Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Photo d'archives/AFP
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a minimisé dimanche la portée des bombardements menés à l'aube de samedi par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni contre le régime du président syrien Bachar el-Assad, qu'ils accusent d'être responsable de l'attaque chimique qui a eu lieu le 7 avril à Douma, en banlieue de Damas.
"Les raids coïncident avec l'arrivée des experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) qui devaient se rendre à Damas et à Douma sur les lieux de l'attaque chimique présumée pour mener leur enquête", a déclaré Hassan Nasrallah lors d'un discours télévisé retransmis en direct à l'occasion d'un meeting électoral dans la localité de Machghara, dans la Békaa-Ouest, alors que les élections législatives, les premières depuis 2009, sont prévues le 6 mai.
"Israël, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, les pays du Golfe et les organisations takfiristes ont beaucoup espéré dans ces frappes", a affirmé le leader du parti chiite, "mais ces raids ont produit l'effet inverse", a-t-il ajouté, qualifiant l'attaque chimique de Douma de "pièce de théâtre dont Washington et Paris ont parfaitement connaissance".
Selon Hassan Nasrallah, ces frappes étaient d'une ampleur limitée parce que les Occidentaux redoutent les représailles de Damas et de ses soutiens. Elles n'ont pas eu l'effet escompté puisqu'elle n'ont ni terrorisé l'armée, ni aidé les insurgés ni servi les intérêts d'Israël, a-t-il dit.
"Les frappes de samedi vont paralyser le processus de Genève, compliquer la mise en place d'une solution politique et aggraver les relations internationales", a-t-il jugé, ajoutant que ces raids n'ont pas atteint leurs objectifs d'affaiblir Damas et la détermination de ses soutiens.
Samedi, le Hezbollah, qui combat en Syrie aux côtés du régime, avait dénoncé "l'agression tripartite" des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni, affirmant que "la guerre menée par Washington contre la Syrie, contre les peuples de la région et les mouvements de résistance (...) n'atteindra pas ses objectifs". Dans un discours prononcé la veille, Hassan Nasrallah, avait affirmé ne pas craindre la réaction américaine en Syrie, mettant en garde Israël contre une confrontation directe avec l'Iran.
(Lire aussi : Frappes en Syrie : un coup d’épée dans l’eau ?)
Les législatives
Sur le plan politique, le numéro un du Hezbollah a affiché son soutien à la liste "L'avenir meilleur" dans la circonscription de la Békaa II (Békaa-Ouest - Rachaya) qui comprend Abdel Rahim Mrad (sunnite), Élie Ferzli (grec-orthodoxe, mouvance Courant patriotique libre), Fayçal Daoud (druze), Mohammad Nasrallah (chiite, Amal), Nagi Ghanem (maronite, soutenu par Amal).
"Cette liste ne comporte aucun candidat issu directement du Hezbollah pour affirmer notre fidélité à nos alliés et leur dire que nous souhaitons leur victoire", a déclaré le leader du parti chiite.
Cette liste affrontera celle du "Futur pour la Békaa-Ouest et Rachaya", soutenue par le Courant du Futur et le Parti socialiste progressiste du chef druze Walid Joumblatt. Celle-ci est composée d'Amine Wehbé (chiite, Courant du Futur), Ghassan Skaff (grec-orthodoxe, mouvance Courant du Futur), Henri Chedid (maronite), Mohammad Karaaoui (sunnite, Courant du Futur), Waël Bou Faour (druze, Parti socialiste progressiste), Ziad Kadri (sunnite, Courant du Futur).
"Leur entrée au Parlement constituera une victoire pour la Résistance, ses soutiens, et au triptyque peuple-armée-résistance", a affirmé Hassan Nasrallah, insistant sur le fait que "les candidats du mouvement Amal sont aussi les candidats du Hezbollah, et vice-versa".
La campagne électorale s'est durcie ces dernières semaines dans la Békaa, où le Hezbollah et ses alliés affronteront des listes d'opposition. Dans la circonscription de la Békaa I (Zahlé), le Hezbollah présente un seul candidat, Anouar Jomaa, associé au député Nicolas Fattouche. Dans la Békaa III (Baalbeck-Hermel), l'un de ses fiefs traditionnels, le tandem chiite présente une liste opposée à sa rivale, formée par le Courant du Futur et les Forces libanaises.
(Lire aussi : Nasrallah : Nous ne voulons pas de guerre civile au Liban)
"Amis de la Syrie"
"Une présence forte au Parlement et au gouvernement est une garantie essentielle pour la Résistance et le tryptique peuple-armée-résistance", a insisté le leader chiite, assurant que les candidats de la liste "L'avenir meilleur" seront au service des habitants de la circonscription. Parmi les priorités de ces députés, la question des eaux polluées du fleuve Litani "qui doit être impérativement traitée".
"Les habitants de la Békaa-Ouest et de Rachaya constituent une partie importante de la Résistance, comme l'illustrent les martyrs, les blessés et les actions dans cette région", a-t-il ajouté, soulignant que celle-ci "poursuivra résolument sa lutte contre Israël". "Gare à l'ennemi s'il venait dans le sud et la Békaa avec ses chars et ses soldats !", a-t-il lancé.
"Il y a un camp dans la Békaa-Ouest et à Rachaya qui a pris position contre la Syrie. Si certains comptent sur le fait que la situation en Syrie va évoluer en faveur d'Israël et des États-Unis, ils se trompent, croyez-moi", a déclaré Hassan Nasrallah. "L'intérêt des habitants de la région est de revenir dans un esprit de coopération avec le voisin syrien", a-t-il ajouté.
"Il n'y a aucun candidat nommé par la Syrie, mais des amis de la Syrie", a souligné le chef du Hezbollah, répondant aux propos du chef du Courant du Futur, Saad Hariri, qui avait attaqué le parti chiite, le 31 mars dernier lors d'un grand rassemblement à Rawda, dans la Békaa-Ouest. "La décision dans la Békaa restera aux mains de ses habitants. Votre voix sera forte et atteindra le cœur de Damas et de la Ghouta", avait lancé le chef du gouvernement.
Lire aussi
Aoun : Ce qui s'est passé en Syrie n'aide pas à trouver une solution politique
Frappes en Syrie : les Occidentaux ont privilégié l’option la plus modérée
La "guerre" des Etats-Unis contre la Syrie "n'atteindra pas ses objectifs" , affirme le Hezbollah
Pour mémoire
Nasrallah menace de recourir à la rue en cas de nouvelles taxes
Mais qu'est-ce que vous voulez qu'il dise? Qu'il a recu une bonne paire de claque?
17 h 25, le 16 avril 2018