Dans l’attente d’une première mouture gouvernementale de la part du Premier ministre Saad Hariri, les obstacles qui entravent la naissance de la nouvelle équipe ministérielle se sont clarifiés. Les deux principaux concernent la participation chrétienne et celle des druzes.
Après avoir procédé aux consultations parlementaires non obligatoires et s’être entretenu avec le président de la République, le Premier ministre a finalement pris l’avion pour Riyad, ses dossiers sous le bras. Des sources proches du courant du Futur estiment que Saad Hariri pourrait solliciter l’aide des Saoudiens pour réduire les exigences de certaines parties, notamment les Forces libanaises (FL), sachant que celles-ci réclament entre cinq et six portefeuilles (sur 15 chrétiens, si le prochain gouvernement compte 30 membres), dont la fonction de vice-président du Conseil. Les FL considèrent en effet qu’une telle part est juste, surtout après les résultats des élections législatives au cours desquelles leur groupe parlementaire est passé de huit à 15 députés, dont 14 affiliés au parti (en comptant le député Ziad Hawat). Les FL précisent à cet égard que dans le bloc du Liban fort (CPL et alliés), les membres du parti présidé par le ministre Gebran Bassil ne sont que 18, c’est-à-dire quatre de plus que les FL, alors que les 11 autres sont des sympathisants plus ou moins centristes qui ont choisi d’appuyer la présidence de la République. Par conséquent, il paraît tout à fait légitime aux Forces libanaises de réclamer six ministres, sachant que les neuf restants ne devraient pas tous aller au CPL et au président de la République, puisque les autres parties chrétiennes devraient être représentées, notamment le parti Kataëb, les chrétiens du courant du Futur et ceux du 8 Mars.
(Lire aussi : Hariri face à la guerre d’influence interchrétienne...)
Dans leur argumentation, les FL affirment aussi que, selon les dispositions de l’entente de Meerab, conclue le 18 janvier 2016 (qui n’ont cependant jamais été publiées), les Forces libanaises devraient obtenir la même part que le CPL au sein du gouvernement et dans les nominations administratives. De même, elles ajoutent que, si dans l’actuel gouvernement elles ont obtenu quatre portefeuilles dont le titre du vice-président du Conseil, alors qu’elles n’avaient qu’un bloc parlementaire de huit membres, il est normal qu’elles aient maintenant, après le bon résultat obtenu aux législatives, deux portefeuilles de plus. Enfin, à partir de Baabda, Samir Geagea a appelé à ce que les FL et le CPL deviennent comme le tandem chiite Amal et le Hezbollah, alors que le numéro 2 du parti, Georges Adwan, a affirmé que les ministres des FL seront ceux du président. Face à ces arguments, le CPL, du moins les sources qui en sont proches, présente une approche différente. Pour ces milieux, la situation actuelle est différente de celle qui prévalait en novembre 2016 lors des tractations pour la formation de l’actuel gouvernement. Le président de la République venait d’être élu et les FL avaient activement contribué à cette élection, selon les dispositions de l’entente de Meerab. Le chef de l’État nouvellement élu et le chef du CPL, Gebran Bassil, étaient alors pleins d’enthousiasme pour concrétiser à travers le gouvernement l’entente avec les FL. Ils ont donc tous les deux déployé de grands efforts auprès du Premier ministre Saad Hariri, mais aussi auprès de leur allié, le Hezbollah, pour leur faire accepter l’idée de donner quatre portefeuilles aux FL. Cela n’a pourtant pas été chose facile et finalement les FL ont bénéficié du refus des Kataëb de participer au gouvernement en prenant le portefeuille qui leur revenait. Mais qu’elle n’a été la surprise du CPL de voir, dans la pratique, qu’au moins deux des quatre ministres des FL ont consacré leur présence au gouvernement à critiquer les ministres du CPL, dans une véritable entreprise de sape. À aucun moment les ministres du CPL n’ont senti que leurs collègues des FL faisaient équipe ou front avec eux. Au contraire, ils étaient toujours en tête de leurs détracteurs. Ce qui, aujourd’hui, ne les pousse pas à défendre les exigences des FL. En conséquence, poursuivent les sources proches du CPL, que les FL se débrouillent donc seules, sachant qu’aucune partie interne, y compris le Premier ministre, selon ces sources, ne tient particulièrement à répondre à leurs demandes.
(Lire aussi : Litige FL-CPL : entre « isolement » et guerre des portefeuilles)
Sur le plan des chiffres, les milieux proches du CPL précisent que l’entente de Meerab n’a jamais stipulé que les FL devraient obtenir la même part que le CPL dans le gouvernement d’après les législatives, d’autant qu’en principe les parts gouvernementales devraient dépendre des résultats des élections. Nul ne pouvait donc prendre des engagements sur ce sujet. De plus, si l’on tient compte des résultats des élections, poursuivent les sources, le CPL, avec ses alliés qui se sont engagés à appuyer le régime, bénéficie pratiquement du double des sièges des FL. Il n’y a donc aucune logique à ce que les deux blocs obtiennent les mêmes parts au sein du gouvernement. Enfin, dire que les ministres des FL seront ceux du président relève plus des déclarations politiques que de la réalité, l’expérience de l’actuel gouvernement n’ayant pas été encourageante sur ce point précis. Et comment les deux partis pourraient-ils fonctionner comme le tandem chiite Amal et le Hezbollah, alors qu’elles sont en désaccord sur de nombreux points importants et alors que le CPL a le sentiment que les FL n’ont d’autre objectif que de détruire son image et de le combattre, disent encore ces milieux.Au sujet de la part gouvernementale du président, distincte de celle du CPL, qui est contestée par les FL et d’autres formations politiques, les sources du parti de Bassil rappellent qu’il s’agit d’une coutume adoptée pour tenter de rééquilibrer les pouvoirs au sein du gouvernement, sachant que le chef de l’État n’a pas droit au vote. Elle n’a donc rien à voir avec les poids politiques, et la contestation de cette coutume peut s’expliquer si elle vient d’autres formations, mais non lorsqu’elle est formulée par les FL, qui, dans l’entente de Meerab, s’étaient engagées à renforcer le rôle des chrétiens dans l’équation politique et dans celle du pouvoir.
Voilà donc les grandes lignes du conflit entre le CPL et les FL au sujet de la formation du gouvernement qui repose essentiellement sur une profonde crise de confiance. Dans ce contexte, le rôle de Saad Hariri ne sera assurément pas facile.
Lire aussi
et pourtant a l'origine en 1988 c'etait bien parti , un peu comme cette fois-ci en 2016 : geagea & aoun empechent l'election de M daher... du coup Aoun est nomme chef de gouv. interets convergeants pour pas longtemps car Aoun ne peut pas gober geagea, veut tt pour lui , declare sa geuguerre contre lui, - Aoun qui a commence par beneficier de l'appui de geagea en 1988 tt comme en 2016..... d'ou l'erreur de se faire confiance l'un l'autre... MAIS commise par le seul geagea ! ET ILS DISENT TOUS QUE L'HISTOIRE SE REPETE ! NON C LA CONNERIE QUE SE REPETE ! C L'ARROGANCE et la deloyaute qui ont longue vie !
14 h 00, le 01 juin 2018