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Moyen Orient et Monde - Gaza

L’attentat raté contre le Premier ministre palestinien ravive les tensions entre Hamas et Fateh

Rami Hamdallah a survécu à une attaque à l’explosif qui a fait sept blessés.

Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah, escorté par ses gardes du corps, est accueilli par les forces de police du mouvement islamiste Hamas à son arrivée à Gaza le 13 mars 2018. Mahmud Hams/AFP

La rare visite du Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, hier dans la bande de Gaza a presque tourné au désastre. Alors qu’il était en déplacement pour inaugurer une station de traitement des eaux usées dans le nord de l’enclave, son convoi a été visé par une explosion et des coups de feu à l’entrée de Gaza, un territoire dirigé par le mouvement islamiste du Hamas depuis 2007. L’attaque a fait sept blessés légers. M. Hamdallah et le chef du renseignement palestinien, Majid Faraj, qui l’accompagnait, s’en sont sortis indemnes. Malgré cette explosion, le chef du gouvernement a pu assister à l’inauguration de la station et prononcer un discours, mais a écourté sa visite pour regagner rapidement Ramallah, en Cisjordanie. Si l’explosion n’avait pas été revendiquée hier soir, le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a rapidement dénoncé un « lâche attentat » contre le Premier ministre et dit tenir le Hamas pour « responsable ». Le mouvement islamiste a en effet la mainmise sur ce territoire et est censé y assurer la sécurité.

Le Hamas et le Jihad islamique ont néanmoins condamné l’attaque. Celle-ci s’inscrirait dans « les tentatives visant à déstabiliser la sécurité dans la bande de Gaza, ainsi que les tentatives pour compromettre les efforts actuels en vue de parvenir à l’unité nationale et la réconciliation intérieure », précise le communiqué du Hamas, publié après l’explosion, en référence à l’accord du 12 octobre 2017, initié par l’Égypte et signé au Caire pour la réconciliation entre le Fateh (parti du président Abbas) et le Hamas. Ce dernier a également répondu aux propos de M. Abbas, l’accusant de « faire le jeu des criminels ». Le ministère de l’Intérieur palestinien, dirigé par le Hamas, a par ailleurs ouvert une enquête et arrêté trois personnes.

Ces échanges d’accusations entre les dirigeants du Hamas et du Fateh symbolisent l’étendue des tensions interpalestiniennes quelques mois après l’accord du Caire. Elles transforment ce qui devait être une réconciliation, après des années de guerre fratricide, en lettre morte. Ce deal devait, au-delà de l’apaisement des tensions entre le Hamas et le Fateh, transférer les pouvoirs aux mains du Fateh dans la bande de Gaza.


(Lire aussi : Entre le Fateh et le Hamas, une décennie de relations tendues)


Mais le rapprochement désiré s’est au contraire davantage aggravé. C’est particulièrement le cas depuis la reconnaissance officielle par Donald Trump, le 6 décembre dernier, de Jérusalem comme capitale de l’État israélien. À partir de ce jour, les accusations tous azimuts d’impuissance pleuvent sur les dirigeants de l’Autorité palestinienne et notamment sur Mahmoud Abbas, dont la situation se fragilise de jour en jour. Ce dernier doit par ailleurs gérer ces conflits interpalestiniens en plus des problèmes sociaux et économiques qui pèsent sur le peuple lui-même.

Pour rappel, les États-Unis ont décidé en janvier dernier, suite à la position anti-américaine adoptée par M. Abbas pour le processus de paix avec Israël, de couper l’aide qu’ils fournissaient à l’Unrwa (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) de moitié, passant de 120 à 60 millions de dollars de dons, et ont annoncé ouvrir leur ambassade à Jérusalem en mai 2018 plutôt que l’année d’après. Une annonce qui avait été qualifiée de « provocation » par Mahmoud Abbas.

En outre, les divisions entre les frères ennemis palestiniens profitent largement à Israël, qui avait vertement critiqué à cette époque l’accord de réconciliation interpalestinienne.

Malgré les propos de M. Abbas, le Premier ministre Rami Hamdallah a tenu à assurer à tout le monde que l’AP avait toujours comme objectif la réconciliation interpalestinienne. « Nous ne laisserons personne détruire le projet national palestinien », a assuré Rami Hamdallah. « J’appelle le Hamas et les autres factions à participer au Conseil national palestinien qui sera réuni en avril, parce qu’il s’agit d’une phase critique pour le peuple palestinien », a-t-il conclu.



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