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À La Une - Palestine

Attentat contre le Premier ministre palestinien : les enjeux, les effets

Les auteurs en restent inconnus, mais l'attaque contre Rami Hamdallah met en lumière le marasme dans lequel s'enfonce Gaza, écueil immense pour la réussite des projets de paix de l'administration de Donald Trump.

Le Premier ministre de l'Autorité palestinienne Rami Hamdallah, le 13 mars 2018 à Ramallah. AFP / ABBAS MOMANI

Les auteurs en restent inconnus, mais l'attentat contre le Premier ministre de l'Autorité palestinienne Rami Hamdallah met en lumière le marasme dans lequel s'enfonce Gaza, écueil immense pour la réussite des projets de paix de l'administration de Donald Trump.


Les faits

M. Hamdallah est sorti indemne mardi, comme l'influent chef du renseignement Majid Faraj, de l'explosion d'un engin au passage de leur convoi qui venait d'entrer dans la bande de Gaza. Six gardes ont été blessés. Une deuxième bombe disposée le long de la route n'a pas explosé, selon les officiels palestiniens.


Le contexte

Rami Hamdallah effectuait une rare visite dans la bande de Gaza. L'Autorité palestinienne, soutenue par la communauté internationale et reconnue par Israël, essaie depuis des années de reprendre le contrôle de Gaza, enclave méditerranéenne coincée entre Israël et l'Egypte et soumise au blocus de ces voisins.

Le Fateh de Mahmoud Abbas qui domine l'Autorité palestinienne a été évincé de force en 2007 par le Hamas islamiste, ennemi d'Israël et infréquentable pour une partie de la communauté internationale. L'Autorité n'exerce plus ses prérogatives limitées que sur des fragments de Cisjordanie, occupée par Israël.

Après des années de dissensions, le Hamas a accepté en octobre de rétrocéder à l'Autorité le pouvoir à Gaza, au moins civil. Mais le processus est à l'agonie.


La grande question

Qui est derrière l'attentat ? Personne ne l'a revendiqué.

L'Autorité a soulevé la responsabilité du Hamas, mais davantage en tant que force gouvernante. Les hommes du Hamas et du Fateh laïc se sont entretués par le passé. Mais le Hamas aurait-il intérêt à tuer M. Hamdallah ? A moins qu'un groupe dissident du Hamas, hostile à la réconciliation, ne soit à l'oeuvre. Le Hamas a montré du doigt Israël, coupable toujours rapidement désigné dans de telles occasions, et auquel est imputé une série d'éliminations de figures palestiniennes par le passé. La bande de Gaza est aussi le théâtre de la confrontation entre le Hamas et des groupes islamistes radicaux qui cherchent à lui nuire.

Le Hamas a annoncé avoir procédé à des arrestations, sans plus de précision. Le territoire est coutumier des menées obscures. Difficile même de savoir si on a voulu assassiner le Premier ministre ou lancer un avertissement.


(Lire aussi : L’attentat raté contre le Premier ministre palestinien ravive les tensions entre Hamas et Fateh)


La fin de la réconciliation ?

Chacun, y compris l'ONU, s'accorde à dire qu'à travers M. Hamdallah, c'était la réconciliation qui était visée. M. Hamdallah a assuré que l'entreprise se poursuivait. Mais un haut responsable a indiqué à l'AFP que M. Abbas, président de l'Autorité, avait suspendu les visites à Gaza jusqu'à nouvel ordre.

Le Hamas et le Fateh se sont montrés incapables de s'entendre sur des questions essentielles comme le contrôle de la sécurité ou le paiement des fonctionnaires.


L'enjeu

Les divisions palestiniennes sont considérées comme un obstacle majeur à la paix avec Israël et un des facteurs du profond marasme à Gaza, territoire éprouvé par les guerres, l'enfermement, la pauvreté, le chômage et les pénuries d'eau et d'électricité. L'accord de réconciliation avait suscité un prudent espoir de voir s'améliorer les dures réalités à Gaza et s'éclaircir un horizon politique particulièrement sombre pour la cause palestinienne.

La plupart des gouvernements occidentaux ne communiquent pas avec le Hamas et une partie de l'aide étrangère à Gaza transite par l'Autorité. M. Hamdallah venait à Gaza participer à l'inauguration d'une usine de traitement des eaux usées financée par l'aide internationale.

Les mises en garde se multiplient devant la détérioration des conditions à Gaza et le risque d'une explosion.


Les perspectives de paix

L'administration Trump est supposée présenter prochainement son plan de paix entre Israéliens et Palestiniens. Le contenu en est inconnu. Une solution pour Gaza est une exigence humanitaire, un impératif de sécurité pour les alliés israélien et égyptien des Etats-Unis, et "une nécessité en vue d'un accord de paix global", a dit la Maison Blanche cette semaine après une conférence sur la situation économique et humanitaire à Gaza.

Dans une solution dite à deux Etats, la bande de Gaza est censée faire partie de l'Etat palestinien qui verrait le jour. "Il n'y aura pas d'Etat sans Gaza", a dit M. Hamdallah après l'attentat.

L'administration Trump exige des Palestiniens un engagement à la non-violence et la reconnaissance d'Israël, à quoi le Hamas a opposé une fin de non-recevoir. Or la sécurité d'Israël est une "ligne rouge" pour le président américain.



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