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À La Une - conflit

Macron : Le maintien d'Assad en Syrie serait une "erreur funeste"

"L'Europe ne peut plus remettre sa sécurité aux seuls Etats-Unis. C'est à nous aujourd'hui de prendre nos responsabilités et de garantir la sécurité et donc la souveraineté européenne", a lancé le président français.

Le président français, Emmanuel Macron, lors d'un discours aux ambassadeurs de France réunis à l'Elysée, à Paris, le 27 août 2018. AFP / POOL / PHILIPPE WOJAZER

Le président français Emmanuel Macron a jugé lundi "alarmante" la situation en Syrie où le régime menace de créer, par une nouvelle offensive militaire d'ampleur, "une nouvelle tragédie humanitaire" dans la région d'Idleb, ultime refuge des groupes rebelles et de jihadistes. A l'heure où le conflit syrien approche de "l'heure de vérité", le chef de l'Etat français a également mis en garde contre tout statu quo politique, estimant que le maintien du président Bachar el-Assad au pouvoir serait "une erreur funeste". Il a fait ces déclarations au cours de son discours annuel face aux ambassadeurs de France réunis à l'Elysée.

Le guerre syrienne, commencée sous la forme d'une contestation pacifique, s'est transformée sous l'effet de sa répression par le régime en rébellion armée, rejointe par des groupes jihadistes. Elle a fait plus de 300.000 morts et poussé 5,6 millions de Syriens à se réfugier dans les pays voisins et en Europe. Après sept ans de conflit, le régime syrien est parvenu, avec l'aide militaire de son allié russe, à reprendre le contrôle d'une majorité de son territoire, à l'exception de la province d'Idleb (nord-ouest). Cette région, située le long de la frontière turque, a été la cible mi-août de raids aériens et de tirs d'artillerie qui pourraient préfigurer une offensive militaire de grande ampleur de l'armée syrienne et de ses alliés.



"Ne nous y trompons pas, nous sommes sur ce sujet à l'heure de vérité, nous abordons sans doute les derniers mois du conflit avec un défi humanitaire essentiel", a déclaré Emmanuel Macron. "La situation est aujourd'hui alarmante car le régime menace de créer une nouvelle tragédie humanitaire dans la région d'Idleb et ne montre jusqu'à présent aucune volonté de négocier la moindre transition politique", a-t-il ajouté. "Cela implique de renforcer encore la pression sur le régime et ses alliés", notamment la Russie et de la Turquie "compte tenu de leurs rôles".


(Lire aussi : Damas et Téhéran signent un accord de coopération militaire)


"Erreur funeste"
Alliée indéfectible du régime de Bachar el-Assad, la Russie pousse depuis plusieurs semaines en faveur d'un retour des réfugiés syriens dans leur pays, une question qui suscite l'inquiétude de l'ONU sur des "retours forcés ou subis."

"Nous voyons bien ceux qui voudraient une fois la guerre contre Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) achevée faciliter ce que d'aucuns appellent un retour à la normale, Bachar el-Assad resterait au pouvoir, les réfugiés de Jordanie, du Liban, de Turquie retourneraient chez eux et l'Europe et quelques autres reconstruiraient (la Syrie)", a-t-il poursuivi.
"Si je considère que notre premier ennemi est Daech que je n'ai jamais fait de la destitution de Bachar el-Assad une condition à notre action diplomatique ou humanitaire, je pense qu'un tel scénario serait une erreur funeste", a estimé le chef de l'Etat. "Qui a provoqué ces millions de réfugiés ? Qui a massacré son propre peuple ? Il n'appartient pas à la France de désigner les futurs dirigeants de la Syrie (...) mais c'est notre devoir et notre intérêt de nous assurer que le peuple syrien sera bien en situation de le faire", a-t-il ajouté.

Les lignes de la France sur le conflit syrien "sont claires" : la lutte contre l'Etat islamique et contre les "groupes terroristes", le soutien aux populations civiles et la promotion d'une feuille de route inclusive en lien avec les Nations unies. L'ancien ambassadeur de France en Iran, François Sénémaud, nommé en juin représentant personnel d'Emmanuel Macron pour la Syrie, sera notamment chargé de faire avancer ces dossiers, a précisé le chef de l'Etat.


(Lire aussi : Moscou accuse les rebelles de vouloir utiliser des armes chimiques à Idleb)



Dialogue avec la Russie
Par ailleurs, le président français a annoncé lundi qu'il présenterait "dans les prochains mois" un projet de renforcement de la sécurité en Europe, estimant qu'elle ne peut plus reposer uniquement sur les Etats-Unis. "L'Europe ne peut plus remettre sa sécurité aux seuls Etats-Unis. C'est à nous aujourd'hui de prendre nos responsabilités et de garantir la sécurité et donc la souveraineté européenne", a-t-il déclaré. "Nous devons tirer toutes les conséquences de la fin de la guerre froide", a-t-il ajouté, précisant souhaiter le lancement d'une "réflexion exhaustive sur ces sujets avec l'ensemble de nos partenaires européens et donc avec la Russie". Selon lui, des "progrès substantiels vers la résolution de la crise ukrainienne, tout comme le respect du cadre de l'OSCE" (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), "seront, bien entendu, des conditions préalables à des avancées réelles avec Moscou". "Mais cela ne doit pas nous empêcher de travailler dès maintenant entre Européens et je compte sur vous pour cela", a-t-il dit.

Sur la question de l'Iran, Emmanuel Macron a réaffirmé son attachement à l'accord conclu en 2015 sur le programme nucléaire iranien - dont les Etats-Unis ont annoncé leur retrait, précisant s'être entretenu dans la matinée avec son homologue iranien Hassan Rohani.
La "France a proposé le chemin d'une négociation élargie avec l'Iran (...), cette approche progresse aujourd'hui, c'est une boussole que de nouveaux partenaires suivent et nous ferons tout pour qu'elle contribue à éviter une grave crise dans les mois qui viennent", a-t-il dit. "Un important effort diplomatique sera le moment venu nécessaire pour établir un nouveau cap, notre action étroitement coordonnée en particulier avec le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Union européenne, consiste aujourd'hui à préserver ce que l'accord de 2015 avait permis et à le consolider par l'ouverture de nouvelles négociations." "La France saura prendre ses responsabilités sur le sujet iranien sans complaisance mais en maintenant un dialogue étroit avec nos partenaires, parmi lesquels les Etats-Unis", a-t-il conclu.

M. Macron a aussi indiqué qu'il annoncerait, dans "les prochaines semaines", des "initiatives concrètes" pour favoriser "la stabilité" du Moyen-Orient, "qui ne peut se construire que dans le pluralisme". Il a annoncé qu'il se rendrait au Caire "dans les prochains mois", lorsque l'Egypte prendra la présidence de l'Union africaine.

Enfin, quelques semaines après la prise de distance du président du Conseil italien Giuseppe Conte sur l'organisation des élections en Libye d'ici la fin de l'année, le chef de l'Etat français a réaffirmé la volonté de la France de "faire cheminer" l'accord de Paris qui actait la tenue d'élections le 10 décembre.




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Le président français Emmanuel Macron a jugé lundi "alarmante" la situation en Syrie où le régime menace de créer, par une nouvelle offensive militaire d'ampleur, "une nouvelle tragédie humanitaire" dans la région d'Idleb, ultime refuge des groupes rebelles et de jihadistes. A l'heure où le conflit syrien approche de "l'heure de vérité", le chef de l'Etat français a également mis en...

commentaires (7)

"funeste" très bon choix de mots...aussi très indicatif.

Wlek Sanferlou

13 h 58, le 28 août 2018

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • "funeste" très bon choix de mots...aussi très indicatif.

    Wlek Sanferlou

    13 h 58, le 28 août 2018

  • Alors la question est: comment destituer le tyran Bachar El-Assad ? Quelqu'un aurait-il la réponse?

    Dounia Mansour Abdelnour

    10 h 23, le 28 août 2018

  • Beaucoup de positions qui risquent de demeurer des vœux pieux Sur la Syrie. Position Morale Indiscutable...mais quid de la réalité des Forces en Présence sur le terrai? Et qui en France et en Europe serait prêt à déployer des Moyens Militaires substantiels en Syrie pour arriver à "protéger des démocrates qui devraient faire sortir du chaos une Constitution viable" et la faire appliquer? Et que pensent ces "nouveaux syriens" d'une telle solution qui "inévitablement leur serait imposée" et d'abord qui sont ils? Ou sont ils? combien d'entre eux seraient prêts a quitter les "cocons de sécurité ou ils se sont réfugiés"? Beaucoup de questions apparement sans réponse J'ai toujours reve d'un "mandat sur la Syrie d'un groupe de Grands bénévoles " qui , sous le contrôle de l'ONU élèverait, ex nihilo, une Démocratie Syrienne, comme on élève un adolescent . Refuge utopique d'un neutre

    Chammas frederico

    00 h 41, le 28 août 2018

  • Comment peut on laisser NÉRON à la tête d’un empire ?!? Et dire que même Israël que les moumana3iste accusent de vouloir déboulonner Assad s’accomode De son maintient c’est le comble du comble

    Bery tus

    23 h 12, le 27 août 2018

  • UNE TRAGEDIE PLUTOT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 02, le 27 août 2018

  • Il faut que Mr. Macron dise à l'Iran de ne plus se mêler des affaires du Liban

    Eleni Caridopoulou

    18 h 36, le 27 août 2018

  • Les Libanais refusent de devenir étrangers dans leur propre pays.

    Un Libanais

    18 h 21, le 27 août 2018

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