Les contes de fées pour grandes personnes de Frida

Quand on débarque chez elle, dans cet univers de chats, de miniatures, de livres et d’objets, fait de détails nombreux, petits et beaux, on est immédiatement invité à pénétrer son monde fabuleux, dans lequel elle navigue depuis tant d’années. Avec une certaine mélancolie, Frida Bagdadi Debbané ramène cette fois-ci ses boîtes et bibliothèques, comme d’inséparables bagages émotionnels et compagnons de route, dans un livre qu’elle a baptisé Mises en scène. Car c’est de cela qu’il s’agit, de mises en scène d’une sélection de ses plus belles boîtes et bibliothèques qu’elle fabrique avec soin et amour depuis de nombreuses années. « Le travail d’une vie », dit-elle, accompagné d’une mise en page signée par son fils Benoît, et des illustrations réalisées par son autre fils, Eugène. « Ce n’est pas un livre pour enfants », précise-t-elle aux personnes qui n’auraient pas encore compris le travail et le langage de Frida, pétri de poésie, d’une naïveté couleur pastel qui résiste à un siècle trop gris. Pour les autres, ces pages sont un prétexte pour se replonger dans l’atmosphère de la journaliste, devenue également une véritable artiste. Ses très belles bibliothèques et boîtes réalisées telles des pièces uniques, avec amour et savoir-faire et une précision qui lui ont d’ailleurs usé les mains, mais réchauffé le cœur, l’ont accompagnée ces dernières années et ont laissé à son imagination l’espace idéal pour voguer et s’exprimer. 

Une affaire de famille
Mais à ces pièces uniques il manquait des mots. Ses mots. Et la voici, dans ce petit livre intime réalisé à six mains, en train d’égrener des poèmes, des histoires, souvent ressenties ou vécues, où la réalité est diluée dans une rêverie d’adulte. Les Debbané mère et fils, dans un effort commun, ont réuni ces « œuvres d’art », comme elle les qualifie, où chaque détail est pensé, recherché, chiné et posé à sa juste place. Sa dernière exposition chez Aïda Cherfan, il y a deux ans, était la première et sans doute la seule occasion de les présenter au Liban, en attendant, en espérant l’étranger et une galerie qui serait intéressée par ce minutieux travail de titan, tellement personnel et si particulier. « Mises en scène est le résumé de tout mon travail que je veux garder et regarder tous les soirs avant de dormir. » Divisé en deux grands chapitres, « Boîtes en carton » puis « Bibliothèques en bois », accompagnés d’illustrations, « il a été fait pour immortaliser mon travail et garder vivantes toutes ces histoires, loin du danger de l’oubli ». « Tout y est poésie, poursuit Frida la douce, la mise en page, les illustrations. On ne peut pas être artiste sans être poète. » « Je ne voulais pas que le livre soit trop enfantin, précise Benoît, qui a gardé de sa formation d’architecte une clarté dans la mise en page. J’ai voulu, dans un même rythme au fil des pages, faire le lien entre le texte à gauche, et la pièce, boîte ou bibliothèque, photographiée par Cédric Ghossoub. Et personnaliser ce dialogue entre les pages. » 

De monsieur Prévert à Sonia Delaunay, de Calder à Georges Braque, sans oublier Picasso, Arman et Niki de Saint Phalle, un menuisier, un pêcheur, un peintre, tous des amis, Frida a mis sa plume à la disposition de personnages célèbres ou pas, poètes comme elle. La préface, « Enfance mon amour », tendre et touchante, est un bel hymne à son passé et à son frère, le regretté Maroun Bagdadi. Elle signera son livre en présence de tous ces amis imaginaires aujourd’hui entre 16 heures et 20 heures à la librairie Antoine des souks de Beyrouth, place Ajami.

Pour mémoire

Le (si beau) monde, selon Frida