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Campus - Conférence

La Suisse dans la médiation des conflits armés

Nicolas Masson, premier secrétaire à l’ambassade de Suisse au Liban et expert en médiation, a animé une conférence, le 20 mars à l’USJ, sur le rôle de la Suisse dans la promotion de la paix à travers la médiation.

« Assez fous pour changer le monde? Médiateurs suisses dans les conflits armés » est le titre de la conférence organisée le 20 mars, au campus des sciences sociales de l’USJ, dans le cadre des activités de la Direction régionale Moyen-Orient de l’AUF célébrant le Mois de la francophonie, et suite au lancement officiel de la 2e édition de la Compétition interuniversitaire de médiation au Liban. Dans cet exposé, Nicolas Masson, premier secrétaire à l’ambassade de Suisse au Liban, a pris le parti d’approcher la question du rôle de la Suisse dans la médiation à travers un angle culturel. Sans s’attarder sur les ficelles du métier de médiateur, l’expert en médiation humanitaire s’est exprimé sur le rôle joué par la Suisse dans la promotion de la paix à travers la médiation.
Le conférencier qui a été fréquemment « appelé à jouer les intermédiaires entre des parties en conflit ou lorsque toute communication entre ces acteurs était bloquée » a également été « associé au travail du médiateur des Nations unies pour la Syrie ». Dans sa présentation, M. Masson a tenu à garder une « distance critique » vis-à-vis de la Suisse, du rôle et de la réputation qu’elle s’est forgée dans le domaine de la promotion de la paix. « La qualité première du médiateur est son impartialité : je crois donc que le médiateur suisse, pour être pleinement efficace, doit faire preuve d’impartialité aussi bien envers les parties en conflit, dont il cherche à résoudre les différends, mais également envers soi-même et son propre pays », a-t-il assuré.



Entre psychologie et génétique
 « Il existe une relation profondément intime entre le médiateur et le conflit. Plus forte sera cette relation intime avec le conflit, plus puissante sera la volonté du médiateur de s’engager pour le résoudre. Il s’agit presque d’une condition vitale à sa guérison, à sa survie, au sauvetage de son âme. Pour la Suisse, la promotion de la paix participe bel et bien d’une forme d’irraison d’État. Il faut être “assez fous” pour continuer à chercher la paix là où il est infiniment plus aisé et commun de poursuivre la guerre. Telles sont à ce stade les leçons que l’on peut tirer de l’aventure de Dunant (NDLR : Henry Dunant, célèbre Suisse, fondateur de la Croix-Rouge internationale et Prix Nobel de la paix en 1901) », a-t-il estimé. Passant ensuite à la « dimension génétique de la Suisse faiseuse de paix », l’expert en médiation poursuit : « À l’origine, génétiquement, nous ne sommes pas plus pacifiques que les autres peuples. Notre histoire est jonchée de batailles sanglantes, pour beaucoup des batailles gagnées d’ailleurs, à quelques exceptions près, contre nos voisins français, allemands et autrichiens. Nous avons aussi contribué à leurs guerres, en tant que mercenaires, gardes du pape ou protecteurs des rois de France. Or dès le XVIe siècle s’opère en Suisse un mouvement lent mais certain vers une distanciation des conflits armés qui secouent l’Europe. Petit à petit, la Suisse se retranche sur elle-même et commence à élaborer les fondements de ce qui deviendra sa neutralité actuelle... La notion de neutralité humanitaire se codifie, elle s’inscrit dans les lois et les conventions, elle fait désormais partie de l’ADN politique, du patrimoine génétique de la Suisse. »
Dans la troisième partie de son exposé, Nicolas Masson s’est aventuré sur « le plan de l’imaginaire ». « Depuis que je travaille dans la région, on me demande souvent quel est notre agenda, autrement dit notre objectif caché. Il semble très difficile pour mes amis libanais de concevoir que des Suisses puissent quitter la pacifique et verte Helvétie pour s’immiscer dans les conflits inextricables et toujours plus violents de cette région. La réponse du bureaucrate des affaires étrangères que je suis est toute prête : notre agenda caché, à nous autres médiateurs suisses, c’est l’article 54 de la Constitution : coexistence pacifique ; droits de l’homme; réduction de la pauvreté », conclut M. Masson.


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