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À La Une - Conflit syrien

La province d'Idleb, la seule à échapper au régime de Damas

Pourquoi la province d'Idleb, largement dominée par les jihadistes et où le régime envoie rebelles et civils lorsqu'ils sont évacués des bastions de l'opposition, a-t-elle une importance stratégique ?

Des Syriens évacués de la localité de Harasta, dans la Ghouta orientale, arrivent dans un camp pour déplcés à Maaret al-Ikhwan, dans la province d'Idleb, la dernière aux mains des rebelles, le 23 mars 2018. AFP / OMAR HAJ KADOUR

La province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, est la dernière à échapper au contrôle du régime de Bachar el-Assad après plus de sept ans de guerre. C'est dans cette province, largement dominée par les jihadistes, que le régime envoie rebelles et civils lorsqu'ils sont évacués des bastions de l'opposition repris au terme de sièges et d'offensives meurtrières.


Idleb dans la guerre 
La province d'Idleb a une importance stratégique, étant à la fois proche de la frontière avec la Turquie, pays favorable à la rébellion, mais aussi de la province côtière de Lattaquié, fief du régime et berceau de la famille du président Assad.
La province compterait environ 2,5 millions d'habitants, dont plus d'un million de déplacés par les combats.

Avant la guerre, la majorité de ses habitants travaillaient dans l'agriculture, surtout dans la culture du coton et des céréales, ou à Alep, deuxième ville de Syrie située à une soixantaine de kilomètres.

En mars 2015, l'Armée de la Conquête (Jaich el-Fateh), une coalition composée de groupes rebelles islamistes comme Ahrar el-Cham, et jihadistes tel que le Front al-Nosra - ex-branche d'el-Qaëda en Syrie aujourd'hui rebaptisé Fateh el-Cham -, s'empare de la ville d'Idleb, à majorité sunnite.
Le régime syrien et son allié russe multiplient alors les raids aériens meurtriers.


(Lire aussi : Premières évacuations de rebelles de la Ghouta)


Attaques chimiques
Le 4 avril 2017, une attaque au gaz sarin à Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb, fait 83 morts selon l'ONU, au moins 87 dont plus de 30 enfants selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). En octobre, l'ONU accuse clairement le régime d'en être responsable.

Déjà, en 2016, une commission d'enquête de l'ONU et de l'Organisation internationale des armes chimiques (OIAC) avait conclu que des hélicoptères militaires syriens avaient répandu du gaz de chlore sur au moins deux localités, à Talmenes le 21 avril 2014 et Sarmine le 16 mars 2015. Cette commission avait aussi conclu que l'armée syrienne avait mené une attaque à l'arme chimique, sans doute du chlore, à Qmenas en mars 2015.

Le 4 février 2018, au moins 11 cas de suffocation sont rapportés à Saraqeb, l'OSDH citant des habitants et des sources médicales faisant état d'un "gaz toxique".


(Lire aussi : Armes chimiques en Syrie : une vraie-fausse ligne rouge ?)



Contrôlée par les jihadistes
La province d'Idleb est dans sa grande majorité contrôlée par l'organisation jihadiste Hayat Tahrir el-Cham, dominée par l'ex-branche syrienne d'el-Qaëda. Mais d'importants groupes rebelles islamistes maintiennent une présence.
Le 18 février 2018, les deux groupes rebelles islamistes, Ahrar el-Cham et Noureddine al-Zinki, présents à la frontière des provinces d'Alep et d'Idleb, ont annoncé leur fusion, sous le nom de "Front syrien de libération". Cette fusion serait liée à la montée en puissance de Hayat Tahrir el-Cham dans le nord de la Syrie.
Du 20 au 24 février, des combats ont opposé ces deux groupes rebelles aux jihadistes.


(Lire aussi : L’EI accentue sa présence au sud de Damas)


Opération du régime 
La province d'Idleb est normalement l'une des quatre zones de "désescalade" établies pour faire baisser les violences, après des accords entre Moscou, Téhéran, alliés du régime, et Ankara qui soutient l'opposition. Mais depuis novembre, les forces prorégime progressent vers Idleb depuis les provinces voisines de Hama et d'Alep.

En décembre, les forces gouvernementales, appuyées par l'aviation de l'allié russe, ont lancé une offensive pour reconquérir le sud-est de la province. Le régime a pu reprendre le contrôle de quelque 400 villages et localités, ainsi que de l'aéroport militaire d'Abou Douhour.

Soutenu par la Russie, le régime a intensifié ces dernières semaines ses bombardements sur la province d'Idleb. Cette semaine, au moins 42 civils ont été tués dans ces frappes qui ont visé un marché, le 22 mars (22 morts) et les abords d'une école primaire mercredi (20 morts dont 16 enfants), selon l'OSDH.


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