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À La Une - Grèves

La France se prépare à un mardi noir dans les transports

La grève des cheminots, qui s'inscrit dans la durée à un rythme de deux jours sur cinq jusqu'à fin juin, pose le plus gros défi à Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir.

Des rails pris en photo à la gare de l'Est, à Paris, le 22 mars 2018. REUTERS/Pascal Rossignol

Grève massive et de longue durée dans le rail, nouvelles turbulences à Air France: la France se prépare à un "mardi noir" dans les transports alors que la grogne sociale s'étend face aux réformes du président Macron.

La grève des employés de la compagnie ferroviaire publique a débuté lundi soir, mais les retours du long week-end de Pâques devaient finalement être épargnés avec un trafic "normal", contrairement aux mises en garde répétées de la SNCF.

Après plusieurs journées de mobilisation au succès mitigé, la grève s'inscrit dans la durée, à un rythme de deux jours sur cinq jusqu'à fin juin. Elle pose le plus gros défi au président Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir en mai 2017.

Les syndicats de l'opérateur public SNCF protestent contre la suppression de l'embauche au statut spécial, les modalités d'ouverture à la concurrence ou encore la transformation de la SNCF en société anonyme, ce qui ouvre selon eux la voie à une future privatisation, ce que nie le gouvernement. Le projet de réforme "vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme idéologique" et "ne réglera pas le sujet de la dette, ni celui des dysfonctionnements", affirment les syndicats dans leur préavis.
Le mouvement, qui prévoit 36 jours de grève en près de trois mois, mise sur l'usure de l'opinion publique qui, d'après les sondages, estime pour l'instant cette grève injustifiée mais qui, espèrent les cheminots, pourrait basculer si l'exécutif continue à afficher la même intransigeance.

La direction de la SNCF prévoit un conflit très dur. Mardi, elle table en moyenne sur un TGV sur huit et un train régional sur cinq en circulation. Seul le trafic international est à peu près épargné, avec trois Eurostar sur quatre et une circulation quasi normale sur les Thalys vers la Belgique.


(Lire aussi : Le climat social vire à l'orage en France)


"Incompréhensible"
Il n'y aura en revanche aucun train vers l'Espagne, l'Italie ou la Suisse. Pour les 4,5 millions de voyageurs quotidiens de la SNCF, réduits à se rabattre sur le covoiturage et les autocars,les semaines à venir s'annoncent compliquées.

Alors que s'engage le bras de fer, le gouvernement affiche sa détermination pour moderniser un secteur prochainement soumis à la concurrence, en rappelant que "faire rouler un train en France coûte 30% plus cher qu'ailleurs".

"Personne ne peut comprendre que les syndicats de cheminots engagent une grève longue et pénalisante alors que le gouvernement est dans le dialogue", déplore la ministre des Transports Elisabeth Borne.

La grève devrait coûter "entre 10 et 20 millions (d'euros) par jour", selon Alain Krakovitch, directeur général de Transilien, les lignes régionales de la compagnie ferroviaire publique, sur BFMTV.

Le président Macron, qui s'est engagé à "transformer la France en profondeur", joue gros dans ce dossier emblématique sur lequel plusieurs gouvernements ont reculé dans le passé, notamment celui de droite en 1995 où une grève massive a paralysé le pays pendant des semaines.
Le chef de l'Etat a tellement dénoncé l'immobilisme et la peur de réformer de ses prédécesseurs qu'il peut difficilement tergiverser sans risquer de gros dommages politiques en retour.


(Lire aussi : Les réformes Macron à l'épreuve des manifestations)


"Convergence des luttes" 
Pour les syndicats aussi, le rendez-vous est crucial pour espérer peser à l'avenir sur d'autres projets de réforme touchant notamment aux fonctionnaires et aux retraites.

Philippe Martinez, le patron du premier syndicat français, la CGT, appelle pour cela à la "convergence des luttes" alors que le mécontentement gronde également chez les retraités, les étudiants ou encore chez les éboueurs et les employés dans le secteur de l'énergie, qui sont également en grève mardi.

Mais aussi dans le privé comme à Air France où le conflit s'enlise. Mardi, les personnels de la compagnie débrayent pour la quatrième fois en un peu plus d'un mois pour réclamer une augmentation générale des salaires de 6%. La compagnie prévoit un trafic plus perturbé que lors de la précédente journée, le 30 mars, avec 75% de ses vols assurés.

Trois autres grèves sont prévues les 7, 10 et 11 avril. Ce mouvement n'a pas de lien direct avec les réformes Macron. Mais en grossissant les rangs de mécontents, il contribue à mettre la pression sur le gouvernement, confronté d'entrée à un vrai printemps social.

"La France est fatiguée. Qui la fatiguera le plus ? Une centrale syndicale tenant mordicus à ses vieux bastions ? Ou la jeune volonté élyséenne de tourner définitivement une page ?", s'interroge le quotidien régional Sud-Ouest dans son éditorial.




Pour mémoire



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