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Lifestyle - Césars 2018

Quand les cœurs battent la chamade, à 120 BPM

Le film coup de poing de Robin Campillo sur les années sida remporte la récompense suprême.

Philippe Lopez/AFP

Simple et basique. C’est ce que le comédien, animateur et maître de cérémonie Manu Payet a promis pour cette 43e cérémonie des Césars, contrairement à son prédécesseur Jérôme Commandeur qui voulait casser la baraque. Revenir simplement aux bases est essentiel pour le cinéma français dont les fondations ont été ébranlées avec la perte de ses géants en cette année 2017 : Jeanne Moreau à laquelle la cérémonie rend hommage, et en lui consacrant un poster en noir et blanc, Claude Rich, mais aussi Jean Rochefort, Mireille Darc, Danielle Darrieux, Gisèle Casadesus ou encore Johnny Hallyday. Une cérémonie, par moments, malheureusement un peu trop basique pour une année cinématographique qui n’a pas été si simple. Retour sur cette soirée avec un abécédaire (presque) complet.


A comme Albert Dupontel, meilleur réalisateur d’Au revoir là-haut, adapté par lui du roman de Pierre Lemaître, prix Goncourt 2013. Absent de la soirée, parce que « pas à l’aise avec la compétition », ce réalisateur a tenu, indirectement, à remercier tous ses comédiens. Ce film, qui raconte l’histoire de deux rescapés des tranchées qui ne retrouvent plus, après la guerre, leur place dans la société, est arrivé à la salle Pleyel avec autant de nominations que 120 battements par minute. Il en retourne avec cinq Césars.


B comme Balibar. La petite (par opposition à la Moreau) Jeanne, qui reçoit le premier trophée de sa carrière. Meilleure actrice pour son interprétation de l’icône Barbara, dans le film éponyme de Mathieu Amalric, le père de ses enfants.


C comme Campillo (Robin), ou comme « Cent vingt battements par minute », meilleur film hier, parti déjà favori aux Césars depuis sa distinction à Cannes. Dès le début des nominations, il n’y a pas photo. Ce film qui retrace la chronique des années Act Up contre le sida, et surtout contre les laboratoires paresseux, incapables de trouver une cure à la maladie, est dur, osé, dynamique, engagé, jeune, et bien filmé. Sa victoire est bien méritée. Des treize nominations, le film de Campillo obtiendra six Césars.


D comme Dany Boon, à qui Line Renaud décerne le César du public pour son film Raide dingue. C’est peut-être à cause du coup de gueule du comédien il y a dix ans, contre la faible représentation des comédies à la grand-messe du cinéma français, qu’Alain Terzian a décidé de créer le César du public. En effet, en 2008, Bienvenue chez les Ch’tis, qui était devenu le film français le plus vu au cinéma avec plus de 20 millions d’entrées, n’avait été nommé que dans une seule catégorie, celle du meilleur scénario original. Ce soir, c’était la revanche pour Boon. 

E comme Éric Toledano et Olivier Nakkache, réalisateurs du Sens de la fête qui, malgré les dix nominations, s’en sont retournés les mains vides.


F comme « Faute d’amour », du cinéaste russe Andrey Zvyagintsev, meilleur film étranger qui avait remporté le prix du jury à Cannes et qui concourt contre L’Insulte de Ziad Doueiri aux Oscars, dans la même catégorie.


G comme Guillaume Canet, l’acteur qui partage la passion des chevaux avec Jean Rochefort et qui lui rend un très bel hommage : « Je suis un acteur zoologique », dit-il en reprenant les paroles du comédien décédé, qui savait tellement bien murmurer à l’oreille des chevaux.


H comme Hashtag Balance ton porc, la déclinaison française de #MyHarveyWeinstein, lancé par l’écrivaine canadienne Anne T. Donahue en plein scandale Harvey Weinstein.


J comme Jeanne Moreau. La monstresse sacrée du cinéma français et planétaire était partout, hier soir, tellement son amour du cinéma était infini et inégalable. Éternelle Mademoiselle Jeanne…


L comme « Le sens de la fête ». Cette cuvée 2018 avait-elle vraiment ce sens de la fête ?


M comme Manu Payet, l’animateur réunionnais, devenu par la suite comédien, qui a présidé cette cérémonie pour la première fois et s’est inspiré d’Antoine de Caunes, 9 fois maître de cérémonie.


N comme Nahuel Pérez Biscayart. Il aurait été étonnant que ce jeune comédien argentin ne soit pas désigné meilleur espoir masculin. Véritable révélation de l’année 2017, il était présent à tous les tableaux, puisqu’il a joué dans les deux films favoris des Césars : Au revoir là-haut et 120 BPM. Avec un prénom pareil, qui signifie tigre en mapuche, une langue parlée dans le sud de la Patagonie, tout présageait qu’il allait bien montrer ses griffes.


O comme Orelsan, de son vrai nom Aurélien Cotentin. Ce rappeur français, auteur et compositeur, a inspiré le teaser de la cérémonie des Césars. Un clip « simple et basique », mais aussi percutant, comme le dit la chanson d’Orelsan, interprétée et revisitée par Manu Payet. Et qui a fait polémique…


P comme Penélope Cruz. La belle égérie de Pedro Almodovar, la star antimédiatique, accompagnée de son époux Javier Bardem, était resplendissante dans une robe d’un bleu éclatant. Première Espagnole à avoir ravi un Oscar, elle a reçu, en larmes, le César d’honneur pour toute sa carrière, entourée d’Almodovar et de Marion Cotillard. « Ce soir, j’ai envie de remercier la vie », dira-t-elle, la voix chargée d’émotion.


Q comme Quarante-troisième édition des Césars, qui a commencé en clopinant avec une intro façon fête de fin d’année, mais qui a continué, traversée par des grands moments d’émotion.


R comme Récompense. Une nouvelle a été ajoutée cette année. C’est le César du public attribué pour récompenser le film qui a fait le plus d’entrées en salle.


S comme Sara Giraudeau, la fille de Bernard, récompensée du meilleur second rôle féminin dans le film Petit paysan. Et Swann Arlaud, meilleur acteur dans ce même film.


T comme Treize. Les deux grands favoris, Au revoir là-haut et 120 battements avaient tous les deux treize nominations au départ


U comme Unique : Isabelle Huppert, remettante du César du meilleur acteur, a imaginé une adaptation de Blanche-Neige (qu’elle interpréterait) et les 7 nains (que joueraient les sept nommés de cette année). Unique, effectivement, la Huppert…


V comme Vanessa Paradis, présidente des Césars cette année et merveilleuse interprète du Tourbillon de la vie de Jeanne Moreau qu’elle avait côtoyée de son vivant. Elle lui a rendu un très bel hommage, empli d’une grâce infinie.


W comme Wilson (Lambert), remettant d’un trophée (celui de la meilleure actrice) mais sans lequel la cérémonie n’a pas la même saveur.


Z comme « Zombillénium ». Avec ce titre, le film d’animation a du effrayer les votants : résultat, c’est Le grand méchant renard et autres contes de Vincent Renner qui gagne le trophée du meilleur long-métrage d’animation.


Pour mémoire

"Elle" et Isabelle Huppert couronnés aux César en attendant les Oscars



Simple et basique. C’est ce que le comédien, animateur et maître de cérémonie Manu Payet a promis pour cette 43e cérémonie des Césars, contrairement à son prédécesseur Jérôme Commandeur qui voulait casser la baraque. Revenir simplement aux bases est essentiel pour le cinéma français dont les fondations ont été ébranlées avec la perte de ses géants en cette année 2017 :...

commentaires (2)

J'adore le travail journalistique de Colette Khalaf grâce à qui nous découvrons régulièrement toute les facettes d'artistes connus ou méconus. Avec son talent habituel, elle a réussi aujourd'hui à occulter le déroulement ennuyeux au possible de la cérémonie des Césars qui a d'ailleurs accouché d'un palmarès à mes yeux très discutable. 120 BPM meilleur film? Oui s'il concourait dans la catégorie documentaire. Sinon non. Oui pour "petit paysan", un film émouvant, interprété avec beaucoup de talent et de fraîcheur et oui à Albert Dupontel pour son adaptation très réussie d'"Au revoir là-haut". Le reste n'était que distribution de bonbons. Je pense par exemple à "Raid dingue" , un navet comme Dany Boon sait faire depuis qu'il n'arrive plus à se renouveler, complètement inhibé par le succès (mérité) de "Bienvenue chez les Chtis".

Marionet

10 h 13, le 03 mars 2018

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Commentaires (2)

  • J'adore le travail journalistique de Colette Khalaf grâce à qui nous découvrons régulièrement toute les facettes d'artistes connus ou méconus. Avec son talent habituel, elle a réussi aujourd'hui à occulter le déroulement ennuyeux au possible de la cérémonie des Césars qui a d'ailleurs accouché d'un palmarès à mes yeux très discutable. 120 BPM meilleur film? Oui s'il concourait dans la catégorie documentaire. Sinon non. Oui pour "petit paysan", un film émouvant, interprété avec beaucoup de talent et de fraîcheur et oui à Albert Dupontel pour son adaptation très réussie d'"Au revoir là-haut". Le reste n'était que distribution de bonbons. Je pense par exemple à "Raid dingue" , un navet comme Dany Boon sait faire depuis qu'il n'arrive plus à se renouveler, complètement inhibé par le succès (mérité) de "Bienvenue chez les Chtis".

    Marionet

    10 h 13, le 03 mars 2018

  • je dois avoir un problème avec les césars, chaque fois qu'un film est primé pour moi c'est un mauvais film. Mais pour 120 battements par minute je ne remet pas en cause le film mais le traitement fait dans le film, qui laisse insinuer que le sida est du ressort des homosexuels qui va à l'encontre de toute l'information de cette période qui mettait en garde toute la population.

    yves kerlidou

    09 h 23, le 03 mars 2018

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