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À La Une - Diplomatie

Les Etats-Unis caressent l'espoir d'une issue politique en Afghanistan

Après 17 ans de conflit et d'insurrection, et échaudés par l'échec de plusieurs initiatives de paix officielles ou secrètes depuis l'intervention armée qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, les responsables américains sont loin de crier victoire.

Un militaire afghan monte la garde à Kaboul dans une rue visée par un attentat suicide, le 2 mars 2018. Photo REUTERS/Omar Sobhani

Les Etats-Unis entrevoient une possible issue diplomatique à la plus longue guerre de leur histoire après ce qu'ils considèrent comme un succès du Processus de Kaboul sur la paix en Afghanistan.

Après 17 ans de conflit et d'insurrection, et échaudés par l'échec de plusieurs initiatives de paix officielles ou secrètes depuis l'intervention armée qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, les responsables américains sont loin de crier victoire, et s'attendent même à un regain de violences avec la fin de l'hiver.
Mais, dans leurs déclarations publiques comme en petit comité, ils estiment que la conférence internationale qui s'est tenue cette semaine dans la capitale afghane peut être un pas décisif vers des négociations entre le gouvernement du président Ashraf Ghani et les talibans.

Le président Ghani a tendu la main aux insurgés, laissant entrevoir aux talibans un rôle institutionnel en tant que parti politique. Il a certes réclamé un cessez-le-feu et la reconnaissance de la Constitution de 2004 qui protège les droits des femmes et des minorités, mais il s'est dit prêt à l'"amender".

"Les constitutions sont des documents vivants", qui peuvent évoluer, glisse à l'AFP un haut responsable américain sous couvert d'anonymat, qui espère de possibles compromis autour de ce point de blocage.
Autre point de satisfaction pour Washington: le président Ghani s'est abstenu, durant les deux jours de la conférence, de tenir les discours véhéments qu'il a pu prononcer par le passé à l'égard du Pakistan voisin.


(Lire aussi : Attentat-suicide contre un convoi australien à Kaboul : un mort et 22 blessés Afghans)



Pas de dialogue USA-talibans
L'administration américaine de Donald Trump est elle-même très virulente à l'égard d'Islamabad, accusé ouvertement d'être trop tendre à l'égard des groupes islamistes radicaux et notamment des talibans afghans. Elle a même gelé début janvier une partie de son aide financière en matière militaire.
Mais elle sait qu'in fine, toute solution diplomatique devra inclure les autorités pakistanaises. D'autant que, selon le commandant des forces américaines au Moyen-Orient, le général Joseph Votel, les Etats-Unis commencent à recevoir des "signaux positifs" de l'armée pakistanaise, notamment avec un meilleur échange d'informations.

Autant de développements qui font penser aux responsables américains, à Kaboul comme à Washington, que la "stratégie" pour la région dévoilée par Donald Trump en août va dans le bon sens. Revenant sur sa volonté initiale, le président républicain avait alors renoncé à un retrait militaire et même augmenté le nombre de troupes américaines, redoublé la pression sur le Pakistan et laissé la porte ouverte à un dialogue avec "une partie des talibans".

Son secrétaire d'Etat Rex Tillerson avait précisé que les Etats-Unis étaient prêts à soutenir des pourparlers de paix entre le gouvernement afghan et les talibans "sans condition préalable". "Le président Ghani a dit clairement qu'il n'y a pas de conditions préalables à la paix", s'est ainsi réjouie jeudi la porte-parole de la diplomatie américaine Heather Nauert.

Pour autant, les Etats-Unis balaient à ce stade l'offre des talibans, qui ont une nouvelle fois tenté en début de semaine de court-circuiter le gouvernement afghan, qu'ils jugent illégitime, en appelant les Américains à "discuter directement" avec leurs représentants au Qatar pour mettre fin au conflit.
Il s'agit de gesticulations, veut-on croire à Washington.


(Lire aussi : Ghani offre cessez-le-feu et paix sous conditions aux talibans)


"Toute négociation de paix sur l'Afghanistan doit être menée par les Afghans", a répliqué la porte-parole du département d'Etat. "Si les talibans veulent s'asseoir à la table des négociations et discuter, le gouvernement américain peut certainement jouer un rôle", mais il ne peut s'agir d'un dialogue sans le gouvernement de Kaboul, a-t-elle insisté.
Et si les Etats-Unis réaffirment qu'il "ne peut y avoir de solution militaire", leur ambassadeur à Kaboul John Bass a souligné que l'armée américaine maintiendra la pression sur les talibans tant que d'éventuels pourparlers n'auront pas abouti.
Au contraire, l'ambassadeur a apporté son soutien au président Ghani et à sa "position très courageuse".

Cet enthousiasme est certes tempéré en privé: le haut responsable américain sous couvert d'anonymat reconnaît qu'un certain scepticisme prévaut toujours parmi les diplomates qui suivent de longue date le conflit afghan. Mais la réunion de Kaboul "est allée au-delà de nos attentes", assure-t-il.


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