Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Le Parlement adopte le budget 2018

L'Assemblée a par ailleurs répondu aux revendications des magistrats qui étaient en grève depuis le début de la semaine.

Le ministre libanais des Finances, Ali Hassan Khalil, au Parlement, le 29 mars 2018. REUTERS/Mohamed Azakir

Le budget national pour l'exercice 2018 a été adopté jeudi par la Chambre, avec 50 voix "pour", 2 voix "contre" et 11 absentions, à l'issue de deux jours de débats en séance plénière, au cours desquels a également été adopté l'ajout de trois échelons à la grille des salaires pour les magistrats, répondant aux revendications de ces derniers, en grève depuis plusieurs jours. 

Lors de la séance, les députés ont également adopté le projet de loi du ministère des Affaires étrangères qui permet aux Libanais résidant à l'étranger d'acquérir ou de renouveler leur passeport libanais pour un montant de 1.000 livres libanaises, pour un délai de deux mois, en vue de leur participation au scrutin législatif du 6 mai. 

Le Parlement a également adopté l'horaire de 34 heures pour les administrations publiques, laissant au gouvernement le soin de répartir ces heures sur les différents jours de la semaine.

Parmi les 26 projets de loi adoptés par le Parlement se trouvaient également l'amendement de l'article de la loi électorale relatif à la carte biométrique d'électeur, dont l'utilisation a été suspendue pour les élections du 6 mai, et un traité pour le commerce d'armes à feu. 


Le budget de l'Etat
Les députés Samy Gemayel et Serge TerSarkissian ont voté contre le texte du budget et les abstentions ont été notamment enregistrées parmi les députés du bloc du Hezbollah, rapporte la chaîne LBC. 

"Nous avons réalisé un exploit en adoptant le budget et, le plus important, des réformes", s'est félicité le Premier ministre, Saad Hariri, à l'issue de la séance. "Grâce à l'entente politique, nous avons pu accomplir de nombreuses choses", a-t-il insisté. 

"Il y a cinq mois, nous nous tenions exactement au même endroit", lors de l'adoption du budget national 2017, "et nous promettions le retour de la régularité financière", a de son côté souligné le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil. "Aujourd'hui, nous avons tenu notre promesse", a-t-il déclaré. 


"Félicitations pour le budget !", a de son côté déclaré le président de la commission parlementaire des Finances, Ibrahim Kanaan. "Les réformes se construisent pas à pas, avec calme et sérieux", a-t-il indiqué. M. Kanaan s'est par ailleurs dit favorable à l'adoption d'exceptions à la grille des salaires pour "les familles des martyrs et des blessés de l'armée et des forces de sécurité".

Selon le budget de l’Etat, le déficit public s’élève à 4,8 milliards de dollars. Les dépenses publiques atteignent 15,8 milliards de dollars, auxquelles il faut additionner une avance du Trésor à Electricité du Liban de 1,4 milliard de dollars pour combler le déficit de l’établissement public. Quant aux recettes, elles sont estimées à 12,4 milliards de dollars.

L’adoption de la loi de finances – et la réduction du déficit budgétaire par rapport à celui de 2017 – font partie des exigences imposées par les participants aux conférences internationales de soutien au Liban, dont CEDRE; consacré au financement du programme d’infrastructures préparé par le gouvernement libanais.  

"La conférence CEDRE se tient pour Saad Hariri ou pour le Liban? Comment cette conférence peut-elle avoir (des implications) électorales? Et si nous accomplissons une réussite grâce à cette conférence, est-ce quelque chose de mal?", s'était interrogé le chef du gouvernement lors d'une intervention lors du débat. "Tous les projets qui figurent à l'ordre du jour de CEDRE auraient dû être exécutés durant les années 1990 et 2000. (...) Pour la première fois nous œuvrons pour des plans globaux", s'était-il félicité.


(Lire aussi : En marge de CEDRE : le Liban et les échanges économiques extérieurs)


Trois échelons pour les juges
Le Parlement a par ailleurs répondu aux revendications des magistrats qui étaient en grève depuis le début de la semaine. Les députés ont adopté l'ajout de trois échelons à la grille des salaires pour les employés de la fonction publique, le maintien de l'indépendance de la caisse mutuelle des juges. Ils ont néanmoins ramené les vacances judiciaires à un mois et demi au lieu de deux mois.

Le président du Conseil supérieur de la magistrature, Jean Fahd, et le procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, ont été invités à la séance plénière de la soirée afin de présenter les revendications des magistrats. Dans la matinée, le président de la Chambre, Nabih Berry, avait demandé "qu'une attention extrême soit accordée à cette question", soulignant toutefois que "la grève des juges est déconseillée". Pour sa part, le Premier ministre, Saad Hariri s'était dit "étonné" d'un tel mouvement de grève. 

Aux députés qui, pour certains, réclamaient une solution à la question de la grève des juges, Saad Hariri a répondu : "Il est déconseillé d'aborder les causes de cette contestation qui sont, comme tout le monde le sait, d'ordre politique, et surtout de le faire devant les caméras", ce qui avait pousser le chef du Législatif a demandé l'arrêt de la retransmission en direct de la réunion par les chaînes télévisées.


(Lire aussi : Les relations entre le CSM et Jreissati vont-elles en s’apaisant ?)


Situation économique
Au cours de la séance de jeudi, les interventions des députés et les débats ont, comme la veille, tourné en grande partie autour de la situation économique du pays. "Nous ne sommes pas un Etat en faillite, même si ce moment, nous ne pouvons pas payer tous les montants qui nous sont réclamés. Et notre rôle est d'aboutir à un équilibre entre le déficit et les dépenses d'une part, et la croissance d'autre part. Nous devons réduire notre déficit", a déclaré Saad Hariri à ce sujet. "Les réformes seront douloureuses, vous devez le savoir. Et si nous réclamons l'austérité, nous le faisons dans l'intérêt de l'Etat", a-t-il ajouté.

De son côté, le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a assuré que le gouvernement est "prêt à apporter toutes les modifications nécessaires au niveau d'éventuelles dépenses ou recettes qui pourraient s'ajouter". Nous sommes face à une crise concernant l'augmentation de la dette mais nous ne sommes évidemment pas un État en faillite, mais plutôt un État qui jouit d'une confiance monétaire et qui respecte ses engagements sans jamais tarder à honorer ses dettes aux parties concernées", a-t-il poursuivi. 

Réagissant à ce sujet sur son compte Twitter, en marge de la séance, le chef de l'Etat a affirmé qu'il avait "lancé un avertissement contre la faillite pour que tout le monde prenne ses responsabilités". 

Les propos de MM. Hariri et Khalil sont une réponse au chef de l’Etat. La semaine dernière, le patriarche maronite, Béchara Raï, avait assuré que le président Aoun lui avait affirmé que le Liban est en faillite. Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, avait estimé que parler de "faillite" du Liban constituait une "surenchère politique".


(Lire aussi : Budget 2018 : les députés en passe de voter une amnistie fiscale)


Electricité
La production de courant électrique, dossier polémique qui a été longuement évoqué lors du Conseil des ministres de mardi, était également au centre de nombreuses discussions entre les membres du Parlement.

A ce sujet, le chef du gouvernement a expliqué que "le gouvernement a présenté un plan global pour résoudre cette crise, et nous avons besoin de trois à cinq ans pour terminer la construction des centrales électriques. Une solution temporaire est requise pour assurer entre 20 et 24h d'alimentation quotidienne en courant, pour ensuite relever la facture de courant (...)". 

"Il n'y a pas eu de dépenses effectuées en cachette en dehors du cadre du budget, et l'avance faite à EDL figure dans les dépenses", a de son côté expliqué le ministre des Finances. 



Pour mémoire
Aoun apostrophe les ministres : Je veux assurer l'électricité aux Libanais, peu m'importe sa provenance

CEDRE : le gouvernement approuve la feuille de route du Liban

Kanaan : Un « swap » en préparation pour réduire le service de la dette

Budget 2018 : vers une réduction des dépenses de mille milliards de livres

Le Liban a des engagements à tenir avant CEDRE

Le Conseil des ministres approuve le projet de budget de 2018

Le budget national pour l'exercice 2018 a été adopté jeudi par la Chambre, avec 50 voix "pour", 2 voix "contre" et 11 absentions, à l'issue de deux jours de débats en séance plénière, au cours desquels a également été adopté l'ajout de trois échelons à la grille des salaires pour les magistrats, répondant aux revendications de ces derniers, en grève depuis plusieurs...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut