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Nucléaire iranien: le coup d'éclat israélien se heurte à la résistance européenne

La France, le Royaume-Uni et l'Union européenne ont indiqué que les informations présentées par le Premier ministre israélien pour dénoncer l'accord conclu en 2015 avec l'Iran ne faisaient que conforter son bien-fondé. 


Les Européens ont clairement signalé mardi que la masse d'informations recueillies selon Israël par ses espions à Téhéran ne semblaient pas justifier une remise en cause de l'accord nucléaire conclu en 2015 avec l'Iran. REUTERS/ Amir Cohen/File Photo

Les Européens ont clairement signalé mardi que la masse d'informations recueillies selon Israël par ses espions à Téhéran ne semblaient pas justifier une remise en cause de l'accord nucléaire conclu en 2015 avec l'Iran.

La France, le Royaume-Uni et l'Union européenne, tous partisans du maintien de cet accord historique, ont indiqué que les informations présentées lundi par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour dénoncer l'accord ne faisaient que conforter son bien-fondé. M. Netanyahu a indiqué qu'il communiquerait les informations israéliennes à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et aux acteurs internationaux concernés.

L'AIEA s'est dite prête à examiner toutes les informations pertinentes qui lui parviendraient. En attendant, cette organisation a renvoyé aux conclusions contenues dans un de ses rapports de 2015 et selon lesquelles, contrairement à ce que dit M. Netanyahu, elle n'a "aucune indication crédible d'activités en Iran liées au développement d'un engin nucléaire après 2009". M. Netanyahu a défendu ses propos mardi sur la chaîne américaine CNN: "Personne n'était mieux renseigné qu'Israël sur l'Iran". "Personne ne cherche" la confrontation armée avec l'Iran, a-t-il toutefois temporisé.

Le président américain Donald Trump, principal allié d'Israël, a donné aux Européens jusqu'au 12 mai pour trouver un nouveau texte qui remédierait aux "terribles lacunes" de l'accord 2015, faute de quoi les Etats-Unis s'en retireront.  Mais à l'approche de cette échéance, la déclaration de M. Netanyahu ne semble guère avoir fait bouger les lignes. Elle montre "vraiment que j'ai raison à 100%", a dit le président Trump, qui a déjà maintes fois promis de "déchirer" l'accord, censé garantir le caractère civil du nucléaire iranien.

L'Iran, qui a toujours démenti chercher à se doter de l'arme nucléaire, a de son côté indiqué que M. Netanyahu était "un menteur invétéré".


(Lire aussi : Israël passe à la vitesse supérieure contre l’Iran)



"Dénégations constantes"

Lundi soir, le Premier ministre israélien a dévoilé ce qu'il a présenté comme une prise exceptionnelle réalisée par les espions israéliens à Téhéran même, et les "preuves concluantes" de l'existence d'un plan secret de l'Iran pour se doter de l'arme nucléaire.

Une centaine de milliers de photos, vidéos et autres graphiques montrent selon lui que l'Iran, malgré ses dénégations constantes, a bien développé de 1999 à 2003 un projet secret pour produire la bombe atomique.

Israël, ennemi juré de l'Iran, se voit comme une cible désignée si ce pays se dotait de l'arme nucléaire. La destruction de l'Etat hébreu fait partie de la rhétorique de l'Iran. Selon M. Netanyahu, Téhéran a mis ce projet secret de côté mais a continué jusqu'à aujourd'hui, dans le cadre d'une organisation modifiée, à préserver son savoir-faire et à développer ses capacités nucléaires militaires. L'Iran a gardé au frais le projet secret pour le ressortir "au moment de son choix", a-t-il affirmé.


(Lire aussi : Nucléaire iranien : Macron réclame des discussions sur un nouvel accord, Poutine veut sa "stricte application") 


"Mensonges"

M. Netanyahu s'est essentiellement employé à convaincre qu'on ne pouvait pas faire confiance à l'Iran et que l'accord de 2015 "repose sur des mensonges". Il s'est dit confiant que M. Trump ferait le "bon choix" d'ici au 12 mai.

Pour la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini, M. Netanyahu n'a pas "remis en question le respect" par l'Iran de l'accord nucléaire. Les affirmations de M. Netanyahu "renforcent" la pertinence de l'accord, qui interdit toutes les activités liées au développement d'une arme nucléaire et instaure un des régimes d'inspection les plus robustes de l'histoire, a dit Paris

Même son de cloche à Londres, où le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a estimé que ces affirmations soulignaient "l'importance" de "conserver" l'accord, qui "n'est pas basé sur la confiance mais sur des vérifications". Le président français Emmanuel Macron défend l'accord mais s'est aussi dit favorable à son élargissement, notamment sur le contrôle de l'activité nucléaire après 2025 et le programme de missiles balistiques de l'Iran.

A la suite de ces réactions, le ministre israélien chargé du Renseignement, Yisrael Katz, a dénoncé à la radio militaire "l'hypocrisie des Européens", tout en admettant que "jusqu'à présent, les Iraniens respectent l'accord de 2015". Aux Etats-Unis, des anciens de l'administration Obama, qui avait négocié l'accord avec l'Iran, ont critiqué M. Netanyahu.

Le contenu "n'est pas nouveau", a tweeté Dan Shapiro, ex-ambassadeur en Israël. "(M. Trump) a déjà pris sa décision. Cette présentation (de M. Netanyahu), coordonnée avec son équipe, sera citée comme preuve pour la justifier".

Pour le quotidien israélien Yediot Aharonot, la démonstration du Premier ministre montre seulement que les scientifiques iraniens ne sont pas devenus des "enfants de choeur" après 2015. Les documents produits sont un "plat de pâtes réchauffées servant l'image du Premier ministre" comme garant de la sécurité d'Israël, écrit le journal.


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