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Moyen Orient et Monde - Syrie

Damas déterminé à « libérer tout le territoire syrien, quels que soient les sacrifices »

Pourparlers de la dernière chance pour éviter une offensive contre Idleb.

Un combattant rebelle est embusqué derrière une barricade à Idleb, alors qu’une offensive du régime syrien, qui est déterminé à « libérer tout le territoire », paraît imminente contre la province. Zein al-Rifaï/AFP

Hier, le régime syrien et son allié russe ont réitéré leur détermination à en finir avec les jihadistes et les rebelles dans la province d’Idleb. En visite à Moscou, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, a rappelé la volonté de Damas à « libérer tout le territoire syrien », malgré la menace d’une « agression » occidentale menée par Washington et ses alliés. « Quoi qu’ils fassent, la décision du commandement syrien, c’est la lutte contre le Front al-Nosra à Idleb, quels que soient les sacrifices », a martelé le ministre syrien, utilisant l’ancien nom de Hay’at Tahrir al-Cham, groupe jihadiste qui contrôle une grande partie de la province. Un avis partagé par son homologue russe, Sergueï Lavrov. « Il reste encore la tâche de liquider les foyers restants du terrorisme, avant tout, dans la zone de désescalade d’Idleb », a martelé ce dernier.

Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont récemment averti le président syrien, Bachar el-Assad, qu’ils ne laisseraient pas impunie toute utilisation d’armes chimiques par le régime en cas d’offensive à Idleb. À ce sujet, M. Moallem a réaffirmé que son pays ne possédait pas d’arsenal chimique et n’avait, de toute façon, nul besoin de tels armements. Les Russes, eux, ont accusé les Occidentaux de « réchauffer activement » le thème d’une « soi-disant attaque chimique » qui sera imputée au régime.

Depuis des semaines, le régime amasse des renforts aux abords d’Idleb, province frontalière de la Turquie, avant la probable offensive qui s’annonce comme l’ultime bataille d’envergure dans le conflit qui déchire la Syrie depuis 2011. Idleb est le dernier grand fief insurgé où ont été envoyés des milliers de rebelles et de jihadistes, à mesure que le régime syrien, aidé par la Russie, l’Iran et le Hezbollah, reprenait près des deux tiers du territoire. Damas a déjà repris des villages à la périphérie sud-est d’Idleb, à la faveur d’une opération menée fin 2017. Des troupes turques sont aussi stationnées dans la zone et la Turquie, parrain de certains groupes rebelles, ne veut pas d’assaut, de crainte d’un nouvel afflux de réfugiés vers sa frontière.

Ainsi, depuis plusieurs jours, des pourparlers de la dernière chance sont en cours pour tenter d’éviter un assaut du régime sur Idleb. La Russie « exige une dissolution de Hay’at Tahrir al-Cham pour éviter une offensive d’envergure » à Idleb, a affirmé hier Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Des discussions indirectes sont en cours entre la Turquie et Hay’at Tahrir al-Cham », a-t-il ajouté, précisant que le lancement d’une offensive dépendrait « de l’échec ou du succès des pourparlers ». Aucune confirmation de ces discussions n’a pu être obtenue de source turque ou indépendante.

Mais l’influence de la Turquie sur Hay’at Tahrir al-Cham est limitée. « Les rapports de la Turquie avec Hay’at Tahrir al-Cham sont compliqués », indique Elizabeth Teoman, analyste à l’Institute for Study of War (ISW), en évoquant une forme de « coopération » marquée par de « l’animosité ». Et, dans de récentes déclarations publiques, Hay’at Tahrir al-Cham avait réfuté toute dissolution, mais laissé la porte ouverte à une solution négociée. « Une dissolution de Hay’at Tahrir al-Cham, si elle devait se produire, est une affaire interne qui doit être discutée par le Conseil consultatif du groupe et non dictée par des parties locales ou étrangères », a affirmé le groupe, en disant qu’il tentait de « trouver une solution » qui protégerait les habitants d’Idleb.

Catastrophe humanitaire

Dans ce contexte, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a reçu le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, pour parler entre autres de la Syrie, alors que le sort d’Idleb inquiète l’ONU et les Occidentaux également. Une offensive contre Idleb pourrait faire jusqu’à 800 000 déplacés parmi les civils, qui vivent déjà dans des conditions précaires, a averti l’ONU. Et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre « les risques croissants d’une catastrophe humanitaire ». La province d’Idleb et les zones insurgées adjacentes accueillent quelque trois millions de personnes, dont la moitié sont des déplacés ayant fui les combats ailleurs en Syrie, où la guerre complexe aux multiples acteurs locaux, régionaux et internationaux, a fait plus de 350 000 morts en plus de sept ans.

Hier, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a proposé d’aller à Idleb pour garantir la mise en place d’un « couloir humanitaire » afin d’évacuer la population civile. « Je suis prêt à m’engager, personnellement et physiquement (...), à assurer un couloir humanitaire (...) pour permettre à la population civile d’évacuer vers une zone plus sûre », a-t-il affirmé. M. de Mistura a, en outre, estimé à « environ 10 000 hommes, plus leurs familles », le nombre de combattants jihadistes « qui, personne n’en doute, sont des terroristes (...) qu’il faut vaincre ». Mais il a mis en garde contre le lourd tribut que risque de payer la population civile : « Il ne peut y avoir aucune justification à utiliser des armes lourdes dans des zones densément peuplées, même pour combattre à juste titre des terroristes. Il existe des moyens de sauver des gens, mais nous avons besoin du gouvernement (...) pour permettre un couloir humanitaire crédible. » M. de Mistura a toutefois précisé qu’il n’avait pas encore fait la demande à Damas.

Manœuvres militaires russes

Entre-temps, la Turquie a renforcé ses 12 postes d’observation dans la province d’Idleb, alors que la Russie a consolidé sa présence militaire au large de la Syrie, disposant désormais du plus gros contingent naval depuis le début du conflit.

Et, hier, le ministère russe de la Défense a annoncé que plus de 25 navires et une trentaine d’avions vont participer à des exercices militaires en Méditerranée, du 1er au 8 septembre. Les navires de guerre viendront des flottes de la mer du Nord, de la Baltique, de la mer Noire et de la mer Caspienne, a précisé le ministère. Des bombardiers, des chasseurs et des avions de transport participeront aux opérations. Elles comprendront des exercices de défense antiaérienne, antisubmersibles et antimines, a encore précisé le ministère russe de la Défense. « Dans le but d’assurer la sécurité de la navigation maritime et aérienne, et dans le respect du droit international, les zones où se dérouleront les manœuvres seront déclarées dangereuses pour les navires et les avions », a-t-il ajouté. Le Kremlin, lui, a justifié ces manœuvres par la situation dans la province d’Idleb.

Enfin, hier aussi, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a déclaré que l’État hébreu ne serait pas lié par les éventuels accords internationaux qui seraient signés sur l’avenir de la Syrie. « Nous voyons se tenir différentes réunions en différents endroits : à Ankara, à Téhéran, à Genève, ailleurs ; on parle de redessiner la carte de la Syrie après la bataille d’Idleb. Avec tout le respect et la reconnaissance possibles pour de tels accords, ils ne nous engagent pas. La seule chose qui nous engage, ce sont les intérêts sécuritaires d’Israël », a-t-il affirmé.

Sources : agences

Hier, le régime syrien et son allié russe ont réitéré leur détermination à en finir avec les jihadistes et les rebelles dans la province d’Idleb. En visite à Moscou, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, a rappelé la volonté de Damas à « libérer tout le territoire syrien », malgré la menace d’une « agression » occidentale menée par...

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