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À La Une - Liban

Aoun apostrophe les ministres : Je veux assurer l'électricité aux Libanais, peu m'importe sa provenance

"Proposer des solutions n'est pas notre affaire", réagissent les ministres FL alors que le dossier de la production de l'électricité a monopolisé les discussions du gouvernement.

Le chef de l'Etat, Michel Aoun, présidant un Conseil des ministres au palais de Baabda, le 27 mars 2018. Photo Dalati et Nohra

Le chef de l'Etat, Michel Aoun, a sévèrement tancé le gouvernement mardi, critiquant le sur-place de l'Exécutif en ce qui concerne le dossier de la production de l'électricité, et appelé les ministres à assurer le plus rapidement possible l'alimentation en courant électrique aux Libanais, quelle que soit la source de production. 

"Quelqu'un ici ne veut pas de l'électricité ?", a martelé le président Aoun, prenant à partie le Conseil des ministres qu'il présidait au palais de Baabda. Il a reproché au gouvernement de ne pas avoir encore "réagi au rapport" qu'il avait présenté en Conseil il y a plusieurs semaines, et de ne pas avoir encore reçu de "propositions et de solutions" pour résoudre la crise de l'électricité au Liban.

"Je ne fais la promotion d'aucune idée, mais je veux assurer l'électricité aux Libanais, peu m'importe sa provenance", a-t-il souligné. Le chef de l'Etat a rappelé qu'il avait "suggéré dans le passé la location de navires centrales, ce qui avait suscité de nombreuses réactions". "Personne ne dit que le Liban est obligé de louer des centrales flottantes, mais personne n'a proposé d'alternative", a-t-il souligné. 

En mars dernier, le ministre de l'Energie, César Abi Khalil (CPL), avait présenté un plan pour la production de courant qui avait été adopté "en principe" par le gouvernement. Cependant, son application bute sur l'obstacle relatif à la location de deux navires-centrales supplémentaires. Le projet a fait l'objet d'un appel d'offres lancé en avril – amendé en cours de route, suite notamment à des objections des ministres FL qui ont critiqué un cahier des charges taillé sur mesure. Cette procédure est aujourd'hui dans l'impasse, le dossier ayant été saisi par le procureur financier.


(Pour mémoire : Le président Aoun remet sur la table les navires-centrales)


"Pas notre affaire"
Le Premier ministre, Saad Hariri, a également critiqué les atermoiements du gouvernement en ce qui concerne la production de courant. "Il est désolant que le cabinet n'ait encore rien accompli à ce sujet, alors que les besoins en énergie augmentent quotidiennement", a déploré le chef de l'Exécutif, reprochant aux ministres que "l'approche de ce dossier ne soit pas toujours technique et scientifique". "J'ai présenté des études pour des solutions temporaires, jusqu'à ce que soient construites des centrales, mais elles n'ont pas été prises en compte", a-t-il regretté. Il a dans ce contexte appelé à "résoudre ce dossier loin des considérations politiques et en se concentrant sur les intérêts du Liban et du Trésor public". M. Hariri a chargé le ministre de l'Energie de faire parvenir au secrétariat du Conseil un rapport réalisé par son ministère, en préparation d'une séance gouvernementale consacrée à la question de l'électricité, et a appelé tous les autres ministres à lui faire parvenir des propositions de solutions, s'ils en ont. 

Réagissant aux injonctions du président et du Premier ministre, le ministre Abi Khalil a déclaré que le problème dans ce dossier réside dans "les obstacles placés par certains". De leur côté, les ministres des Forces libanaises ont estimé que trouver des initiatives n'était "pas leur affaire". "Un plan a été adopté il y a un an et il faut le mettre en œuvre", ont-ils souligné, invitant la direction des adjudications à lancer un "appel d'offres clair avec un cahier des charges qui permet une réelle compétition".

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a lui aussi répondu au chef de l'Etat et estimé que la solution était simple: "lancer un appel d'offres transparent et clair". "L'intérêt manifesté en Conseil des ministres  par le président Aoun pour une solution à la crise de l'électricité a retenu mon attention", a commenté le chef des FL sur sa page Twitter. "L'empathie du président Aoun envers la population et le fait qu'il soit conscient du problème ont également retenu mon attention (...)", a poursuivi le leader chrétien.  "M. le président, je partage entièrement votre avis sur la nécessité d'assurer de manière temporaire la production du courant, en attendant la construction des centrales électriques. La solution est facile, et j'espère que vous la parrainerez personnellement. La solution repose sur des modifications nécessaires et que la direction des adjudications devrait apporter aux cahiers de charges établis par la compagnie Électricité du Liban (EDL), et ensuite lancer un appel d'offres transparent et clair", a estimé M. Geagea.


(Repère : Électricité au Liban : ce qu'il faut savoir pour comprendre une crise qui va crescendo)


Législatives
Évoquant par ailleurs les élections législatives du 6 mai, le chef de l'Etat a souligné que "dans 40 jours aura lieu le scrutin", espérant que les préparatifs sont en bonne voie pour que tout se déroule "selon ce qui avait été convenu". Il a appelé le gouvernement à "se dépêcher de clôturer les dossiers relatifs aux besoins des citoyens, dans toutes les régions et sans dissension électorale ni politique, avant le 20 mai", date à laquelle le Parlement entrera en exercice et que le gouvernement démissionnaire sera chargé d'expédier les affaires courantes. 

Concernant le scrutin, le ministre de l'Information, Melhem Riachi, s'est interrogé sur les modalités d'envoi des urnes contenant les bulletins de vote des Libanais à l'étranger qui voteront les 27 et 29 avril, s'inquiétant d'éventuelles falsifications. Le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, lui a assuré que les urnes seront envoyées à la Banque du Liban, selon un accord passé avec la société DHL, expliquant qu'elles resteront sous protection jusqu'au jour du dépouillement. 

Sur un autre plan, le ministre de l'Environnement, Tarek el-Khatib, a profité du Conseil des ministres pour proposer la mise en application d'un plan pour le transfert des déchets de la région du Chouf et d'Aley vers la décharge de Costa Brava (au sud de Beyrouth), demandant au Premier ministre de donner ses instructions au Conseil du développement et de la reconstruction à ce sujet. 

Le gouvernement a par ailleurs annoncé avoir approuvé le système de recrutement au sein de la défense civile, qui faisait partie des points à l'ordre du jour. D'autres éléments importants de cet ordre du jour, comme la proposition de coopération militaire entre les gouvernements russe et libanais, n'ont pas été évoqués lors de la réunion. 


Pour mémoire
La guerre contre les navires-centrales se poursuit... chez le procureur financier    

Passe d’armes entre Bassil et Khalil sur le dossier de l’électricité

Mise en demeure présidentielle    


Le chef de l'Etat, Michel Aoun, a sévèrement tancé le gouvernement mardi, critiquant le sur-place de l'Exécutif en ce qui concerne le dossier de la production de l'électricité, et appelé les ministres à assurer le plus rapidement possible l'alimentation en courant électrique aux Libanais, quelle que soit la source de production. "Quelqu'un ici ne veut pas de l'électricité ?", a...

commentaires (7)

"...des solutions temporaires, jusqu'à ce que soient construites des centrales..." Alors pourquoi ne pas déjà lancer la construction des centrales? Au train où vont les choses... Elles auraient déjà été construites aujourd’hui, et le débat sur les barges serait devenu caduque.

Gros Gnon

21 h 52, le 27 mars 2018

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Commentaires (7)

  • "...des solutions temporaires, jusqu'à ce que soient construites des centrales..." Alors pourquoi ne pas déjà lancer la construction des centrales? Au train où vont les choses... Elles auraient déjà été construites aujourd’hui, et le débat sur les barges serait devenu caduque.

    Gros Gnon

    21 h 52, le 27 mars 2018

  • vivement la retraite

    FAKHOURI

    19 h 25, le 27 mars 2018

  • C'est tout de même injuste de dire que personne n'a proposé une alternative à la production d'électricité... De nombreuses personnalités se sont donné beaucoup de mal à expliquer la nécessaire construction de centrale électrique sans gaspiller l'argent plus longtemps sur des projets douteux et à des prix faramineux des machins flottants turcs. Les années passent et rien ne se fait ... Est-ce Pour favoriser le business des chalutiers turcs ? Si le sujet n'était pas si grave ... J'aurai bien pousser un éclat de rire

    Sarkis Serge Tateossian

    18 h 27, le 27 mars 2018

  • Eh bien, quel miracle, même M. Michel Aoun se rêveille brusquement pour réclamer haut et fort "...de l'électricité, peu lui importe sa povenance..." Le temps des miracles est venu pour notre pays, réjouissez-vous Libanais, jusqu'au 6 mai 2018 ! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 57, le 27 mars 2018

  • NON... CE N,EST PAS PEU IMPORTE SA PROVENANCE ! CAR SI C,EST PROROGER LES CONTRATS DES BARGES FERRAILLES TURQUES OU EN LOUER D,AUTRES LES LIBANAIS... TOUS LES LIBANAIS... SE SONT PRONONCÉS CONTRE AYANT VU QUE RIEN N,AVAIT CHANGÉ DANS LES COUPURES D,ELECTRICITÉ ... SUSPECTANT CES TRANSACTIONS LOUCHES... ET SURTOUT ASPIRANT A DES PROJETS REELS, STABLES ET DEFINITIFS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 31, le 27 mars 2018

  • Aoun apostrophe les ministres... L'apostrophe devrait être adressée uniquement à Gébran Bassil pour ses bateaux-turcs-Centrales électriques et par ricochet à son successeur Abi-Khalil au ministère de l'Energie et à personne d'autres. CQFD

    Un Libanais

    16 h 04, le 27 mars 2018

  • ... et peu m'emporte les magouilles qui y sont relies .. ben alors la bravo Mr le president !! mais je reve ou quoi !?! ou alors c'est purement électorale

    Bery tus

    15 h 57, le 27 mars 2018

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