À quelques jours du douzième anniversaire de la fin de la guerre de l’été 2006, le Hezbollah occupe plus que jamais la scène médiatique régionale et internationale. Il y a ceux qui prévoient le retrait imminent de ses combattants de Syrie, en voulant présenter cela comme une acceptation des conditions américaines et israéliennes, et ceux qui attendent l’éclatement interne de l’Iran, suite aux sanctions économiques « inimaginables », selon les proches de Donald Trump, qui auraient forcément des conséquences sur le Hezbollah.
Face à tous ces pronostics, le Hezbollah reste silencieux, et, pour la première fois depuis 2006, le secrétaire général Hassan Nasrallah n’a pas prononcé plusieurs discours pour commémorer ce qu’il considère comme la grande victoire de la résistance contre Israël. Au mieux, il pourrait se contenter d’un seul discours aux alentours du 14 août, date de la fin de la guerre de 2006, ou même garder le silence en attendant les développements régionaux.
En réalité, selon des sources proches du Hezbollah, ce dernier n’a plus à prouver qu’il a remporté cette guerre. La polémique interne, qui s’était amplifiée après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 1701, ayant mis un terme à la guerre de 2006 sur la réalité de la victoire du Hezbollah ou sa défaite camouflée en raison du prix élevé payé par le Liban dans cette guerre n’a plus de raison d’être.
En effet, depuis 2006, la force de ce parti n’a cessé de grandir, alors que la guerre qui a eu lieu cette année-là était, au moins, destinée à l’affaiblir et mettre un terme à sa puissance de feu. Selon les sources proches de cette formation, dès le 15 août 2006 (au lendemain de la cessation des hostilités décidée par la résolution 1701), le Hezbollah a commencé à se préparer à une nouvelle confrontation avec les Israéliens. Selon ses estimations, les Israéliens ne pouvaient pas accepter la défaite de 2006 et ils comptaient préparer une nouvelle attaque. D’ailleurs, le rapport Winograd publié à la suite de la guerre de 2006 était destiné à expliquer les failles qui ont provoqué la défaite des Israéliens, dans le sens où ils n’ont atteint aucun des objectifs qu’ils avaient fixés pour cette opération. Les sources proches du Hezbollah révèlent aussi que, dans le cadre de cette guerre, les Israéliens avaient planifié de se venger de la ville de Bint Jbeil où Hassan Nasrallah avait prononcé « le discours de la victoire » en 2000, après le retrait israélien sans conditions du Liban et dans lequel il avait qualifié Israël de « plus fragile qu’une toile d’araignée ». Les militaires israéliens avaient donc planifié d’envahir Bint Jbeil et le terrain dans lequel Nasrallah s’était adressé à la foule, en appelant l’opération « les fils d’acier » en réponse à la toile d’araignée. Ils croyaient même avoir atteint leur objectif, lorsque soudain, les combattants du Hezbollah ont surgi du sol, encerclant les militaires et les obligeant à se retirer de Bint Jbeil.
(Lire aussi : L'armée israélienne se prépare à différents scénarios de guerre avec le Hezbollah)
Unité d’élite
Le Hezbollah a donc décidé de se préparer à une nouvelle attaque et il a décidé de constituer une nouvelle unité d’élite. En 2009, cette unité a commencé à prendre forme et ses membres, des volontaires, selon le parti, ont bénéficié d’un entraînement sur toutes les armes et les formes de combat pendant huit mois. Ce qui est une première et montre que le niveau de professionnalisme dans le combat s’est amélioré, car, auparavant, les combattants du Hezbollah suivaient des sessions de formation d’une durée de 35 jours.
La guerre en Syrie qui a commencé en 2011, mais à laquelle le Hezbollah n’a commencé à participer qu’un an plus tard, lui a permis de tester cette nouvelle force qui a été envoyée se battre dans ce pays.
Selon les sources précitées, ceux qui misaient sur un affaiblissement du Hezbollah et sur le fait que ses combattants étaient occupés à se battre en Syrie et ne pouvaient donc pas tenir le front du Sud, favorisant ainsi une nouvelle attaque israélienne, se trompaient, car les effectifs envoyés en Syrie n’étaient donc pas ceux qui étaient en place au Sud. De plus, les combattants du Hezbollah tombés en Syrie n’ont pour la plupart (excepté les cadres) pas dépassé les 22 ans. Il s’agissait donc de nouvelles recrues.
La guerre de Syrie, dans laquelle beaucoup voyaient la chute du Hezbollah et la perte « de son aura de mouvement de résistance », lui a finalement permis d’acquérir une expérience inégalable et précieuse, sur le plan de l’offensive et dans plusieurs types de terrains, dont les milieux urbains et le désert. Il a même profité de l’occasion pour commencer à fabriquer ses propres missiles (des fusées dotées d’un guidage), dont l’un d’eux, avec une courbe parabolique comme la roquette Hawn (qui n’a pas de guidage), tout en ayant une portée plus grande, a été utilisé pendant la guerre du jurd l’an dernier contre le QG des combattants au Qalamoun et dans ses environs.
Selon les sources proches du Hezbollah, les Israéliens suivent de près les performances de ses combattants en Syrie et ils savent parfaitement combien il a développé sa puissance pendant cette guerre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’une des revendications transmises par le Premier ministre israélien au président russe est le retrait des combattants du Hezbollah des environs du Golan et même de Syrie. Cette réclamation est perçue par le Hezbollah comme la reconnaissance de sa propre force par les Israéliens et la confirmation de sa conviction que les Israéliens ne sont pas en mesure, dans les circonstances actuelles, de lancer une nouvelle guerre contre le Liban.
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commentaires (14)
Difficile de faire plus puant....
Christine KHALIL
23 h 16, le 04 août 2018