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Liban - Participation de la femme

Six députées seulement au Parlement libanais... un résultat pressenti

Les féministes se mobilisent déjà pour un gouvernement qui respecte mieux la parité hommes-femmes.

De gauche à droite, de haut en bas : Sethrida Tok Geagea, Paulette Yacoubian, Rola Tabch Jaroudi, Inaya Ezzeddine, Bahia Hariri et Dima Jamali.

Six femmes seulement siégeront au Parlement libanais. Six femmes seulement représenteront plus de la moitié de la population. Six femmes sur 128 élus, c’est à peine mieux que la représentation féminine précédente au sein de l’hémicycle, qui, avec 4 députées, plafonnait à 3 %. Soit un petit 4,68 %. Parmi ces nouvelles parlementaires, deux femmes ont été réélues. Il s’agit de Bahia Hariri, tante de l’actuel Premier ministre, représentante du courant du Futur à l’un des deux sièges sunnites de Saïda, et Sethrida Tok, épouse du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, représentante du parti à l’un des deux sièges maronites de Bécharré. La troisième élue est une figure politique connue, Inaya Ezzeddine, ministre d’État pour le Développement administratif depuis décembre 2016. Pour la première fois de sa carrière, elle représente le mouvement Amal à l’un des quatre sièges chiites de Tyr. 


Nouvelles venues

Autre nouvelle arrivante dans l’hémicycle, Paula Yacoubian, de son vrai nom Paulette Yacoubian, est encore mieux connue du public. Cette journaliste politique de la télévision, membre du parti Sab3a au sein de la coalition Koullouna Watani, représente la société civile au siège arménien-orthodoxe de Beyrouth I. Quant aux deux nouvelles figures encore inconnues de la classe politique et de la population, il s’agit de deux représentantes du courant du Futur, toutes deux de confession sunnite : Rola Tabch Jaroudi, élue à Beyrouth II, et Dima Jamali, élue à Tripoli. La première est avocate, auteure de plusieurs publications et de propositions de loi, la seconde, professeure universitaire en politique sociale et administration à l’AUB, consultante auprès d’organismes internationaux en matière de développement. Elle a notamment travaillé avec l’OIT sur les droits des travailleurs domestiques.

Ces six femmes n’ont assurément rien à envier aux parlementaires de sexe masculin, en termes de savoir, de capacités et de compétences. En revanche, leur nombre n’a rien de réjouissant. Il est même particulièrement décevant. Et montre combien les partis politiques sont réticents à présenter des candidates, pour en faire des femmes politiques aguerries, mises à part quelques rares exceptions. Pour parler chiffres, aucune femme ne représente le CPL dans l’hémicycle. Point de femme non plus qui représente les Kataëb, ni même le PSP. Même chose pour le PSNS, les Marada et le Hezbollah. Seul tire son épingle du jeu le courant du Futur, avec trois femmes au Parlement, alors qu’une seule femme représente les FL et une femme la société civile. Piètre bilan, compte tenu des promesses vides, lancées par les chefs de parti aux associations militantes, quant à leur souci d’équité. C’était avant la formation des listes. 


Deux objectifs à court terme

Encore une fois, le résultat final est la preuve que, sans un quota de 30 % de sièges, la femme libanaise n’a aucune chance d’être représentée en force au Parlement, ni même de voir amendées ou annulées ces lois discriminatoires qui la relèguent au rang de citoyenne de seconde catégorie. « Ce résultat décevant était pressenti », affirme à L’Orient-Le Jour Joëlle Abou Farhat Rizkallah, représentant l’association Women in Front, qui reconnaît cependant que les nouvelles venues sont arrivées par leurs propres efforts et ne sont ni femmes de ni filles de. « Tant qu’il n’y a pas de quota féminin, quelques femmes seulement parviendront à entrer dans l’hémicycle, constate-t-elle, car rien ne les poussera à être élues dans une société patriarcale, gérée par des leaders politiques hommes peu soucieux de faire une place aux femmes. » Autrement dit, « sans quota féminin de 30 %, sans changement de la loi électorale dans ce sens, les femmes du Liban n’ont aucune chance », regrette-t-elle. Et de rappeler que 128 pays ont déjà adopté le quota féminin au niveau des sièges. « Quant à la Tunisie, elle a imposé la parité totale sur les listes de candidats, afin que les femmes obtiennent un minimum de 30 % de sièges au Parlement », dit-elle. 

Au pays du Cèdre, le combat des femmes est donc loin d’être terminé. Women in Front se fixe pour l’instant deux objectifs à court terme. D’abord, mener une campagne pour une bonne participation de la femme au sein du prochain gouvernement. « Nous ne voulons pas d’un gouvernement avec une seule femme ministre, ni même un homme à la tête du ministère des Droits de la femme », martèle-t-elle. L’association envisage aussi de mener campagne pour « réclamer une nouvelle fois le quota féminin ». Mme Abou Farhat tient à faire part de la grande frustration de toutes les femmes membres de partis politiques, qui ont sciemment été écartées des listes électorales, au profit de candidates indépendantes. « Désormais, les partis politiques ne peuvent plus faire marche arrière », dit-elle, rappelant les promesses qu’ils ont faites à leurs partisanes en termes de parité. Rappelant surtout qu’« un nouveau gouvernement sans femme, c’est particulièrement grave ».

Les six députées ont aujourd’hui une lourde responsabilité. Non seulement elles ont du pain sur la planche pour tenter d’amender toutes les lois discriminatoires envers les femmes. Mais elles ont la lourde tâche de mobiliser et de convaincre un Parlement patriarcal et des partis politiques peu convaincus de laisser la femme se mêler de politique.


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Six femmes seulement siégeront au Parlement libanais. Six femmes seulement représenteront plus de la moitié de la population. Six femmes sur 128 élus, c’est à peine mieux que la représentation féminine précédente au sein de l’hémicycle, qui, avec 4 députées, plafonnait à 3 %. Soit un petit 4,68 %. Parmi ces nouvelles parlementaires, deux femmes ont été réélues. Il s’agit de...

commentaires (2)

6 femmes dont une épouse de .... et une tante et soeur de..... Avec ça on voudrait combattre la corruption et le népotisme ? HAHAHAHAHA. ....

FRIK-A-FRAK

10 h 38, le 09 mai 2018

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Commentaires (2)

  • 6 femmes dont une épouse de .... et une tante et soeur de..... Avec ça on voudrait combattre la corruption et le népotisme ? HAHAHAHAHA. ....

    FRIK-A-FRAK

    10 h 38, le 09 mai 2018

  • Elles ne sont peut-être que 6, mais elles sont très fortes et intelligentes, comme beaucoup de Libanaises. Elles sauront y faire!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 46, le 09 mai 2018

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