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Culture - Scène

De l’étrange drame... d’être une femme

« Les aventures de la fabuleuse Victoria » se poursuivent au Metro al-Madina avec un franc succès. Dix-huit nouvelles représentations sont prévues pour le mois d’avril. À ne pas rater.

Sur la scène du Metro al-Madina, une pièce à ne pas rater : « Les aventures de la fabuleuse Victoria », par Gérard Avédissian avec l’impressionnante Nada Abou Farhat.

Elle est née, la petite Victoria. Poussant son premier vagissement, elle semble saluer la terre entière. Elle est née la petite Victoria, après quatre garçons, comblant ainsi son père qui désirait tellement une fille. Elle est née, et la tempête semble s’être apaisée. Sauf que la petite Victoria n’appartient pas au genre féminin. Elle est bel et bien un garçon. Sa maman, craignant l’ire de son mari, a bien pris le soin de cacher son sexe. Une fumisterie qui ne tardera pas à être dévoilée, à la première visite chez le médecin. Et hop ! La petite Victoria jetée à la porte ; elle errera du haut de ses treize ans dans les rues du Vieux Beyrouth. Oui, le Vieux Beyrouth, car l’histoire de Victoria est on ne peut plus véridique et elle a eu lieu vers la fin des années 40.

Après des recherches qui ont nécessité des années, Gérard Avédissian s’approprie l’histoire et reproduit sur scène cette Victoria qui a bel et bien existé. Si elle n’est pas morte durant la guerre, la môme devrait même avoir dans les 80 ans. L’auteur l’avait rencontrée pour la dernière fois à la prison de Roumieh, et puis plus rien. Plus de traces. Bouleversé par son histoire, Gérard Avédissian, qui signe sa seconde collaboration avec la comédienne Nada Abou Farhat, a essayé de recoller les morceaux de puzzle de sa mémoire, pour suivre le destin de celle qui avait enchanté, ébloui et égayé les belles soirées du Kit Kat. Véritable bête de scène, Victoria allait devenir aussi une étrange bête de cirque. Alors que la danseuse de cabaret était convaincue d’être une femme dans sa tête, sevrée de ses médicaments, elle voit grandir cette ex-croissance (à ses yeux, honteuse) entre ses jambes.

Ce corps ! Ce damné !
Comment sortir de son corps ? Se rebeller contre les faits les plus terrifiants ? Comment vivre toute sa vie une supercherie alors que les hommes la convoitent et la désirent ? C’est  cette duplicité dans laquelle a vécu Victoria qu’a voulu reproduire sur scène Gérard Avédissian. Lequel s’est investi totalement dans la narration de ce vécu. Lui qui a bien connu les lumières grisantes de la ville avant d’en connaître ses feux mortels, fait revivre le Beyrouth de l’époque. En danses, chants et flonflons de la fête. Pour bien incarner Victoria, qui de mieux que Nada Abou Farhat, comédienne habitée aux multiples facettes pour le soutenir dans ce projet audacieux ?

Avédissian ne fait pas dans la dentelle. Il appelle un sexe un sexe, et ses insultes semblent comme sorties de ses tripes, son texte est une ode à la femme et un chant d’amour (cru) à toutes celles qui ont été victimes d’une société machiste. Victoria est une victime de plus qui inscrit ses pleurs sur un mur inhumain de lamentations. Nada Abou Farhat traverse la scène avec ses talons aiguille écarlates, précédée parfois par une chorégraphie fort bien orchestrée (saluons au passage le groupe de danseurs, danseuses, comédiens et comédiennes qui l’entourent). En témoignant de l’ambiance des années folles de Beyrouth ou des centres d’incarcération comme Roumieh, la prison des femmes ou encore l’asile de fous avec un esprit débridé et souvent irrévérencieux et sur fond de vidéos très animées, le metteur en scène s’insurge contre les tabous et interdits de la société, mais aussi contre la méchanceté humaine. Son irrévérence à ce petit brin de poésie qu’on qualifierait, simplement, de profondément humain.

Metro al-Madina, Hamra.
Jusqu’à fin avril. Tél. : 76/309363.


Pour mémoire
De l’urgence de couper le cordon ombilical...

La danse avec la mort de Sitt Badiaa

Nada Abou Farhat à Dieu : Vous êtes une femme ?... Je le savais.



Elle est née, la petite Victoria. Poussant son premier vagissement, elle semble saluer la terre entière. Elle est née la petite Victoria, après quatre garçons, comblant ainsi son père qui désirait tellement une fille. Elle est née, et la tempête semble s’être apaisée. Sauf que la petite Victoria n’appartient pas au genre féminin. Elle est bel et bien un garçon. Sa maman,...

commentaires (3)

TRES INTERESSANT !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 33, le 03 avril 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • TRES INTERESSANT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 33, le 03 avril 2018

  • Merci Colette... tu comprends le fond de ce que je ressens et tu mets le doigt dessus. Je t'aime.

    Gerard Avedissian

    13 h 33, le 03 avril 2018

  • Invitation à une longue méditation... Qui est la femme ? N'y a-t-il pas une part de femme en nous tous ? Et l'inverse, ne serait-il pas aussi valable ? La femme et l'humanité indissociables.

    Sarkis Serge Tateossian

    08 h 35, le 03 avril 2018

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