Selon le Premier ministre désigné Saad Hariri, le gouvernement devrait être formé dans une ou deux semaines. Un optimisme qui, de l’avis des observateurs, n’est pas justifié, puisqu’il n’y a toujours pas d’avancée au niveau des tractations menées dans ce but. Mais le fait même que celles-ci se poursuivent, pour déterminer la part de chaque composante politique au sein de la nouvelle équipe ministérielle, est en lui-même un indicateur positif, concède-t-on.
Hier, le ministre sortant de la Culture Ghattas Khoury (courant du Futur) et le député Élias Bou Saab (CPL) ont tenu une réunion pour discuter des nœuds qui retardent la formation du cabinet et essayer de dégager un compromis. La réunion – qui doit préparer une rencontre entre M. Hariri et le chef du CPL, Gebran Bassil – aurait débouché sur des propositions que les deux hommes doivent soumettre l’un au Premier ministre désigné, l’autre au chef du CPL, avant de se retrouver de nouveau aujourd’hui pour un second round de pourparlers. Dans l’entourage des deux responsables, on s’est refusé à toute indication sur les résultats des discussions, alors que de sources qui suivent le dossier, on relève qu’il n’a pas été possible de parvenir à un compromis, au moment où chaque camp impute à l’autre le blocage, sinon la lenteur au niveau de la formation du gouvernement.
Saad Hariri qui, dans une conversation à bâtons rompus hier avec les journalistes, s’est voulu rassurant au sujet de la naissance de son équipe a réaffirmé son attachement à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale « au sein duquel tout le monde serait représenté ». Sa conception de ladite formule ministérielle ne correspond cependant pas à celle du reste des acteurs politiques, notamment le leader du CPL, à qui le Premier ministre désigné semblait indirectement s’adresser lorsqu’il a dit : « C’est moi, et personne d’autre, qui forme le gouvernement en consultation avec le président. Quiconque croit le contraire se trompe. C’est sur cette base que j’effectue mes contacts au terme desquels j’irai voir le chef de l’État pour des concertations qui doivent déboucher sur la naissance du cabinet », a-t-il dit.
Aux trois nœuds connus, ceux de la représentation des binômes chrétien, CPL-FL, et druze, PSP-Arslane, ainsi que des sunnites non haririens, s’est ajouté tout récemment un quatrième, celui de la représentation des Marada qui réclament deux portefeuilles au sein de la nouvelle équipe.
Dans les milieux proches du courant du Futur, on reproche notamment à Gebran Bassil de chercher à imposer sa conception de ce que devrait être la configuration de la nouvelle équipe ministérielle, au sein de laquelle son parti et ses alliés auraient la minorité de blocage. M. Hariri a cependant pris soin d’assurer durant son entretien avec les journalistes qu’il n’est pas en désaccord avec le chef du CPL et que rien ne l’empêche de le rencontrer. Cette rencontre est d’ailleurs souhaitée par le président, qui ne cache pas devant ses visiteurs son mécontentement face aux négociations qui piétinent. Cité par ces derniers, le chef de l’État est surtout contrarié par le fait qu’on lui fait assumer la responsabilité des complications qui s’accumulent, rapporte notre correspondante à Baabda, Hoda Chedid, et dit redouter un « dessein caché ». Toujours selon ses visiteurs, il aurait exprimé des réserves sur la manière dont M. Hariri mène ses contacts, dans la mesure où ce dernier aurait dialogué avec Samir Geagea mais pas Gebran Bassil, avec Walid Joumblatt mais pas Talal Arslane, et aurait laissé au chef de l’État le soin de régler le nœud de la représentation sunnite.
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commentaires (4)
FOI DE HARIRI, JE VOUS ASSURE QUE LA VOITURE GOUVERNEMENTALE DEMARRERA DÈS QU,ON LUI ENLEVERA LES BATONS DES ROUES...
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 06, le 18 juillet 2018