La Sûreté générale libanaise a expliqué vendredi dans un communiqué les circonstances de l'arrestation d'un Libanais suspecté de contacts avec Israël, en réponse à un article de presse qui évoque la participation de cet homme à une conférence maronite syriaque à Washington en 2017, à laquelle des Israéliens ont pris part.
Le site d'information à capitaux saoudiens, basé à Londres et en langue arabe, Elaph, a publié vendredi un article intitulé "Un télégram urgent précède la visite de Bassil à Washington", sachant que le chef sortant de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, se rend aux Etats-Unis la semaine prochaine. Dans son article, Elaph relate que l'Alliance américano-moyen-orientale pour la démocratie a envoyé au secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, une lettre dans laquelle elle lui demande de "condamner l'arrestation et l'interrogatoire d'activistes maronites au Liban" et de traiter cette question avec son homologue libanais qui, selon le site, doit participer prochainement à une réunion sur les libertés religieuses dans le monde. Le média ne précise pas la date du courrier en question.
Elaph rapporte ensuite que cette lettre survient après "l'arrestation par les services de sécurité libanais d'un jeune homme suédois d'origine libanaise, Rony Doumit, et la convocation d'Amine Iskandar, le président de l'Union syriaque maronite, pour être interrogé". Elaph explique que l'Union syriaque maronite lie cette arrestation et cette convocation à la participation des deux personnes à un événement organisé en mai 2017 à New York et ayant pour but de raviver l'usage de la langue araméenne. Il explique que trois maronites Israéliens ont pris part à cet événement.
L'Union affirme ensuite que Rony Doumit s'est rendu au Liban "il y a deux mois", et a été brièvement arrêté par les autorités libanaises une première fois, avant d'être arrêté une seconde fois "la semaine dernière, pour avoir facilité des contacts avec des ressortissants d'un pays ennemi". Elaph raconte ensuite qu'Amine Iskandar, qui vraisemblablement se trouvait aussi au Liban, a été convoqué, et son téléphone portable confisqué. Convoqué une nouvelle fois le 18 juillet, les autorités lui ont demandé de se présenter à nouveau le 23 juillet.
(Lire aussi : Un journaliste belge d’origine libanaise interpellé à l’AIB)
En réponse à l'article d'Elaph, la Sûreté générale a publié un communiqué vendredi dans lequel elle explique que Rony Doumit "a été arrêté sur ordre de la Justice car il a rencontré l'ambassadeur d'Israël en Suède et a visité à plusieurs reprises le siège de cette ambassade, entrant en contact avec des ressortissants israéliens. Durant son interrogatoire, il a reconnu les faits qui lui sont reprochés et a ensuite été déféré devant les autorités judiciaires compétentes". La SG ne mentionne toutefois pas la convocation d'Amine Iskandar.
Le Liban, qui ne reconnaît toujours pas Israël, interdit à ses ressortissants de se rendre dans ce pays voisin et prohibe tout contact avec des ressortissants israéliens.
Dimanche dernier, le journaliste belge d'origine libanaise Maroun Labaki avait été interpellé à l'aéroport de Beyrouth pour avoir effectué par le passé des reportages en Israël qui ont été publiés dans le quotidien belge Le Soir. Cette affaire rappelle celle du réalisateur franco-libanais Ziad Doueiri qui avait comparu devant le tribunal militaire en septembre dernier, après avoir été été brièvement interpellé à son arrivée à l'aéroport de Beyrouth. Après trois heures, dont une d'interrogatoire, au tribunal militaire, M. Doueiri avait bénéficié d'un non-lieu. Le réalisateur "était accusé d'avoir violé l'article 285 du code pénal libanais qui interdit toute visite en territoire ennemi sans autorisation préalable" des autorités libanaises. Le juge Sakr Sakr avait finalement estimé que les faits étaient prescrits et M. Doueiri avait pu récupérer son passeport.
Mardi, le tribunal militaire a condamné par contumace sept Libanais à 15 ans de travaux forcés pour collaboration avec d'Israël.
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Si le Liban veut toujours figurer dans la liste des pays démocratiques, il devrait libérer le plus rapidement possible Rony Doumit, cet innocent victime d'une mascarade (comme Ziad Doueiri et d'autres avant lui). Le Liban qui sombre dans l'arbitraire et la dictature n'est pas le Liban que j'ai connu et dont je chante les louanges à mes amis...
13 h 49, le 22 juillet 2018