Le journaliste belge d'origine libanaise Maroun Labaki a été interpellé dimanche à l'aéroport de Beyrouth, rapporte le quotidien belge Le Soir au sein duquel M. Labaki a travaillé pendant plusieurs années. Cette interpellation serait liée au fait que M. Labaki a effectué, par le passé, des reportages en Israël qui ont été publiés dans ce journal. M. Labaki s'apprêtait, semble-t-il, à quitter le Liban après un séjour au pays du Cèdre.
Le journaliste a été retenu pendant cinq heures par la Sûreté générale à l'AIB avant d'être relâché, selon la famille du journaliste citée par Le Soir. Interdit de quitter le territoire libanais, M. Labaki a été déféré le lendemain devant le tribunal militaire. Après avoir été soumis à de "longs" interrogatoires, toujours selon ses proches, le journaliste a pu prendre l'avion pour Bruxelles mardi en fin de journée.
Cette affaire rappelle celle du réalisateur franco-libanais Ziad Doueiri qui avait comparu devant le tribunal militaire en septembre dernier, après avoir été été brièvement interpellé à son arrivée à l'aéroport de Beyrouth. Après trois heures, dont une d'interrogatoire, au tribunal militaire, M. Doueiri avait bénéficié d'un non-lieu. Le réalisateur "était accusé d'avoir violé l'article 285 du code pénal libanais qui interdit toute visite en territoire ennemi sans autorisation préalable" des autorités libanaises. Le juge Sakr Sakr avait finalement estimé que les faits étaient prescrits et M. Doueiri avait pu récupérer son passeport.
Le Liban, qui ne reconnaît toujours pas Israël, interdit à ses ressortissants de se rendre dans ce pays voisin. L'affaire Ziad Doueiri avait relancé le débat sur les interactions entre Libanais et Israéliens, qui suscite régulièrement des polémiques. Dans une interview à L'Orient-Le Jour en septembre, Nadim Houry, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, avait estimé que "les lois qui régissent les contacts entre Libanais et Israéliens sont problématiques à plusieurs niveaux et il faut certainement qu'un débat s'ouvre". "La loi criminalise tout contact entre individus alors qu'on ne devrait pas rendre l'individu responsable des actes de son État, avait-il ajouté. Ce sont aussi des lois impossibles à appliquer aujourd'hui, alors que des contacts entre Libanais et Israéliens se font régulièrement à l’étranger, que ce soit dans les files d'attentes à l'aéroport de Larnaca ou sur les plages de Mykonos, pour ne donner que ces deux exemples". L'on pourrait également citer les conférences internationales.
M. Houry avait néanmoins insisté sur le fait que "ne pas criminaliser tout rapport entre individus ne veut pas dire que l'État libanais doive normaliser ses relations avec l'Etat d’Israël. Il faut pouvoir distinguer les deux niveaux".
Pour mémoire
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commentaires (5)
Pour un pays, il y a différentes manières de grandir, progresser, et garder sa dignité! Il y a aussi différentes manières de se rabaisser, de perdre sa dignite, et continuellement chercher les conflits restant dans sa bulle. Qu'en est-il de notre pays ?
Sarkis Serge Tateossian
20 h 18, le 18 juillet 2018