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Liban - crise

Réfugiés syriens : possible demande de clarification du palais Bustros à la France

Paris avait jugé prématuré et « illusoire » un retour des réfugiés syriens dans leur pays, compte tenu des conditions actuelles.

Le mois dernier, Moscou avait lancé une initiative pour le retour des réfugiés installés au Liban et en Jordanie. George Ourfalian/Photo d’illustration AFP

Le Liban va demander à la France de clarifier sa position concernant le retour des réfugiés syriens dans leur pays, a affirmé hier une source du ministère des Affaires étrangères à la chaîne LBCI. Une information confirmée plus tard dans la journée à L’Orient-Le Jour par un proche du ministre sortant des AE, Gebran Bassil.

Selon la source précitée, le Liban ne considère pas toutefois que les propos tenus par Paris jeudi sur la difficulté d’un retour des réfugiés soient dirigés contre l’initiative russe ou contre la rencontre entre M. Bassil et son homologue russe Sergueï Lavrov, il y a quelques jours.

Jeudi, la France avait jugé prématuré et « illusoire » un retour des réfugiés syriens dans leur pays, compte tenu des conditions actuelles, notamment d’une possible offensive militaire du régime de Bachar el-Assad à Idleb, qui ne permettent pas selon Paris de garantir un retour « volontaire, sûr et digne ».

Interrogé par L’Orient-Le Jour, le député du Chouf Mario Aoun (Courant patriotique libre) s’est dit « peu surpris » par la réaction du ministère des AE face aux propos tenus par la France. « Gebran Bassil a dit en Russie que la question du retour des réfugiés ne devait pas être liée à une solution politique en Syrie (…) Tous les rapports disent que la situation en Syrie s’est normalisée. Il reste Idleb, et si la province tombe, je pense que la guerre sera terminée. Il y aura ensuite des discussions pour arriver à une solution politique », a déclaré M. Aoun.

Le mois dernier, Moscou avait lancé une initiative pour le retour des réfugiés installés au Liban et en Jordanie. Fin juillet, une délégation présidée par l’émissaire russe pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev, avait présenté le plan de Moscou aux plus hauts représentants de l’État libanais, réunis au palais présidentiel de Baabda, dans le cadre de l’initiative présentée par la Russie à l’issue du sommet avec les États-Unis à Helsinki.

« Les Européens n’ont pas intérêt à ce que le retour se fasse rapidement. Ils pensent que lors de la prochaine présidentielle syrienne, les citoyens présents en Syrie seront soumis à des pressions, alors qu’au Liban, ils seront libres de leur vote, a souligné le député du CPL. Les Français continuent de croire qu’Assad sera évincé malgré tous ses efforts et l’appui qu’il a reçu. Je doute fort que cela puisse arriver et je pense qu’ils vont devoir discuter avec le régime », a-t-il estimé.

Répondant à ceux qui disent que le retour des réfugiés en Syrie n’est pas encore sécurisé, M. Aoun s’est voulu conciliant sur la question. « Si certains Syriens sont réellement en danger s’ils rentrent, personne ne va les forcer à le faire. Nous voulons qu’ils rentrent dans les régions sécurisées. Il est possible de travailler à élaborer certaines conditions pour que le retour sécurisé puisse être effectué », a-t-il dit.

Les attaques de Merhebi

Le ministre d’État sortant pour les Affaires des réfugiés, Mouïn Merhebi, a pour sa part tiré à boulets rouges sur Gebran Bassil, tout en minimisant l’importance de la demande que ce dernier compte adresser à la France. « Tout comme la France ne lui a pas répondu avant, je ne pense pas qu’elle va lui répondre maintenant », a-t-il déclaré dans un entretien à L’OLJ.

« M. Bassil essaie de faire croire que lui et ses alliés veulent le retour des réfugiés, mais c’est à cause du Hezbollah que les réfugiés ont été déplacés (…) Je lui conseille de clarifier pourquoi il soutient le Hezbollah. Fait-il partie ou non d’un gouvernement ? La question du retour des réfugiés doit faire partie de la politique de l’État. Il ne peut pas agir à sa guise », a souligné M. Merhebi. « Tout ce que Gebran Bassil est en train de faire ne sert à rien, il faut attendre que le gouvernement soit formé parce que ce sujet ne fait pas partie de ses prérogatives », a-t-il ajouté.

Sur les raisons qui poussent le ministre des AE à s’en prendre à la communauté internationale au sujet des réfugiés, M. Merhebi cite « la volonté du chef du CPL de se présenter à la prochaine élection présidentielle ». « Bassil veut se présenter en protecteur du pays. Il aide le Hezbollah à se faire passer pour la Croix-Rouge pour dire qu’il n’a rien à voir avec la décision. Il aide Bachar el-Assad dans l’espoir d’obtenir quelques miettes lors de la reconstruction de la Syrie. Il ne se sent pas concerné par les barils explosifs ou les gaz nocifs (que la communauté internationale accuse Bachar el-Assad d’avoir utilisés contre la population) », a martelé le ministre.

« Les Français ont intérêt à ce que les Syriens rentrent afin qu’il n’y ait pas plus de réfugiés en Europe. Mais en même temps, les Européens ont peur de se lancer dans la reconstruction si Bachar el-Assad est maintenu au pouvoir. Si cela arrive, rien ne garantira pour eux que le même scénario de guerre ne se répétera pas », a fait valoir M. Merhebi.

Il a par ailleurs révélé que des familles entières se trouvant au Liban ont récemment été notifiées, par le biais de comités mandatés par le régime Assad, qu’elles n’étaient pas les bienvenues en Syrie. « Il y a un besoin de garanties pour que les réfugiés puissent rentrer chez eux », a-t-il conclu.

Le Liban va demander à la France de clarifier sa position concernant le retour des réfugiés syriens dans leur pays, a affirmé hier une source du ministère des Affaires étrangères à la chaîne LBCI. Une information confirmée plus tard dans la journée à L’Orient-Le Jour par un proche du ministre sortant des AE, Gebran Bassil. Selon la source précitée, le Liban ne considère pas...

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