Le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, a affirmé vendredi qu'il préférait "coopérer avec le président russe, Vladimir Poutine, plutôt qu'avec le régime de Bachar el-Assad", lorsque la guerre sera terminée en Syrie, indiquant par ailleurs que les différends politiques qui l'opposent au Hezbollah "n'empêchent pas le pays de fonctionner".
Évoquant la situation en Syrie et la reprise de la majorité du territoire par les forces du président syrien et de ses alliés russes, Saad Hariri a estimé, lors d'une interview sur la chaîne EuroNews, que la fin de la guerre en Syrie "ne changera rien pour le Liban". "La Russie aura prouvé son point de vue et contrôlera la Syrie... Nous travaillerons donc avec les Russes", a-t-il déclaré, soulignant avoir "une très bonne relation avec Vladimir Poutine". Dans ce contexte, il a affirmé qu'il "préfère coopérer avec le président Poutine plutôt qu'avec le régime syrien".
Saad Hariri s'oppose à toute normalisation des relations avec le régime Assad, alors que de nombreux responsables libanais appellent à un retour des relations avec la Syrie, et notamment à l'ouverture des frontières libano-syriennes, afin de permettre l'exportation des produits libanais vers les pays du Golfe.
Après sept ans de conflit, le régime syrien est parvenu, avec l'aide militaire de son allié russe, à reprendre le contrôle d'une majorité de son territoire, à l'exception de la province d'Idleb (nord-ouest). Cette région, située le long de la frontière turque, a été la cible mi-août de raids aériens et de tirs d'artillerie qui pourraient préfigurer une offensive militaire de grande ampleur de l'armée syrienne et de ses alliés.
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"Choquer le système"
Interrogé sur ses relations avec le Hezbollah, M. Hariri a répondu : "Nous avons nos divergences politiques. Le Hezbollah le sait et moi aussi. Ils n'accepteront jamais ma politique vis-à-vis des pays du Golfe et je n'accepterai jamais la leur concernant l'Iran". Il a toutefois assuré que "cela n'empêche pas le pays de fonctionner".
Concernant sa démission temporaire, annoncée en novembre dernier de Riyad, et sur laquelle il était revenu après plusieurs semaines, M. Hariri a affirmé qu'il avait décidé de démissionner pour "choquer le système". "Je voyais que le gouvernement partait dans une mauvaise direction, les gens prenaient partie et nous ne parvenions plus à gouverner", a-t-il indiqué. Dans son discours de démission, Saad Hariri avait accusé le Hezbollah et son allié iranien de "mainmise" sur le Liban. Le Premier ministre avait ensuite accepté de revenir sur sa décision après l'adoption par le gouvernement d'une déclaration engageant le Liban envers les principes de la distanciation du Liban par rapport aux conflits qui se déroulent dans la région et de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes.
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commentaires (7)
Il compte sur la reconstruction de la Syrie et pour le moment c'est les Russes et les Chinois qui peuvent donner un coup de pouce a ses societes qui dépérissent. C'est la poche qui passe avant tout.
aliosha
11 h 42, le 01 septembre 2018