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Liban - Enseignement supérieur

Le Collège de France partenaire de l’USJ : le pari de l’intelligence

Le Liban, chaînon irremplaçable d’une francophonie décentrée.

Le Pr Thomas Römer posant près d’un buste du P. Lucien Cattin, premier chancelier de la faculté française de médecine.

Sa devise pourrait être : le pari de l’intelligence. Le Collège de France, dont une importante délégation vient de visiter le Liban (20-21 mars), est un établissement public d’enseignement supérieur unique en France et dans le monde. L’institution répond à une double vocation : être à la fois le lieu de la recherche la plus audacieuse, celui du « savoir en train de se constituer », et celui de son enseignement libre et gratuit. Elle est par ailleurs unique en ce que ses membres sont directement nommés par le président de la République et salariés par l’État, et que leur chaire est presque pérenne (70 ans). 

Depuis 2009, une convention entre le Collège de France et l’USJ réglemente une mobilité réciproque en matière de recherche entre les deux institutions. C’est à ce titre qu’une grande première vient de se produire, avec la récente visite d’une délégation composée de dix professeurs et deux responsables administratifs, venue pour une série de réunions et d’événements scientifiques organisés en collaboration avec l’Institut français et l’Institut français du Proche-Orient (IFPO).

Au terme de leur court séjour, les grands noms de la recherche française ne pouvaient que se féliciter de cette visite qui a coïncidé avec la fête patronale de l’Université Saint-Joseph, mais surtout avec la Journée internationale de la francophonie, une dimension essentielle et commune aux deux institutions. Pour certains, comme pour le professeur Thomas Römer, titulaire de la chaire milieux bibliques et vice-président de l’assemblée du Collège, c’était l’occasion de découvrir le pays, et de voir enfin sur site ou au Musée national des vestiges d’anciennes civilisations qu’ils ne connaissaient qu’à travers des illustrations d’ouvrages ou des revues.

Le Pr Römer était, avec l’ambassadeur de France Bruno Foucher et le recteur de l’USJ, le Pr Salim Daccache s.j., l’un des trois intervenants de la séance inaugurale de la série de conférences données au cours des deux journées académiques animées par le Collège. Il devait, ensuite, avec son collègue Hugues de Thé (chaire oncologie cellulaire et moléculaire), donner les deux premières conférences magistrales de la série, dans l’amphithéâtre François Bassil du campus de l’innovation, rue de Damas.


Des « jeux de piste » 

C’est à juste titre que le Pr Hugues de Thé a décrit les deux conférences comme des « jeux de piste », l’un devant reconstituer le parcours franchi par le tétragramme YHWH avant de s’imposer comme le nom de Dieu dans la culture biblique, l’autre celui des tâtonnements qui ont finalement permis « la guérison des leucémies aiguës par l’arsenic », un poison violent. 

Le Pr Römer a présenté dans sa conférence son dernier-né et l’un de ses ouvrages préférés : L’Invention de Dieu. Pour L’Orient-Le Jour, il se défend d’avoir voulu écrire un ouvrage « iconoclaste » et précise que le terme « invention » est utilisé dans le sens de « découverte », de « reconstitution ». « Je suis convaincu, dit-il, que dans le contexte actuel où les religions s’affrontent avec souvent une lecture un peu trop directe, immédiate du texte, il est important de montrer que les textes fondateurs, et la Bible elle-même, gardent des traces de l’évolution de la pensée de leurs auteurs » et sont donc marqués historiquement.

« L’ouvrage est déjà édité en poche et traduit en anglais et, d’une certaine manière, reflète mes convictions : par rapport aux grands textes fondateurs, il faut avoir une approche historique, une approche d’interprétation », ajoute-t-il.

« Je pense, confie-t-il à L’OLJ, que le Jésus historique n’a pas voulu fonder une nouvelle religion, qu’il a simplement interprété les textes bibliques. Mais en raison même de cette interprétation, des cercles conservateurs ont intrigué pour qu’il soit tué. On aurait pu penser qu’une certaine interprétation de sa mort, via la résurrection, aurait pu arrêter ce rigorisme. Mais comme on le sait, le christianisme est devenu très vite une religion d’État et s’est imposé par la force. » 

Par ailleurs, le Pr Römer s’est félicité de « l’importance que le Collège de France accorde à l’Université Saint-Joseph et au Liban », soulignant que cet intérêt rejoint celui que le président Macron vient aussi de lui accorder dans l’épanouissement et la défense d’une francophonie « décentrée ».


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