Le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a affirmé jeudi, après une rencontre à Genève avec son chef Filippo Grandi, qu'il ne cherchait pas des ennuis avec le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et qu'il était prêt à suspendre, sous conditions, ses mesures prises à l'égard de l'organisation onusienne.
"Nous ne cherchons pas des ennuis avec le HCR et les Nations unies", a affirmé M. Bassil à l'issue de l'entretien à Genève. Le ministre sortant s'est dit "prêt à suspendre les mesures prises à l'encontre du HCR" s'il "constate un changement dans la politique" de l'organisme, mais a fait savoir qu'il était "prêt à prendre des mesures supplémentaires dans le cas contraire". Gebran Bassil a enfin mis en garde contre "ceux qui parient sur une division entre les Libanais", au sujet du retour des plus d'un million de réfugiés syriens.
Le chef de la diplomatie est en conflit ouvert avec le HCR qu'il accuse d'entraver le retour volontaire des réfugiés syriens dans leur pays. Gebran Bassil a gelé la semaine dernière les procédures de renouvellement des permis de séjour des employés du HCR, qui estime que tout retour en Syrie est prématuré, mais ne s'oppose pas à des retours volontaires.
(Reportage : Rentrer en Syrie ou rester au Liban ? Des réfugiés syriens s’expriment)
La communauté internationale "consternée"
L'ambassadeur allemand au Liban, Martin Huth, qui a été reçu par le chef de l'Etat, Michel Aoun, dans le cadre d'une réunion des ambassadeurs des pays du Groupe international de soutien au Liban (GISL), a affirmé pour sa part que la communauté internationale est "consternée par les fausses accusations répétées" selon lesquelles elle chercherait à implanter les réfugiés syriens au Liban, rapporte l'agence Reuters.
L'ambassadeur a affirmé que la communauté internationale réalisait "le lourd fardeau" que constitue pour le Liban l'accueil des réfugiés."Beaucoup d'entre nous font tout ce qu'ils peuvent pour réduire" ce fardeau, a-t-il ajoutant, soulignant l'aide internationale au Liban.
Par ailleurs, Gebran Bassil s'est également entretenu avec l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
Le Liban accueille près de 1,5 million de réfugiés syriens, dont près d'un million inscrits auprès du HCR. Ils ont fui la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Les responsables libanais, notamment le président de la République et le chef de la diplomatie, appellent depuis plusieurs mois à organiser leur retour vers des zones sûres en Syrie.
Jeudi, le président Aoun a réitéré, en recevant les ambassadeurs des pays du GISL, son appel au retour des réfugiés syriens vers "des zones sûre dans leur pays", affirmant que le Liban "ne pouvait plus attendre une solution politique à la crise en Syrie".
Plus tôt en cours de journée, la Sûreté générale libanaise a indiqué que le HCR ne lui avait toujours pas transmis de listes nominales des réfugiés syriens, qui permettraient à la SG de contrôler les passages de ces réfugiés aux frontières.
Mardi, Gebran Bassil avait accusé le HCR de refuser de remettre aux autorités libanaises les informations à sa disposition concernant les réfugiés, des éléments susceptibles, selon lui, de permettre d’effectuer une distinction entre les réfugiés économiques et ceux qui sont au Liban pour des raisons politiques et sécuritaires. À ce sujet, la représentante du HCR au Liban, Mireille Girard, a souligné dans un entretien à L'Orient-Le Jour qu’en vertu d’un accord avec le gouvernement libanais qui date de 2014 et qui porte sur le partage des données, "le HCR a remis au gouvernement les informations en sa possession, dont le ministère des Affaires sociales est désormais récipiendaire".
Depuis Ersal, Bassil persiste : Nous ne reviendrons pas sur le retour des réfugiés syriens
commentaires (5)
Mais enfin, il parle pour le gouvernement ou pour lui? Est-ce la décision du gouvernement de se mettre la communauté internationale à dos? Les Syriens doivent rentrer, bien sur, et il f
Bachir Karim
18 h 35, le 14 juin 2018