L'escalade militaire inédite jeudi entre Israël et l'Iran a alarmé la communauté internationale qui a appelé à la retenue face au danger d'une guerre ouverte entre les deux pays ennemis sur le théâtre syrien.
Avant l'aube, Israël a mené des dizaines de raids aériens meurtriers contre des cibles présentées comme iraniennes en Syrie, affirmant riposter à des tirs de roquettes iraniennes contre la partie du plateau du Golan sous son contrôle. Si leur paternité était confirmée, ces tirs de roquettes serait une première attaque directe de la part de l'Iran contre des positions israéliennes dans la confrontation à distance depuis des décennies entre les deux pays. La riposte israélienne est quant à elle d'une ampleur exceptionnelle en Syrie depuis le début de la guerre civile dans ce pays en 2011.
Pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l'Iran a franchi une "ligne rouge". "Notre réaction a été en conséquence. Tsahal (l'armée israélienne) a mené une attaque de grande envergure contre des objectifs iraniens en Syrie", a-t-il dit sur Twitter.
Des experts ont estimé qu'un pas avait été franchi dans l'hostilité israélo-iranienne en Syrie où l'Iran aide militairement le régime de Bachar el-Assad.
Le point de non-retour n'est pas atteint, et la Russie, allié de M. Assad mais aussi interlocuteur de l'Iran et d'Israël, a un rôle déterminant à jouer, jugent-ils. Ils font valoir combien la situation est volatile et sujette aux intentions iraniennes et israéliennes d'en rester là ou non.
L'armée israélienne a assuré ne pas chercher l'embrasement, tout en se disant prêt à tous les scénarios. L'Iran a gardé le silence. Mais dans un contexte d'incertitudes et de tensions régionales avivées par la décision du président Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, les frappes israéliennes marquent une "nouvelle phase" dans la guerre en Syrie, a clamé le régime Assad.
"L'escalade des dernières heures nous montre qu'il y va vraisemblablement de la guerre ou de la paix", a prévenu la chancelière allemande Angela Merkel. Berlin, Londres, Paris et Moscou ont appelé à la retenue. Alors que Berlin et Londres s'opposent à Washington sur le nucléaire iranien, ils ont comme lui dénoncé les "attaques iraniennes" et soutenu le droit d'Israël à se défendre.
Dans le repositionnement régional en cours dans la région vis-à-vis de l'Iran chiite, même Bahreïn, proche allié de l'Arabie saoudite sunnite sans relation diplomatique avec Israël, a affirmé que ce dernier avait "le droit de se défendre".
(Lire aussi : L’Iran pourrait riposter à la décision de Trump en employant ses cartes au Moyen-Orient)
Selon les Israéliens, al-Qods, la brigade iranienne pour les opérations extérieures, a tiré peu après minuit (21H00 GMT mercredi) une vingtaine de roquettes de type Fajr et Grad vers les premières positions sur la partie du Golan occupée par Israël, de l'autre côté de la ligne de démarcation. Quatre projectiles ont été interceptés par les systèmes anti-aériens, et les autres sont tombés en dehors d'Israël, a affirmé l'armée. Il n'y pas eu de victimes.
C'est la première fois depuis le début de la guerre en Syrie qu'Israël impute de telles frappes à l'Iran. Selon le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, un porte-parole de l'armée, l'opération aérienne israélienne est "certainement la plus importante contre des cibles iraniennes". L'aviation israélienne a frappé le lance-roquettes d'où étaient partis les projectiles, dans la périphérie de Damas, ainsi qu'environ 70 cibles militaires iraniennes, sites de renseignement, de logistique, de stockage, postes d'observation à travers toute la Syrie, a-t-il dit. Ces frappes ont tué 23 combattants prorégime, dont 18 étrangers, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Moscou a affirmé que l'armée israélienne avait tiré environ 70 missiles, dont une soixantaine à partir de 28 avions F-15 et F-16. La défense anti-aérienne syrienne en a détruit plus de la moitié. Tous les appareils israéliens sont rentrés indemnes à leur base après avoir atteint les objectifs retenus, a déclaré le porte-parole militaire israélien. Selon lui, il faudra des mois et peut-être plus aux Iraniens pour reconstituer le potentiel détruit.
Les missiles israéliens ont touché des bases au sud-ouest de Homs (centre), ainsi qu'à Mouadamiyat al-Cham à l'ouest de Damas, "où se trouvent des combattants iraniens ainsi que du Hezbollah libanais et de la 4e brigade" de l'armée syrienne, a précisé l'OSDH.
(Repère : Le plateau du Golan, principal contentieux israélo-syrien)
Une vidéo publiée par Sana, l'agence de presse officielle syrienne
Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman a assuré que l'armée israélienne a frappé quasiment la totalité des infrastructures iraniennes en Syrie. "Nous avons frappé presque toutes les infrastructures iraniennes en Syrie, ils ne doivent pas oublier l'adage selon lequel, si la pluie nous tombe dessus, la tempête s'abattra sur eux", a-t-il dit lors d'une conférence sur les questions de sécurité. "J'espère que cet épisode est clos et qu'ils ont compris".
(Lire aussi : À Moscou, Netanyahu tente de convaincre Poutine sur la Syrie)
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commentaires (9)
Comme en football, il y a la 1ère division et la 2nde division. Depuis la seconde guerre mondiale, on a évité la 3ème parce que les équipes de la 1ère division avaient tous des armes dissuasives, nucléaires en occurence. Et comme le championnat de 1ère division est devenu ennuyant, alors on se défoule en 2nde division. Et pour que cela reste drôle, il ne faut pas qu'il y ait équilibre des forces comme en 1ère division. Non il faut garder une 2nde division pleine de suspens, avec des favoris et des challengers. Depuis 1948...le championnat de 2nde division se passe au proche orient avec un seul favori et des challengers. Et pour que le favori reste favori, il est soutenu par les écuries de la 1ère division. Aussi, on a changé les règles du jeu, le favori seul a le droit d'avoir une force de frappe, de dissuasion nucléaire, d'attaquer et de se défendre. Si les challengers attaquent, ils sont hors jeu. Et s'il s'organisent pour se défendre, ils sont hors jeu. C'est vraiment pas drôle! Mais si il y avait équilibre des forces en 2nde division, le jeu se déplacerait en 3ème division! Et c'est là le problème, ne voulant pas jouer en 1ère division, ni rétrogradés en 3ème division, les seigneurs de la guerre feront tout pour rester en 2nde division. Malheur à nous!
PPZZ58
21 h 06, le 10 mai 2018