qu’elle abandonne les insurgés, en contrepartie de quoi la Russie avait donné son feu vert à une intervention turque contre les Kurdes du PYD (Parti de l’union démocratique, branche syrienne du PKK) dans le Nord syrien. Dans une même logique, la reprise de la province de Deraa par les forces du régime a été précédée par des négociations entre Moscou, Tel-Aviv et Washington. Face aux préoccupations américano-israéliennes, la Russie a offert un retrait iranien du Sud syrien contre un retour de la région dans le giron du régime. Lâchés par leurs alliés et sous le feu des bombes russes, les rebelles ont à chaque fois perdu la bataille avant même que celle-ci ne débute.
Idleb ne devrait pas faire exception à la règle. Le lancement de la grande offensive est tributaire d’une entente russo-turque sur le sort de la région. Ce sera le principal enjeu de la réunion de demain à Téhéran entre Vladimir Poutine, Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdogan. Les deux premiers vont chercher à trouver un compromis avec le troisième, le seul acteur actuellement en situation de compliquer la bataille.
Pour Téhéran et Moscou, la bataille d’Idleb est l’occasion rêvée de porter un coup fatal à la rébellion en récupérant son dernier grand fief, qui se situe aux portes de la Turquie et en plein dans l’axe Damas-Alep. Mais avec presque 3 millions d’habitants parmi lesquels des dizaines de milliers de combattants affiliés à différents groupes armés, reprendre Idleb est loin d’être une mince affaire. D’autant que les rebelles, qui n’ont pas un « autre Idleb » vers lequel se retrancher en cas d’accord d’évacuation, devraient cette fois-ci essayer de résister jusqu’au bout.
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Lignes rouges
Ankara est en première ligne face à cette offensive. La Turquie craint un nouvel afflux de réfugiés, alors que l’ONU estime que jusqu’à 800 000 personnes pourraient être déplacées par une possible bataille. Présente dans la région, l’armée turque cherche également à endiguer l’expansion du groupe jihadiste Hay’at tahrir al-Cham (HTC), autrefois nommé Front al-Nosra, qui a toutefois rompu ses relations avec la maison mère el-Qaëda. Ankara cherche à coaliser les autres formations rebelles contre HTC et à limiter l’offensive du régime à la lutte contre le groupe jihadiste, qui serait ainsi acculé des deux côtés. Mais cette distinction théorique se heurte à une réalité plus complexe où les groupes rebelles ne veulent pas apparaître comme les fantassins du régime, notamment auprès des populations locales.
Idleb est la principale carte de la Turquie pour jouer un rôle important autour de la table des négociations sur la Syrie. Mais Ankara se retrouve confronté à l’ambiguïté de sa position dans le conflit : son partenariat avec Moscou et Téhéran, d’une part, et son statut de parrain de la rébellion, de l’autre. Isolée, en raison de ses relations tendues avec les États-Unis et avec l’Union européenne, la Turquie a une marge de manœuvre limitée et se voit naturellement attirée dans les bras de Moscou.
(Lire aussi : Idleb : les Occidentaux ne sont pas au cœur du jeu)
La Russie veut préserver son allié turc, qu’elle considère comme indispensable au processus de réhabilitation du régime syrien, et l’éloigner du giron occidental.
Les Occidentaux, justement, devraient une nouvelle fois se contenter de condamnations orales, sans pouvoir influer sur le sort de la bataille. La forte composante jihadiste au sein des forces de la rébellion, notamment des jihadistes occidentaux, rend leur position plus facile à défendre devant leurs opinions publiques. Ils pourraient toutefois intervenir si leurs lignes rouges, en particulier l’utilisation d’armes chimiques, étaient franchies. Le couple américano-israélien devrait en outre être particulièrement attentif au degré de participation des forces iraniennes à la bataille. En résumé, l’issue de la bataille se trouve une nouvelle fois entre les mains des puissances extérieures.
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Ce qui est etonnant dans cette histoire..c que 3 ordures de la pire espece sont entrain de negocier les quelques benefices que chacun peut tirer d'une bataille...sans aucune consideration pour les TROIS MILLIONS d'hommes femmes enfants.....il y a de quoi etre degouter et vomir l'humain...
15 h 18, le 06 septembre 2018