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À La Une - Iran

L'engagement iranien en Syrie triomphe au cinéma à Téhéran

Sorti à l'occasion de Norouz, le Nouvel An persan fêté le 21 mars, le film "Bé Vaght-é Cham" ("À l'heure de Damas") a attiré en sept semaines 1.388.700 spectateurs.  Des contrats de distribution ont déjà été signés au Liban, au Japon, en Corée du Sud et en Pologne.

Le réalisateur iranien Ebrahim Hatamikia posant devant des images de son film "À l'heure de Damas", à Téhéran, le 1er mai 2018. AFP / ATTA KENARE

L'engagement militaire de l'Iran en Syrie suscite la peur en Occident et en Israël mais à Téhéran, une fiction cinématographique centrée sur la lutte antijihadiste de deux Iraniens dans le pays en guerre triomphe dans les salles.

Sorti à l'occasion de Norouz, le Nouvel An persan fêté le 21 mars, le film "Bé Vaght-é Cham" ("À l'heure de Damas") a attiré en sept semaines 1.388.700 spectateurs, ce qui le place en deuxième position du box-office iranien derrière un drame sur des victimes de prostitution, selon les derniers chiffres du site cinematicket.org.
Doté d'un budget de 100 milliards de rials iraniens (environ deux millions d'euros), le long métrage a déjà dégagé des recettes de 113 milliards de rials (environ 2,3 millions d'euros).

Tourné en Syrie et en Iran avec de nombreux effets spéciaux, le film réalisé par Ebrahim Hatamikia se déroule à un rythme haletant et raconte l'histoire d'un père et de son fils, tous deux pilotes militaires iraniens, aux prises avec le groupe extrémiste Etat islamique (EI) en Syrie.
Outre ses exactions en Syrie et en Irak ainsi que son implication dans des attaques en Europe, l'EI a aussi revendiqué des attentats meurtriers à Téhéran qui avaient fait 17 morts en juin 2017.

À la fin du film, le fils se sacrifie pour sauver son père et d'autres compagnons d'infortune capturés par l'EI. Il permet aussi de déjouer une attaque suicide aérienne sur le palais présidentiel à Damas, ce qui a provoqué les larmes du chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif lorsqu'il a vu le film, selon des médias iraniens.

"J'ai le sentiment que [le film] donne une image de ce qui se passe dans la région plus conforme à la réalité que celle véhiculée par les médias étrangers", déclare à l'AFP Shahabi, étudiant, à la sortie d'une séance à Téhéran. Et l'engagement iranien en Syrie est aujourd'hui "le sujet du moment dans le monde entier".


(Lire aussi : Pourquoi les Iraniens ont baissé le ton )



"Crimes" de l'EI 
Téhéran a envoyé en Syrie des milliers de combattants "volontaires" iraniens ou afghans ainsi que des "conseillers militaires" issus de l'armée régulière mais aussi du corps d'élite des Gardiens de la Révolution pour combattre avec les forces de Bachar el-Assad, aussi bien contre les rebelles que contre les jihadistes.

Mais cette présence transparaît peu dans le film en dehors des deux personnages principaux.
La caméra s'attache davantage à montrer les "crimes" de Daech (acronyme arabe pour l'EI), souligne le réalisateur qui s'est fait connaître par des films sur la guerre entre l'Irak et l'Iran (1980-1988).

M. Hatamikia a reçu l'AFP au centre culturel Ouj, dans le centre de Téhéran. Cette institution, qui a produit son film, est financée par les Gardiens de la Révolution, comme en témoignent les plaques à la mémoire de "martyrs" à chaque étage.

Avec "À l'heure de Damas", "j'ai voulu montrer la réalité autant que possible", explique M. Hatamikia. "Ce film n'est pas politique, c'est un film humain et humanitaire ; d'un côté, il y a des tueurs, et de l'autre ceux qui ont apporté leur aide pour qu'il y ait moins de meurtres. C'est cela l'histoire".
"Lorsque les États-Unis se vantent en permanence en disant que tant de leurs soldats ont débarqué en Normandie pour sauver l'humanité [pendant la Seconde Guerre mondiale, NDLR], la même chose s'est passée ici au Proche-Orient, où nous avons voulu aider des gens qui ont la même religion et la même culture que nous", ajoute-t-il.

Les Etats-Unis, l'Europe et Israël voient au contraire l'engagement iranien en Syrie comme un facteur de "déstabilisation" régionale. Israël - qui affirme avoir attaqué jeudi des dizaines de cibles "iraniennes" en Syrie - le décrit comme une menace contre son existence.


(Lire aussi : Lieberman à Assad : Mettez les Iraniens dehors)


"Défendre le régime" 
L'Iran aime à rappeler qu'il intervient en Syrie "à la demande des autorités légitimes".

"Je me considère comme un musulman croyant et je veux présenter ma vision en tant que musulman", dit M. Hatamikia. "Face à nous, il y a Daech qui brandit aussi le drapeau de l'islam" mais c'est une "déviation [...] satanique", ajoute-t-il.

M. Hatamikia, qui ne cache pas "défendre le régime", glisse qu'il "regrette vraiment (...) la décision" des autorités iraniennes d'interdire à son confrère Jafar Panahi, invité cette année au Festival de Cannes, d'exercer son activité en Iran et de sortir du pays.

Après son succès en Iran, "Bé Vaght-é Cham" cherche à s'exporter. Selon ses producteurs, des contrats de distribution ont déjà été signés au Liban, au Japon, en Corée du Sud et en Pologne.


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DANS L,ATTENTE DES NOUVEAUX DECULOTTAGES !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 59, le 17 mai 2018

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Commentaires (2)

  • DANS L,ATTENTE DES NOUVEAUX DECULOTTAGES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 59, le 17 mai 2018

  • Si l'Iran ne le fait pas c'est pas les usa et leurs affidés qui le ferait, de nous montrer l'horreur des massacres de leurs mercenaires wahabites à dénomination multiple et sous influence. Reste à souhaiter que l'Iran n'ira pas imiter les usa qui ne gagnent leurs guerres que à hollywood.

    FRIK-A-FRAK

    21 h 49, le 16 mai 2018

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