Le chef de l'Etat libanais Michel Aoun a réitéré jeudi, en recevant à Baabda les ambassadeurs des pays du Groupe international de soutien au Liban (GISL), son appel au retour des réfugiés syriens vers "des zones sûre dans leur pays", affirmant que le Liban "ne pouvait plus attendre une solution politique à la crise en Syrie". Le chef de l'Etat a affirmé qu'en raison de la crise des réfugiés, le Liban avait déjà perdu près de 10 milliards de dollars. Il a distribué aux diplomates un rapport détaillant les pertes dans chaque secteur.
"Le Liban respecte ses obligations envers l'ONU et les pays amis et veille à préserver de bonnes relations, surtout avec les pays qui l'aident", a affirmé M. Aoun aux ambassadeurs du GISL (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, ainsi que l'Union européenne et la Ligue arabe). "Les capacités du Liban ne permettent plus que les réfugiés demeurent sur son territoire indéfiniment, en raison des conséquences négatives dans les différents domaines", a ajouté le chef de l'Etat. "Nous ne pouvons plus attendre une solution politique en Syrie pour commencer à organiser le retour des déplacés", a-t-il ajouté, estimant que de telles solutions "peuvent prendre de longues années". Le président Aoun a insisté sur le fait qu'il existe, selon lui, "une différence entre le retour des déplacés et la solution politique". Et de poursuivre : "Le Liban considère qu'il est désormais possible pour les réfugiés de rentrer dans des régions sûres et stables en Syrie, dont la superficie équivaut à cinq fois celle du Liban". "Les déplacés qui se trouvent pour le moment au Liban peuvent aller s'installer dans ces régions", a-t-il affirmé.
(Reportage : Rentrer en Syrie ou rester au Liban ? Des réfugiés syriens s’expriment)
Présence "temporaire"
De son côté, la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Pernille Dahler Kardel, a souligné à l'issue de la réunion que les ambassadeurs avaient assuré au chef de l'Etat que "la présence des réfugiés syriens au Liban est considérée comme temporaire". "Nous nous sommes mis d'accord sur la nécessité d'encourager une coopération constructive et fructueuse entre le Liban et ses partenaires internationaux sur cette question", a-t-elle ajouté.
Le ministre sortant de l'Information, Melhem Riachi (Forces libanaises), a de son côté assuré, après avoir été reçu par le chef de l'Etat, que sa formation politique soutient le point de vue de la présidence en ce qui concerne la question du retour des réfugiés syriens. M. Riachi a appelé à ce que ce retour soit organisé "en coopération avec la communauté internationale sans confrontation" avec celle-ci.
Plus tard dans la soirée, le chef des FL a reçu la représentante du HCR au Liban, Mireille Girard, et lui a annoncé qu'il partage l'avis du président libanais concernant la nécessité d'un retour des réfugiés syriens sans attendre une solution politique dans leur pays. Mme Girard a répondu qu'il s'agit là d'"une décision souverainiste libanaise et que le HCR s'occupe uniquement du volet humanitaire de la crise".
Le Liban accueille près de 1,5 million de réfugiés syriens, l'équivalent d'un quart de sa population. Ils ont fui la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Les responsables libanais, notamment le président de la République et le chef de la diplomatie, appellent depuis plusieurs mois à organiser le retour de ces réfugiés vers des zones sûres en Syrie. De son côté, la communauté internationale, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés en tête, affirme que ce retour est prématuré, en l’absence d’une solution politique au conflit syrien.
Les déclarations de M. Aoun interviennent alors que le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, est en conflit ouvert avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ( HCR) qu'il accuse d'entraver un retour volontaire des réfugiés en Syrie. Vendredi dernier, M. Bassil avait pris la décision de bloquer des demandes de permis de séjour des employés internationaux du HCR qui estime pour sa part que tout retour en Syrie est prématuré, mais ne s'oppose pas à des retours volontaires.
Jeudi, M. Bassil a assuré qu'il ne cherchait pas des ennuis avec le HCR et qu'il était "prêt à suspendre", les mesures prises à l'égard de l'organisation onusienne s'il "constate un changement dans la politique" de l'organisme, mais a fait savoir qu'il était "prêt à prendre des mesures supplémentaires dans le cas contraire".
Depuis Ersal, Bassil persiste : Nous ne reviendrons pas sur le retour des réfugiés syriens
commentaires (8)
IL NE FAUT PAS SE DEMANDER ET CRIER CE QU,ON VOUDRAIT FAIRE... MAIS CE QU,ON PEUT FAIRE ! EN L,OCCURENCE UN TROU DANS L,EAU !!!
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 54, le 15 juin 2018