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À La Une - Liban

La polémique enfle entre le CPL et les druzes

Bassil tente de calmer le jeu, après de violents échanges sur les réseaux sociaux .

Le ministre sortant des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Photo Michel Sayegh

Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil a tenté vendredi de calmer la tempête de protestations provoquées sur la Toile par un cadre de son parti, qui avait heurté l'ensemble de la communauté druze libanaise, toutes tendances politiques confondues.

Tout a commencé par un tweet du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, pour la fête de l’Armée mercredi, qui a mis hors de lui un membre du bureau politique du CPL, Naji Hayek. Le leader druze avait salué la mémoire des victimes de l’armée, mais avait également fait remarquer sur son compte Twitter que la bataille de Souk el-Gharb, en août 1989, avait "pavé la voie à la solution politique qui s’est exprimée plus tard par l’accord de Taëf". Réponse de Naji Hayek : "Dans dix jours, nous nous souviendrons, vous et moi, des singes que vous aviez envoyés à Souk el-Gharb le 13 août 1989 et que Michel Aoun vous avait renvoyés dans des sacs en jute". 


(Lire aussi : La guerre des tweets entre forces politiques libanaises (suite))


L'indignation de Talal Arslane

Vendredi, le chef du Parti démocratique, le député druze Talal Arslane, n'a pas caché sa colère après les propos du cadre CPL, malgré le fait que la formation est alliée à M. Arlsane, lui-même rival de Walid Joumblatt.

"Un certain individu a prononcé des propos enflammés et rancuniers (...) et cela nous étonne, car de tels propos ne peuvent être que la preuve d'une rancune profonde que nous condamnons fermement et considérons comme une atteinte au président de la République, Michel Aoun (fondateur du CPL, ndlr) (...). Je me demande sérieusement pour le compte de qui travaille l'auteur de ces propos," s'est demandé Talal Arslane dans un message sur son compte Twitter.

"Porter atteinte aux martyrs des Libanais qui sont tombés lors de la malheureuse guerre dont nous payons encore le prix (...) est inacceptable. Et le fait de justifier de tels propos en expliquant que leur auteur parlait des martyrs du PSP est davantage inacceptable. Il s'agit d'une atteinte contre nous tous, druzes et chrétiens. Nous œuvrons jours et nuit pour renforcer le partenariat et le vivre-ensemble dans la Montagne, et nous n'acceptons pas que quelqu'un vienne ressortir les démons du passé pour mener à la discorde", a mis en garde Talal Arslane. "Personne ne peux juger les autres pour des actes du passé car cela ne peut que nuire à l'unité des Libanais, chose que ni nous, ni le président de la République, ni le frère Gebran Bassil, pouvons accepter", a-t-il conclu.

Le cadre du CPL Naji Hayek a de son côté publié un communiqué dans la nuit de jeudi à vendredi dans lequel il a reconnu avoir heurté la communauté druze, qu'il affirme "respecter", et présenté ses excuses pour les propos qu'il a tenus.

Il y a dix-sept ans, le 2 août 2001, était couronné le long processus de la réconciliation de la Montagne, mené sous l’égide du patriarche maronite de l’époque, Nasrallah Sfeir, et de Walid Joumblatt. Cette réconciliation entre les chrétiens et les druzes de la Montagne a permis le retour des chrétiens dans leurs villages dont ils avaient été chassés lors des affrontements entre les deux communautés.


(Lire aussi : Montagne druzo-chrétienne : Que l’État « ne nous force pas à partir une deuxième fois »)

L'intervention de Gebran Bassil

Le chef du CPL, Gebran Bassil, est intervenu sur Twitter pour calmer la situation. Dans un message qu'il a écrit personnellement et signé de ses initiales, il a dit : "La réconciliation de la Montagne ne peut être affectée par des propos venus du passé que nous avons surmonté. Nous appelons au retour à la raison, malgré nos divergences en politique. non au retour à l’unilatéralisme et au passé. Oui à l'attachement au partenariat (...). Nos salutations à nos familles dans la Montagne, et que dieu ait l'âme de tous les martyrs de la nation".

Walid Joumblatt a lui aussi publié vendredi un message d’apaisement sur son compte Twitter. "Que la commémoration de la réconciliation de la Montagne serve de moment de méditation pour adopter le langage du dialogue, loin des instincts qui nous emportent tous, sans exception. Nos hommages à tous les martyrs de la nation, sans distinction aucune. Assez d'opportunités perdues. Il est temps d'adopter une vision commune pour l'avenir de sorte à préserver la nation dans un monde régi par la loi de la jungle", a écrit Walid Joumblatt.

Un ex-militant du parti de Wahab relâché

Parallèlement, un ancien responsable du parti Tawhid dirigé par l'ex-ministre et figure druze Wi'am Wahab, qui avait été arrêté jeudi pour avoir critiqué sur les réseaux sociaux Gebran Bassil, a été relaxé vendredi par le tribunal du Mont-Liban.

Rachid Joumblatt, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt "pour des insultes proférées via les réseaux sociaux", avait été arrêté hier soir lors d'un raid à son domicile, mené par le service de la Sécurité de l'Etat. Son arrestation avait été dénoncée par M. Wahab, ainsi que par Walid Joumblatt, pourtant rival du premier.

Wi'am Wahab avait même publié un message menaçant de conséquences dans la rue, et appelant à la relaxe rapide de Rachid Joumblatt.

Ces derniers mois, de nombreuses personnes, notamment des militants et des journalistes, ont été convoqués par la justice ou arrêtés pour avoir exprimé leurs opinions dans les médias ou sur les réseaux sociaux.


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commentaires (5)

MAUVAIS SIGNE POUR L,ENTENTE DANS LA MONTAGNE !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 51, le 03 août 2018

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Commentaires (5)

  • MAUVAIS SIGNE POUR L,ENTENTE DANS LA MONTAGNE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 51, le 03 août 2018

  • Quel cirque que ce paysage politique! Je t' insulte, je me rétracte, je t' enfourne, m' excuse à nouveau... Nous finissoins tous sourires devant les cameras ou en selfie. Cool ! L'honneur est sauf, l' unité preservée. Le kebbé et l' arak sont bons !

    LeRougeEtLeNoir

    17 h 11, le 03 août 2018

  • Dieu sait combien je puis avoir de réserve sur la politique du Général et de ses ouailles mais il faut malheureusement toujours remettre les points sur les i avec certains de temps a autre... L'insulte commence déjà par le tweet de Joumblatt... Son attaque sur Souk el Gharb n’était que celle d'un collabo et contre l’armée de son pays et de ses intérêts et ce n’était pas la première fois, monsieur et ses voyous l'avait déjà fait en 1975. Mr. Hayek n'avait pas a s'excuser avant que Joumblatt le fasse bien avant que ses complices dans le crime n’élèvent la voix et mettent en valeur réconciliation de la montagne. Certes elle est importante et seront tous heureux qu'elle dure et perdure mais il faudra que Joumblatt fasse son mea-culpa et le prouve dans les faits journellement au lieu de sortir des attaques malveillantes de la sorte... Mr. Hayek a très bien fait de répondre de la sorte car dans ce cas il avait raison! Nous attendons toujours les excuses de Mr. Joumblatt car les seuls martyres de cette batailles sont ceux de l’armée et des défenseurs de la souveraineté de l’état a l’époque. Les autres ne sont les dommages collatéraux de la guerre des autres contre le Liban...

    Pierre Hadjigeorgiou

    16 h 17, le 03 août 2018

  • Ils savent s'insulter, se menacer, se fâcher, se reconcilier, se re-fâcher, et même se prendre pour le prochain chef de l'Etat Libanais, mais ils ne savent toujours pas diriger convenablement leur patrie !!! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 12, le 03 août 2018

  • Les paroles de Naji Hayek ne sont pas acceptables, il y a des limites aux diatribes. La liberté d'expression ne permet pas de dépasser les bornes de la politesse politique surtout au Liban. Kesrouainnement parlant. CB.

    Un Libanais

    16 h 08, le 03 août 2018

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