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Lifestyle - Beyrouth insight

Le (si beau) monde, selon Frida

On les attendait depuis quelques années, et les voilà qui débarquent dans le nouvel espace de Aïda Cherfan, inauguré également aujourd'hui. Les (dernières) boîtes poétiques de Frida Debbané y font leur show jusqu'au 30 juin.

Frida Debbané, entre poésie et obsession. Photo Michel Sayegh

L'univers de Frida Debbané, son monde (conscient et inconscient), est peuplé d'infinis petits détails qu'elle déniche dans de modestes épiceries dissimulées dans des impasses, et des merceries hors de ce temps. Ou dans des pages de vieux magazines oubliés. Lorsqu'elle les trouve, elle s'en empare comme d'un trésor, les range méticuleusement dans ses armoires d'Ali Baba. Puis, quand l'idée se fait, elle les reprend, leur parle longuement, et, avec leur consentement, les transforme, les peint, les colle, les coud, les met en scène en les plaçant au bon (et minuscule) endroit. Elle en fait ainsi une histoire, son histoire, avec des mots, des images, des souvenirs, des héros : un jardinier, un artiste-ferrailleur, un menuisier, un tapissier, un peintre, un pêcheur. Et une poésie qui n'appartient qu'à elle. Elle en fait des boîtes, et aujourd'hui des bibliothèques, (re)créant ainsi le monde selon elle, loin des tumultes d'un siècle qui ne lui ressemble en rien.

Le monde selon Frida est certes plus doux, touchant, naïf, parfois incompréhensible pour les gens pressés. Pour elle, dont les meilleurs amis restent Alice et son pays des merveilles, Tim Burton et son Edward aux mains d'argent, Prévert, Picasso, Sonia Delaunay, Zazie dans le métro, chacune de ces œuvres dont elle s'est faite la spécialiste est un peu l'œuvre de sa vie. Difficile pour les pragmatiques ou les cyniques de la suivre dans ce chemin sans retour de l'enfance. Mais c'est comme ça. Frida y met tout son art et son génie. Toute sa folie aussi. Il suffit de la suivre dans une visite guidée qui prendrait des heures pour évaluer le degré de perfectionnisme qui l'anime, jusqu'à l'obsession. Il suffit de détailler ce travail de recherche, de composition, ce travail intellectuel et émotionnel, qui n'a pas de prix, pour comprendre que ces pièces sont uniques.

Des thèmes et des histoires
Alors les présenter dans un même lieu, et un bel espace comme celui de la nouvelle galerie de Aïda Cherfan, pour une première exposition personnelle, paraît tout à fait approprié. C'est entre ces murs que l'artiste va déposer ses bébés qui ont eu besoin de trois ans de gestation. « Trois ans que je découpe des papiers, que j'accumule des objets, que je crée des dossiers, puis des décors qui s'accordent. » Des boîtes, mais aussi des bibliothèques en bois, plus grandes, presque des toiles à accrocher. « Chacune a un thème. Ce travail est fastidieux. Il prend beaucoup de temps, de fatigue, de douleurs aux mains et aux os », dit-elle avant de se reprendre très vite. De retrouver son énergie, en sortant une à une ses réflexions poétiques « mises en image », comme autant d'histoires pour les grands.

Dans ces nouveaux écrins, les créations sont en bois, en fer, en corde ou en argile. Des arbres, des « heures », cœurs de montres qui ont apparemment cessé de battre, des cahiers, des livres, des pelotes de laine, des crayons. Derrière, et sans doute uniquement pour son plaisir de jusqu'au-boutiste, des histoires se laissent lire, pour mieux comprendre les délires de Frida. Pour exemple, ces quelques lignes tellement made in Frida : « L'imagination de l'artiste se réveille à chaque fois qu'il ouvre la porte de son atelier. Les tableaux sont des souvenirs qui se remettent à vivre. Les pots de peinture se renversent, les pinceaux s'ébrouent pour partir dans une nouvelle aventure. Chaque crayon choisit sa propre couleur. Sur le chevalet, une toile blanche attend ; c'est avec elle que le peintre partira dans un rêve éveillé. » Voilà. Tout est dit. C'est du Frida. À prendre, pour ceux qui croient au père Noël. À laisser, pour les autres...

*Galerie Aïda Cherfan. Beirut Harbour building. Rue Georges Haddad. Saïfi.
Tél. : 03/839111-03/749669.
Le vernissage aura lieu aujourd'hui à 18 heures. La galerie est ouverte du lundi au samedi de 11 heures à 19 heures.

 

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commentaires (1)

Quelle dame magnifique notre Frida! Une artiste unique!!!

Sabri

12 h 52, le 09 juin 2016

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Commentaires (1)

  • Quelle dame magnifique notre Frida! Une artiste unique!!!

    Sabri

    12 h 52, le 09 juin 2016

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