Rechercher
Rechercher

Liban - Législatives 2018 - Portrait

Ghada Assaf veut défendre les options de Michel Aoun à Baalbeck-Hermel

Photo D. R.

Ghada Assaf ne ressemble en rien aux autres candidats de Baalbeck-Hermel, ni dans les raisons qui l’ont poussée à se présenter dans cette circonscription complexe ni dans la campagne qu’elle mène avec une certaine discrétion. Éducatrice de formation, de carrière et de vocation, elle ne cherche pas le sensationnel, ni les projecteurs ni les devants de la scène. Ce qu’elle souhaite, c’est faire avancer ses idées et sa vision du Liban qui se résume à un homme, le président Michel Aoun. Elle est d’ailleurs une « aouniste » de la première heure, ayant suivi son combat en faveur de l’État et de ses institutions, depuis son conflit avec les milices, puis avec l’occupation syrienne et jusqu’à sa lutte politique pour les valeurs de l’État et pour la particularité du Liban, modèle de coexistence dans la région et peut-être dans le monde. « Pour moi, dit-elle, le président Aoun est un visionnaire. J’aime comment il a réussi à pousser les chrétiens, traditionnellement tournés vers l’Occident, à revenir vers le Machrek. Pour moi, c’est un leader national qui veut bâtir le Liban dont je rêve pour moi et pour mes trois filles. »

Pour elle, la chiite de Temnine (premier village du caza de Baalbeck), qui a vécu la plupart de sa vie dans cette région (excepté la période de son DEA à Strasbourg, où elle a d’ailleurs rencontré celui qui deviendra son mari le Dr Ghassan Kassem), cela n’a pas toujours été facile d’être aouniste. « Mais, précise-t-elle, mon père l’était aussi. Il nous disait tout le temps : “Un jour, les Libanais comprendront l’importance de cet homme”. » Ghada Assaf est donc issue d’une famille d’intellectuels et elle avait créé chez elle une sorte de salon littéraire, où, avec un groupe d’amis, ils échangeaient des points de vue et discutaient de l’avenir du pays et de la région. Aujourd’hui, elle estime qu’elle a une chance de faire avancer ses idées de façon concrète, à travers les élections législatives.
Elle a pourtant beaucoup réfléchi avant d’accepter la proposition que lui a faite le chef du CPL, le ministre Gebran Bassil, sachant qu’elle est devenue membre du parti depuis plus de deux ans et qu’elle y occupe la fonction de coordinatrice de la commission de l’action nationale. Elle ne pouvait pas laisser passer cette occasion d’exprimer ses convictions à une plus grande échelle et surtout d’agir concrètement pour faire avancer les choses. Ne se sent-elle pas un peu étrangère au CPL, qui est un parti à majorité chrétienne ? « C’est vrai que le CPL a été accusé à certains moments d’être un parti chrétien. Mais s’il défend les droits des chrétiens, c’est pour les rassurer, les intégrer et les empêcher d’aller vers les idéologies extrémistes et radicalisées. Moi je tiens à participer à ce processus et j’estime que j’ai un rôle à remplir dans ce domaine », dit-elle.

Sa candidature n’est-elle pas une réponse à celle de Hussein Zeaïter à Jbeil par le Hezbollah ? Ghada Assaf dément totalement cette approche. Selon elle, sa candidature n’est pas dirigée contre le Hezbollah. Elle vise simplement à montrer que le CPL est bien implanté dans la région de Baalbeck-Hermel où il a de nombreux adhérents, chrétiens et chiites. « La vocation du CPL est d’être un parti transconfessionnel et transrégional. Ces élections sont l’occasion de le montrer concrètement. C’est pourquoi c’est le parti qui a le plus grand nombre de candidats sur l’ensemble du territoire », note-t-elle.
N’a-t-elle justement pas le sentiment de servir pratiquement de faire-valoir au CPL, alors qu’elle n’a pas beaucoup de chances d’être élue ? « J’ai autant de chances que les autres, affirme Ghada Assaf, car il s’agit d’une nouvelle loi avec un mode de scrutin proportionnel. Mais, de toute façon, l’objectif de la candidature n’est pas seulement d’être élue. C’est plus profond que cela. Il s’agit de promouvoir la femme dans la région de Baalbeck-Hermel, qui est victime de préjugés, de renforcer la culture de la diversité et enfin de mettre en avant l’importance de l’éducation. Pour moi, si les ministères de l’Éducation et du Plan (qui devrait être rétabli) travaillent de concert, ils peuvent former un nouveau citoyen tourné vers l’avenir. J’estime avoir un rôle dans ce contexte, étant une spécialiste de l’éducation (elle est coordinatrice de français à l’école secondaire de Temnine Tahta) et n’étant pas issue d’une famille féodale, tout en n’étant pas l’épouse d’un leader. »


(Lire aussi : Ali el-Amine, un chiite protégé par sa seule libanité)


Nouvel élan
Mais, en réalité, ne mène-t-elle pas la bataille contre la liste du Hezbollah et d’Amal ? « Non, dit-elle, nous sommes en concurrence, mais pas des ennemis. Au contraire. Nous sommes avec la résistance. C’est un choix stratégique. Et, si celle-ci était en danger, nous serions les premiers à la défendre. Notre bataille est surtout pour exprimer notre différence, sans remettre en cause les options stratégiques. » Elle confie d’ailleurs avec émotion que sa grand-mère et sa tante ont été pratiquement les premières martyres de la guerre de juillet car elles se trouvaient dans l’ambulance bombardée par les Israéliens à Zahrani...
À Baalbeck-Hermel, la bataille aujourd’hui est politique. Le camp adverse affiche ouvertement sa volonté d’affaiblir le Hezbollah dans son fief... « C’est pourquoi nous avons refusé d’intégrer la liste des FL et du courant du Futur », répond Mme Assaf, qui ajoute que le courant du Futur souhaitait qu’elle intègre la liste car elle est une femme, chiite de surcroît, et qu’elle peut apporter des voix. Mais le CPL, et elle en particulier, ne voulait absolument pas participer à un tel combat. C’est pourquoi, il a été finalement décidé de former une liste avec l’ancien ministre Fayez Chokr (qui a quitté le parti Baas, tout en gardant les mêmes options stratégiques).
Le CPL n’a-t-il pas été dérangé d’avoir été mis devant le fait accompli par le Hezbollah qui a formé sa liste seul avec Amal ? « Si, bien sûr, reconnaît la candidate. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons finalement formé une liste qui nous ressemble, pour être présents dans cette circonscription. Je l’appelle d’ailleurs “la liste-refuge”, parce qu’elle vise à attirer tous ceux qui sont mécontents de la situation économique et sociale dans cette région, sans remettre en cause les options stratégiques. »


(Lire aussi : Chawki Daccache, la « cause » d’abord...)


Ghada Assaf ne compte pas faire trop d’apparitions dans les médias, elle préfère la campagne de proximité, avec les habitants de sa circonscription. Elle affirme que son mari la soutient et qu’il est fier d’elle, « comme beaucoup d’hommes de Baalbeck-Hermel, contrairement aux préjugés dont ils sont victimes ». Que fera-t-elle le 7 mai, si elle n’est pas élue ? « Je poursuivrai mon combat, dit-elle. La candidature m’aura donné un nouvel élan. Je pourrai donc mieux me faire entendre et faire entendre la vision du général Aoun, qui a permis aux musulmans de parler du cèdre sans honte, et aux chrétiens de brandir les valeurs nationalistes arabes sans se sentir isolés dans leur environnement. C’est cela la force du CPL, et c’est pourquoi je le considère comme une planche de salut pour le Liban. »


Lire aussi

Amine Rizk, amoureux du Jezzine traditionnel et porteur d’idées modernes

Antoine Kalaydjian : Sauvegarder la présence chrétienne au Liban est « un devoir »

Joumana Haddad : Je n’ai pas peur de la confrontation

Rafic Bazerji : Je veux œuvrer pour les jeunes... alors que la classe politique fait le contraire

Michel Moawad : C’est en me réconciliant avec le CPL que je ressemble à mon père

Fadi Khoury : Résister contre l’ablation de la mémoire pour mieux s’inscrire dans le futur

Antoine Pano, du champ de bataille à l’arène politique

Ghada Assaf ne ressemble en rien aux autres candidats de Baalbeck-Hermel, ni dans les raisons qui l’ont poussée à se présenter dans cette circonscription complexe ni dans la campagne qu’elle mène avec une certaine discrétion. Éducatrice de formation, de carrière et de vocation, elle ne cherche pas le sensationnel, ni les projecteurs ni les devants de la scène. Ce qu’elle souhaite,...

commentaires (3)

Chère compatriote Ghada Assaf, Récemment dans le journal An-Nahar, j'ai vu un panneau à l'entrée du casa de Hermel en arabe et en anglais "Welcome to Hermel". Tout en vous souhaitant le succès le 6 mai prochain et aussi au nom de la francophonie qui nous unit, je vous prie d'oeuvrer, dès votre entrée au Parlement, pour ajouter "Bienvenue au Hermel" en français. Le Liban était bilingue, aujourd'hui il devient trilingue.

Un Libanais

19 h 47, le 21 avril 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Chère compatriote Ghada Assaf, Récemment dans le journal An-Nahar, j'ai vu un panneau à l'entrée du casa de Hermel en arabe et en anglais "Welcome to Hermel". Tout en vous souhaitant le succès le 6 mai prochain et aussi au nom de la francophonie qui nous unit, je vous prie d'oeuvrer, dès votre entrée au Parlement, pour ajouter "Bienvenue au Hermel" en français. Le Liban était bilingue, aujourd'hui il devient trilingue.

    Un Libanais

    19 h 47, le 21 avril 2018

  • Je crois que les libanais qui votent pour Aoun , en particulier les chrétiens, aiment vivre à genoux devant les iraniens je vous plains , Madame Il y a encore des chrétiens libanais qui ont le sens de la fierté pour ne pas être soumis à un pays étranger Vous vous mordrais les doigts plus tard

    FAKHOURI

    16 h 29, le 21 avril 2018

  • Tres tres touchant de factualites et de verites. A quand un decryptage se rapportant a disons samir geagea ou un autre allie presume a aoun

    Gaby SIOUFI

    11 h 50, le 21 avril 2018

Retour en haut