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Moyen Orient et Monde - Syrie

Premières évacuations de rebelles de la Ghouta

À Douma, malgré le fait qu’aucun accord ne semble se profiler entre le groupe rebelle en place et le régime, plus de 4 000 personnes ont fui entre mercredi et hier.

Hier, à l’entrée de Harasta, avant les premières évacuations de rebelles et de leurs familles de la Ghouta orientale. Louai Beshara/AFP

Ils s’étaient juré de résister jusqu’à la fin. Mais les 34 jours d’une offensive sans précédent sur la Ghouta orientale, initiée par le régime et ses alliés, auront eu raison d’eux. À Harasta, quelque 1 500 personnes, dont plus de 400 combattants, se sont engouffrées dans des autocars en partance pour la province d’Idleb, dernier fief rebelle, selon la télévision d’État. Le pouvoir syrien et son allié russe ont passé un accord avec le groupe rebelle islamiste Ahrar al-Cham pour l’évacuation de Harasta, la plus petite et la moins peuplée des trois poches rebelles qui subsistent dans la Ghouta orientale. Il s’agit du premier accord du genre enregistré dans la Ghouta orientale. Les évacuations ont commencé en retard hier, et se poursuivaient dans la soirée. Au total, quelque 1 500 combattants et 6 000 membres de leur famille doivent quitter Harasta, en plusieurs vagues, selon l’agence officielle syrienne SANA. Reuters évoquait, de son côté, 18 000 à 20 000 personnes qui devraient, en tout, quitter Harasta dans les jours à venir. Civils et rebelles, ces derniers munis de leurs armes, seront transférés vers le nord-ouest du pays, et l’opération pourrait durer plusieurs jours, selon le porte-parole d’Ahrar al-Cham, Munzer Farès.

Craintes des civils
À Douma, malgré des rumeurs de négociations avec le régime, le groupe Jaïch al-Islam s’est quant à lui dit déterminé à lutter jusqu’au bout, balayant l’idée d’un accord d’évacuation. Plus de 4 000 civils ont toutefois fui cette localité, la plus densément peuplée de la Ghouta, depuis mercredi soir, selon l’OSDH. Ces civils n’ont jusqu’à présent pas eu d’autre choix que de rejoindre des secteurs tenus par les forces du régime, malgré la crainte de représailles pour certains. Une webcam du ministère russe de la Défense installée au point de passage d’al-Wafidine, près de Douma, a diffusé des images présentées comme celles de civils rejoignant en petits groupes le territoire tenu par les forces du régime. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), la Russie a garanti la sécurité des civils qui sortent de l’enclave. Moscou et Damas ont souvent accusé les rebelles d’empêcher les habitants de quitter les secteurs qu’ils contrôlent pour s’en servir comme boucliers humains. « Nous sommes très nombreux à ne pas songer à fuir Douma, parce que nous n’avons aucunement confiance en ce régime. Tous les jeunes hommes finiront recrutés au sein de l’armée ou, pire, emprisonnés, s’ils se rendent de l’autre côté », confiait hier Mohammad Abdelrahmane, un journaliste d’Orient TV habitant à Douma, contacté via WhatsApp. Ce dernier partage des photos extraites de comptes de soldats de Bachar el-Assad se prenant en selfie avec des hommes arrêtés et entassés comme du bétail dans des pick-up, après avoir fui Douma hier. Des photos dont L’Orient-Le Jour n’a toutefois pas pu vérifier l’authenticité.
 « Les gens ne peuvent se résoudre à se rendre aux soldats du régime, malgré les bombardements. On n’ose pas sortir dans les rues, qui restent totalement désertes. Quand il y a une miniaccalmie dans le ciel, les gens courent à toute vitesse pour chercher de l’eau ou de la nourriture », témoigne de son côté Abou Moustapha, directeur d’un centre médical à Beit Sawa. « Nous sommes les enfants de cette terre, et inchallah, nous ne la quitterons pas », insiste-t-il. Un officier de l’armée syrienne interrogé par la télévision d’État a promis « la mort à ceux qui ne se rendent pas ».

Déluge de feu quotidien
L’évolution dans la Ghouta rappelle ce qui s’est passé dans d’autres fiefs rebelles reconquis ces dernières années par le régime, dont celui dans la ville d’Alep fin 2016. À l’issue de bombardements intenses et de sièges asphyxiants, les insurgés de ces localités et les civils les soutenant avaient été mis dans des bus, en direction d’Idleb. Amnesty International avait dénoncé des déplacements forcés de populations.
En plus d’un mois de combats terrestres et aériens, l’enclave de la Ghouta s’est réduite comme peau de chagrin, le régime parvenant à s’emparer de près de 80 % de la zone. Le déluge de feu quotidien a tué plus de 1 500 civils dont 315 enfants, selon l’OSDH.
Des raids aériens et tirs d’artillerie se poursuivaient hier sur plusieurs localités, tuant 20 civils, dont 16 dans des frappes aériennes sur la seule ville de Zamalka, a indiqué l’OSDH. « Nous ne sommes qu’en milieu de journée, et les blessés ne font qu’affluer », indiquait, de son côté, le Dr Walid Awata, directeur d’une clinique à Zamalka. « La plupart des hôpitaux sont hors service, et nous sommes les seuls à tenir debout », disait-il. « Les blessés sortent directement du bloc opératoire vers les abris insalubres », déplorait encore le médecin. Trois civils ont en outre péri hier dans les frappes sur la localité de Arbine, tenue par le groupe Faylaq al-Rahmane. De leur côté, les rebelles tirent obus et roquettes sur Damas, et quatre personnes sont mortes dans la capitale hier, selon la télévision d’État.

Ils s’étaient juré de résister jusqu’à la fin. Mais les 34 jours d’une offensive sans précédent sur la Ghouta orientale, initiée par le régime et ses alliés, auront eu raison d’eux. À Harasta, quelque 1 500 personnes, dont plus de 400 combattants, se sont engouffrées dans des autocars en partance pour la province d’Idleb, dernier fief rebelle, selon la télévision...

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