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Moyen Orient et Monde - Offensive

Idleb : les Occidentaux ne sont pas au cœur du jeu

Influence très limitée des Américains et Européens sur l’issue de la bataille contre la province rebelle.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a mis en garde hier contre une offensive à Idleb. Mahmoud Khaled/AFP

L’impuissance occidentale dans le dossier d’Idleb est un fait. Les déclarations et les appels à éviter une catastrophe humanitaire se multiplient en provenance des capitales occidentales, mais au final ce sont les pourparlers en cours entre Russes et Iraniens, alliés au régime de Bachar el-Assad, et Turcs, parrains de certaines factions rebelles, qui devraient déterminer l’issue de ce dossier. C’est d’ailleurs à ces trois-là, c’est-à-dire les forces présentes sur le terrain, que les Occidentaux s’adressent.

« Le président syrien Bachar el-Assad ne doit pas s’attaquer imprudemment à la province d’Idleb. Les Russes et Iraniens feraient une grave erreur humanitaire en prenant part à cette tragédie humaine potentielle. Des centaines de milliers de personnes pourraient être tuées. Ne laissez pas cela arriver ! » a tweeté lundi soir le président américain Donald Trump. De leur côté, l’envoyé spécial ainsi que le représentant spécial des États-Unis pour la Syrie, Joel Rayburn et James Jeffrey, se sont rendus hier à Ankara. En tournée dans la région, les deux hommes doivent réitérer « la position américaine sur le fait qu’une offensive militaire à Idleb provoquerait une escalade de la crise en Syrie et dans la région », selon un communiqué publié par le département d’État. Hier, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a mis en garde, à son tour, contre une offensive à Idleb. Interrogé par l’AFP, il a préconisé une solution en deux temps : d’abord un cessez-le-feu, puis un processus qui écarterait les risques aujourd’hui présents à Idleb. M. Le Drian a aussi déclaré que « le régime et ceux qui le soutiennent ont le sentiment d’avoir gagné la guerre, mais on ne gagne jamais la guerre si on ne sait pas gagner la paix ». Le Quai d’Orsay a en outre exprimé hier dans un communiqué « sa préoccupation au sujet d’une possible offensive d’envergure du régime syrien et de ses alliés », qui « entraînerait des conséquences désastreuses » et « engendrerait une nouvelle catastrophe humanitaire et migratoire majeure ». Le communiqué s’adresse aussi à la Russie et la Turquie, afin qu’elles préservent « la désescalade de la violence dont elles se sont portées garantes dans cette région », en référence aux quatre zones de désescalade créées en 2017 à travers le processus d’Astana, et dont Idleb est la dernière en place. La chancelière allemande Angela Merkel avait, quant à elle, déjà fait part de ses préoccupations concernant la situation à Idleb lors d’une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, il y a quelques semaines.


(Lire aussi : Idleb sous les bombardements russes, l'ONU craint un "bain de sang")


Mais faute d’actes, les appels des Occidentaux restent des vœux pieux. « Depuis l’intervention militaire russe encouragée par l’inaction et les hésitations occidentales suite au massacre chimique de la Ghouta (2013), les Occidentaux ne sont plus au cœur du jeu », explique Ziad Majed, politologue et spécialiste de la Syrie, interrogé par L’Orient-Le Jour, qui ajoute que les puissances occidentales « se trouvent surtout dans la réaction à l’action russo-iranienne », même s’ils ont néanmoins « toujours des moyens de faire pression sur les Russes à travers des sanctions ou en montrant qu’il n’y aura jamais de normalisation avec le régime ». Face aux déclarations des puissances occidentales, les Russes ont réagi en paroles et en actes. Hier, alors que l’aviation russe bombardait la province d’Idleb pour la première fois depuis 22 jours, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé lors d’une conférence de presse que « lancer des avertissements sans tenir compte du potentiel négatif et dangereux pour la situation dans toute la Syrie signifie ne pas faire preuve d’une approche complète et exhaustive » pour le règlement du problème. Il a expliqué que « la situation à Idleb continue de rester un objet de préoccupation particulière pour Moscou, Damas, Ankara et Téhéran », qu’un « nouveau nœud du terrorisme s’y est formé » et que « les forces armées syriennes s’apprêtent à régler ce problème ». Lundi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, s’est rendu à Damas où il a rencontré M. Assad. S’adressant à des journalistes, M. Zarif a affirmé que « l’Iran va poursuivre son rôle de conseiller et son aide pour la prochaine campagne d’Idleb ». Sur le terrain, ce n’est pas moins de trois millions de personnes qui vivent désormais dans la province d’Idleb, qui a accueilli ces dernières années civils et combattants rebelles fuyant les régions reconquises par le régime d’Assad. Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, une offensive pourrait faire 800 000 nouveaux déplacés. La Turquie mais aussi l’Union européenne, qui fait face à une montée des nationalismes et qui doit tenir ses prochaines élections en mai, sont soucieuses de ne pas avoir à accueillir les réfugiés que créerait une offensive. Sur ce point, l’intérêt turc pourrait couvrir celui de l’UE. « Ils craignent une nouvelle crise humanitaire et plus de réfugiés en Turquie », qui pourrait plus tard mettre de nouveau la pression sur les Européens, rappelle M. Majed.

Entre communiqués, déclarations et appels, les puissances occidentales ne disposent pas vraiment de leviers sur le terrain pour influer sur l’issue du dossier d’Idleb, mis à part la capacité à mener des frappes chirurgicales contre des cibles syriennes en cas d’attaque chimique, telles que celles d’avril dernier. Dans un communiqué conjoint le 21 août dernier, Paris, Londres et Washington ont affirmé : « Comme nous l’avons démontré, nous répondrons de manière appropriée à toute autre utilisation d’armes chimiques par le régime. » Les Américains ont réitéré leur menace hier.




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LES OCCIDENTAUX ONT PERDU LE JEU DES LE DEBUT EN SE LAISSANT ENTRAINER DANS UNE CONNIVENCE AMERICANO/RUSSE DONT ILS IGNORENT ENCORE LES BUTS !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 30, le 05 septembre 2018

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Commentaires (1)

  • LES OCCIDENTAUX ONT PERDU LE JEU DES LE DEBUT EN SE LAISSANT ENTRAINER DANS UNE CONNIVENCE AMERICANO/RUSSE DONT ILS IGNORENT ENCORE LES BUTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 30, le 05 septembre 2018

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