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Lifestyle - Cérémonie des Oscars

Oscars : Un 90e anniversaire sous le signe des femmes et du Mexique

Même si Hollywood tente encore de vendre des rêves, la grand-messe du cinéma a proposé dimanche soir des réalités un peu trop crues pour ce qui devait être une joyeuse fête.

Sam Rockwell, Frances McDormand, Allison Janney et Gary Oldman, respectivement meilleur second rôle masculin, meilleure actrice, meilleur second rôle féminin et meilleur acteur. Photo AFP

La cérémonie des Oscars est toujours un événement très attendu par les passionnés du cinéma. C’est la plaque tournante et le bilan d’une année cinématographique où tout est filmé, balancé (même les porcs), tout est dit, tout est concentré. Comment résumer le travail d’une année tant sur le plan artistique que technique en quelques heures et tellement de paillettes ? D’abord en désignant comme maître de cérémonie un Jimmy Kimmel qui avait fait ses preuves l’an passé, et qui saura tout en retenue et en finesse parler des scandales ou des manifestes politiques et sociaux sans cesser de divertir.

Mais la 90e cérémonie des Oscars n’était pas seulement faite de joies et de tops, mais de déceptions et de flops. On peut ainsi se réjouir de l’intro de Kimmel, laquelle, quoique politique, jouit d’une touche d’autodérision à déguster, comme celle-ci : « L’Oscar est toujours la récompense la plus prestigieuse, même après toutes ces années. Le personnage d’Oscar est l’homme le plus respecté à Hollywood. Pour une raison toute simple : il garde ses mains là où on peut les voir et ne dit jamais un mot déplacé. Et surtout, il n’a pas de pénis », dira-t-il en plaisantant, faisant allusion à la statuette quasi asexuée. « C’est donc l’homme dont on a besoin ici à Hollywood », a-t-il ajouté. Plus tard, parlant du film de Guillermo del Toro reparti avec quatre Oscars sur treize nominations, il dira : « Les hommes se sont tellement montrés salauds en 2017 que les femmes ont préféré sortir avec des poissons. » Pourtant à certains moments les plaisanteries, un peu trop lourdes, n’ont pas fait mouche, comme lorsqu’il convie certains présents et présentes au théâtre Dolby, les déplaçant vers la salle de cinéma voisine pour surprendre un autre public. Sauf que son « Bonsoir, qui êtes-vous, avez-vous du haschisch » à un Steven Spielberg médusé restera dans les annales : drô-lis-si-me...


(Lire aussi : Oscars : "La Forme de l'eau" triomphe, "L'Insulte" pas récompensé)



« Time’s up »
Côté films, le paysage n’était pas, non plus, très clair. Certes The Shape of Water est un bon film, même très bon. Et il méritait grandement ses quatre trophées. Mais pourquoi l’aspect artistique devrait-il s’éclipser toujours devant le politique ? Ce n’est pas parce que Guillermo del Toro, primé meilleur réalisateur, déclare qu’il a grandi au Mexique, et qu’il pensait que ça ne lui arriverait jamais, que Salma Hayek devrait reprendre en écho sur le tapis rouge Viva Mexico (alors qu’on connaît bien ses origines libanaises), et que Gael Garcia Bernal et d’autres remettants soient choisis parmi la gente mexicaine, comme un pied de nez au président Trump. Il ne manquait plus que la distribution de nachos et tortillas à tous les invités ! En remettant un prix, Lupita Nyong’o a évoqué, pour sa part, sa naissance au Mexique et son éducation au Kenya. Elle dira également, faisant allusion aux jeunes sans-papiers surnommés les dreamers, que « les rêves sont la fondation de Hollywood et de l’Amérique ». Oui : à Hollywood tout le monde veut encore rêver, mais malheureusement la réalité rattrape vite les naïfs.


Du côté des femmes, l’atmosphère était plutôt à l’apaisement. Le cri de Frances McDormand sacrée meilleure actrice était très rassembleur, tout comme à la soirée des Golden Globes. Elle a fait lever les actrices, les costumières, les monteuses, les maquilleuses, les assistante, les réalisatrices (il n’y en avait qu’une). « Toutes debout », dira-t-elle. Mais au moins elles n’affichaient pas le deuil comme aux Golden Globes. Oui, « time’s up » (le temps est fini) quand les producteurs démiurges manipulaient le sexe dit faible. Ce pin épinglé sur les torses bombés des hommes affichait leur solidarité avec les descendantes d’Eve. Pourtant hier, Hollywood avait envie de célébrer ce 90e anniversaire et les présents et présentes ont essayé par tous les moyens d’effacer les moments noirs, pour n’en retenir que les souriants et les pailletés.




Les vainqueurs des 90es Oscars

Voici les lauréats dans les principales catégories pour les 90es Oscars, qui se sont déroulés dimanche au théâtre Dolby de Hollywood à Los Angeles :

Meilleur film : Shape of Water, de Guillermo del Toro.
Meilleur réalisateur : Guillermo del Toro.
Meilleur acteur : Gary Oldman, Darkest Hour.
Meilleure actrice : Frances McDormand, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri.
Meilleur acteur dans un second rôle : Sam Rockwell, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri.
Meilleure actrice dans un second rôle : Allison Janney, I, Tonya.
Meilleur film en langue étrangère : A Fantastic Woman (Chili).
Meilleur film d’animation : Coco, de Lee Unkrich et Adrian Molina (Pixar/Disney).
Meilleur documentaire : Icarus, de Bryan Fogel et Dan Cogan.
Meilleure cinématographie : Roger Deakins, Blade Runner 2049.
Meilleur scénario original : Get Out, de Jordan Peele.
Meilleur scénario adapté : James Ivory, Call Me by Your Name.
Meilleure bande originale : Alexandre Desplat, Shape of Water.
Meilleure chanson : Remember Me (Coco), de Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez.


La cérémonie des Oscars est toujours un événement très attendu par les passionnés du cinéma. C’est la plaque tournante et le bilan d’une année cinématographique où tout est filmé, balancé (même les porcs), tout est dit, tout est concentré. Comment résumer le travail d’une année tant sur le plan artistique que technique en quelques heures et tellement de paillettes ?...

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