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Liban - Scandale

Pas de poursuites contre les juges dans l’affaire Itani-Hajj

L’enquête du service de renseignements des FSI sur l’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité serait sur le point d’être conclue.

M. Jreissati s’exprimant à l’issue de la réunion du bloc du Changement et de la Réforme. Photo ANI

La dimension politique que prend le dossier Suzanne el-Hajj-Ziad Itani se confirme, à la veille du Conseil des ministres, avec les rumeurs les plus folles circulant en ville. La principale, hier, faisait état de poursuites qui auraient été engagées par le ministre de la Justice, Salim Jreissati, contre le procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, et le premier juge d’instruction militaire, Riad Abou Ghida, en raison de leurs déclarations à propos de l’enquête à la presse. Cette nouvelle a été démentie par M. Jreissati dans une déclaration suite à la réunion hebdomadaire du bloc du Changement et de la Réforme. Celui-ci a précisé « avoir exprimé à l’Inspection judiciaire son souhait qu’elle demande aux grands juges de ne pas faire de déclarations aux médias avant d’avoir obtenu l’aval du ministre ». Pour sa part, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a publié hier un communiqué assurant que « les informations publiées par les médias sur des poursuites engagées par le ministre Jreissati contre les juges Hammoud et Abou Ghida sont dénuées de tout fondement ».
Par ailleurs, l’affaire Itani-Hajj a été au centre de la réunion des chefs de services de sécurité, parmi eux le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, au siège principal des Forces de sécurité intérieure (FSI). Ayant discuté en long et en large de ce dossier, ils sont tombés d’accord sur le fait que les coupables doivent être châtiés qui qu’ils soient, refusant « toute intervention politique et toute tentative de clore cette affaire de manière expéditive », selon les informations de la LBCI.


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Bientôt un mandat d’arrêt ?
Hier, le colonel Suzanne el-Hajj demeurait en garde à vue, celle-ci ayant été prolongée la veille de 48 heures par le procureur général Samir Hammoud. Toujours selon la LBCI, Mme Hajj continuerait de nier toutes les accusations portées contre elle, malgré les « preuves tangibles » apportées par le pirate sur son implication dans cette affaire. Un mandat d’arrêt devrait être délivré à son encontre dans les deux à trois jours à venir. Aucune confrontation n’a par ailleurs eu lieu entre Hajj et le pirate qui l’accuse. Quant à Ziad Itani, il devrait retrouver la liberté de manière imminente, selon les informations de la chaîne.

L’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des FSI avait été arrêtée vendredi dernier pour son rôle présumé dans la fabrication d’un dossier visant à accuser de collaboration avec Israël le comédien Ziad Itani. Un dossier qui a valu à ce dernier d’être incarcéré depuis octobre. La mise en cause de Suzanne el-Hajj est intervenue suite aux aveux d’un pirate informatique, E. Gh., qui aurait reconnu en garde à vue avoir monté ce faux dossier à charge à la demande de l’officier el-Hajj. Le motif invoqué dans les médias est celui de la vengeance, Suzanne el-Hajj estimant avoir été écartée de son poste en raison du retweet d’un certain Ziad Itani qui montrait une capture d’écran d’un retweet, de la part de Suzanne el-Hajj, d’un commentaire ironique du comédien Charbel Khalil sur les femmes saoudiennes. Alors que Suzanne el-Hajj avait rapidement effacé son propre retweet, une image en avait déjà été prise. Sauf qu’en ciblant le comédien Ziad Itani, si cela se confirmait, Suzanne el-Hajj se serait trompée de cible. C’est un homonyme du comédien qui serait en effet à l’origine du retweet qui aurait suscité la colère de l’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des FSI.


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Quoi qu’il en soit, l’enquête se poursuivait hier dans le plus grand secret, après les fuites de ces derniers jours. Selon une source judiciaire proche du dossier interrogée par L’OLJ, Ziad Itani n’avait pas encore été libéré hier, malgré la requête de son avocat, car l’enquête du service de renseignements des FSI n’était pas encore terminée. Il faut donc, selon cette source, que le dossier soit de nouveau transféré au juge d’instruction qui, seul, peut décider éventuellement d’un non-lieu ou de décréter l’innocence au-delà de tout doute raisonnable.

Contacté par L’OLJ, l’ancien ministre Rachid Derbas, qui a annoncé qu’il se chargerait de la défense de Suzanne el-Hajj, affirme que « cela n’est pas encore de mise étant donné qu’elle fait l’objet d’une enquête, et qu’il n’y a pas encore eu ouverture d’une procédure judiciaire ». À ce titre, M. Derbas indique qu’il « n’a pas de détails sur l’enquête proprement dite ». Mais en tant qu’avocat et ancien bâtonnier du Nord, il se dit « désolé de voir que le principe du secret de l’enquête est bafoué si légèrement ». « Le juge ne peut pas statuer sous la pression populaire ou politique », a-t-il insisté.

Pour sa part, le député Boutros Harb a tweeté sur cette affaire, déplorant « ce qui arrive à la justice et qui pourrait détruire toute immunité du pouvoir judiciaire ». « Gardez vos préoccupations électorales hors des dossiers traités par la justice, a-t-il poursuivi. Appuyez son indépendance au lieu de la lapider. C’est ainsi que se construisent les États de droit. »

La folie qui accompagne ce dossier polémique épargnera-t-elle le Conseil des ministres aujourd’hui, après les invectives par médias (et tweets) interposés que se sont lancés les ministres de l’Intérieur et de la Justice ces derniers jours ? Il y a fort à parier que ce sujet sera présent sur la table du Conseil des ministres, tout comme il a été au centre de la réunion des chefs sécuritaires.


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commentaires (2)

LA JUSTICE DEVRAIT S,APPLIQUER A TOUT RESPONSABLE SI COUPABLE FUT-CE DE NEGLIGENCE SEULEMENT !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 47, le 07 mars 2018

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Commentaires (2)

  • LA JUSTICE DEVRAIT S,APPLIQUER A TOUT RESPONSABLE SI COUPABLE FUT-CE DE NEGLIGENCE SEULEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 47, le 07 mars 2018

  • les petites tetes tomberons, quelques petites mutations... il faut qu'au minimum la tete du patron de la securite de l'etat roule par terre...suzanne hajj repond a ses directives et il est reponsable de son equipe... si cela n'arrive pas, c'est que rien ne changera que par le vote contestataire contre toute cette equipe de bras casse qui nous gouvernent depuis 1990

    George Khoury

    06 h 59, le 07 mars 2018

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