Rechercher
Rechercher

Liban - Portrait

Nabih Berry, un record de longévité à la tête d'un Parlement dans le monde arabe

C’est sans surprise que Nabih Berry a été réélu hier avec 98 voix pour un sixième mandat à la tête du Parlement, un record de longévité à ce poste dans le monde arabe.

En trois décennies, le n°2 de l’État s’est imposé comme une figure incontournable de la vie politique libanaise, en dépit des changements et des bouleversements majeurs intervenus successivement dans le pays, depuis la fin de la guerre et l’adoption de l’accord de Taëf (octobre 89). Il a succédé à Hussein Husseini à la tête de la Chambre, à la faveur des législatives de 1992, les premières élections consécutives à la guerre, mais qui avaient été largement boycottées par les partis chrétiens qui réclamaient au préalable le départ des troupes de Damas, qui devait, à la faveur de ce scrutin, consacrer sa mainmise sur le pays.

Allié traditionnel de la Syrie, le président de l’Assemblée, également chef du mouvement Amal fondé par l’imam Moussa Sadr, s’est cependant imposé un droit de réserve depuis que la guerre a éclaté dans ce pays, en 2011. Il s’est abstenu et continue de s’abstenir de formuler la moindre opinion sur les événements qui secouent la Syrie, et encore moins sur l’intervention de son allié chiite dans les hostilités qui s’y déroulent. Une réserve qui serait mal vue par Damas, mais qui consacre le rôle d’interlocuteur centriste, voire de médiateur que Nabih Berry a joué au plan local lors des crises politiques que le Liban a traversées. On retiendra dans ce cadre la conférence élargie de dialogue qu’il avait convoquée trois jours, en août 2016, après la fin du mandat du président Michel Sleiman, durant la période de vide présidentiel. Ces assises, qui avaient à leur ordre du jour deux sujets principaux : la crise de la présidentielle et la loi électorale, n’avaient pas abouti mais avaient contribué à calmer le discours politique qui montait dans le pays. Idem pour le dialogue entre le Hezbollah et le courant du Futur. Également parrainé par Nabih Berry, il avait surtout servi à mettre fin à la guerre verbale que les partis se livraient.

Avant de présider l’Assemblée, Nabih Berry avait été nommé ministre à cinq reprises, entre 1984 et 1992. Il est nommé député en 1991, après la conclusion de l’accord de Taëf, en vertu duquel le nombre des députés est passé de 108 à 128, avant d’être élu à l’un des sièges chiites du Liban-Sud en 1992. Il a été reconduit à son poste en 1996, puis en 2000, toujours sans concurrent, grâce à des députés en majorité prosyriens et au soutien du Hezbollah.

Politique syrienne
En 2005, après l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, et le retrait des troupes syriennes, il est parvenu à se faire réélire grâce à un accord préélectoral, dit quadripartite, avec le courant du Futur, le PSP et le Hezbollah. En 2009, le même scénario s’est répété, les groupes parlementaires des partis qui composaient la coalition du 14 Mars n’ayant pas présenté de candidat chiite à la tête de la Chambre, soucieux d’éviter une confrontation politique à l’époque. « Ce dont je suis le plus fier dans ce long parcours est d’avoir fondé et participé à la résistance contre Israël », a récemment affirmé à l’AFP Nabih Berry.

Avocat diplômé de droit en 1963, Nabih Berry a fait son entrée en politique en rejoignant dans les années 1970 Amal, mouvement dit des « déshérités » fondé par l’imam Moussa Sadr. Deux ans après la disparition de ce dernier en Libye, M. Berry a pris la tête d’Amal, alors que le Liban était en pleine guerre, devenant l’un des principaux artisans de la politique syrienne dans le pays. Pendant la sanglante guerre des camps palestiniens (1985-1988), ses miliciens ont croisé le fer avec les partisans de Yasser Arafat, chef de l’OLP et ennemi juré de la Syrie. Ses troupes ont également combattu, aux côtés du Hezbollah naissant, contre l’occupation israélienne et la présence de la Force multinationale, jusqu’à son retrait en 1984. Un temps rival du Hezbollah sur la scène chiite – une rivalité émaillée de heurts sanglants entre frères ennemis durant la guerre civile – Nabih Berry deviendra son plus grand allié à partir des années 90, en raison du souci de Damas de renforcer l’unité des chiites.

Né le 28 janvier 1938 au Sierra-Leone, M. Berry est originaire de Tebnine au Liban-Sud. Il a effectué une partie de ses études scolaires au Collège de la Sagesse et a suivi des études de droit à l’Université libanaise puis à la Sorbonne. Il a vécu pendant une certaine période aux États-Unis.

C’est sans surprise que Nabih Berry a été réélu hier avec 98 voix pour un sixième mandat à la tête du Parlement, un record de longévité à ce poste dans le monde arabe.En trois décennies, le n°2 de l’État s’est imposé comme une figure incontournable de la vie politique libanaise, en dépit des changements et des bouleversements majeurs intervenus successivement dans le pays,...

commentaires (1)

Le.parlement libanais a donc un meilleur pourcentage d'emploi que la moyenne des emplois au Liban... On y est et on risque très peu d en sortir...

Wlek Sanferlou

16 h 51, le 24 mai 2018

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Le.parlement libanais a donc un meilleur pourcentage d'emploi que la moyenne des emplois au Liban... On y est et on risque très peu d en sortir...

    Wlek Sanferlou

    16 h 51, le 24 mai 2018

Retour en haut