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À La Une - Conflit

En Afghanistan, des civils plus que jamais pris pour cibles

Au cours de l'année 2017, l'ONU a comptabilisé 57 attaques suicides et autres formes d'attentats. Perpétrés dans des zones densément peuplées ou des mosquées, en particulier dans Kaboul, ces incidents ont tué (605) ou blessé (1.690) près de 2.300 civils, soit "le plus lourd bilan jamais enregistré", en hausse de 17% par rapport à 2016.

Un Afghan amputé de la jambe marche avec une prothèse dans un hôpital à Kaboul, le 13 février 2018. Photo AFP / SHAH MARAI

Les civils afghans sont plus que jamais victimes du conflit qui s'éternise, ciblés par des attentats en forte recrudescence, qui ont fait un nombre sans précédent de morts et blessés en 2017, affirme l'ONU dans un rapport annuel présenté jeudi.

Au cours de l'année 2017, l'ONU a comptabilisé 57 attaques suicides et autres formes d'attentats. Perpétrés dans des zones densément peuplées ou des mosquées, en particulier dans Kaboul, ces incidents ont tué (605) ou blessé (1.690) près de 2.300 civils, soit "le plus lourd bilan jamais enregistré", en hausse de 17% par rapport à 2016.

A eux trois, attentats, mines et autres engins explosifs ont causé 40% des victimes civiles et sont devenus la première cause de mortalité et de blessures dues au conflit, devant les combats, insiste la Mission d'assistance à l'Afghanistan des Nations unies (Manua).

Une tendance d'autant plus préoccupante qu'elle se confirme déjà en 2018, a relevé le représentant spécial des Nations unies en Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, citant les trois attaques majeures à Kaboul et celle contre l'ONG britannique Save the Children à Jalalabad (Est), qui ont fait plus de 130 morts et 250 blessés en dix jours fin janvier. La capitale totalise à elle seule 16% des morts et blessés civils enregistrés loin des champs de bataille.

Pour la quatrième année consécutive, le bilan annuel de 3.438 morts et 7.015 blessés franchit la barre des 10.000 victimes - 10.453 au total en 2017 -, même s'il est en baisse de 9% par rapport à 2016, principalement en raison du recul des affrontements directs entre insurgés et forces pro-gouvernementales.
"Les gens sont tués pendant leurs activités quotidiennes, quand ils voyagent en bus, prient à la mosquée ou simplement parce qu'ils passent à côté du bâtiment visé", relève le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Zeid Ra'ad Al Hussein.


(Lire aussi : Mourir en Afghanistan ou vivre de rien au Pakistan: le cruel dilemme des réfugiés afghans)


Pèlerins visés
Danielle Bell, directrice des droits humains à la Manua, s'inquiète particulièrement de l'augmentation des attaques sectaires contre la communauté chiite et ses mosquées revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique. "La mission a dénombré près de 500 victimes d'attentats suicides contre des lieux de prière, au milieu des pèlerins, principalement à Kaboul", a-t-elle insisté jeudi lors d'une conférence de presse.
Les travaux de l'ONU attribuent près des deux-tiers de toutes les victimes (65%) aux insurgés (42% aux talibans, 10% à l'EI, et 13% indéterminés), 13% aux forces gouvernementales et 2% aux forces internationales.

Avec l'augmentation des raids aériens aussi bien afghans qu'américains contre des positions des talibans et de l'EI, les victimes de bavures sont en hausse de 7% comparé à 2016, avec 295 morts et 336 blessés, soit "le bilan annuel le plus lourd des opérations aériennes depuis 2009".
Selon la Manua, la majorité des tués l'ont été par les forces américaines, les seules de la coalition occidentale à conduire des opérations aériennes: malgré un nombre inférieur de sorties (25 par semaine en moyenne, contre 40 pour les pilotes afghans), les bombardements américains par des munitions toujours plus puissantes ont fait 154 morts et 92 blessés civils dans 49 opérations.
Le nombre de femmes (+22%) et d'enfants (+33%) affectés par ces frappes est particulièrement en augmentation, même si "le ratio entre le nombre de sorties et le nombre de victimes montre une amélioration des procédures", estime l'ONU.

Par ailleurs, la Manua a salué l'adoption par l'Afghanistan du Protocole V de la Convention de l'ONU sur l'interdiction ou la limitation de certaines armes classiques (CCW). Ce protocole, qui impose aux belligérants de nettoyer les champs de bataille des munitions non explosées, devrait permettre d'éviter de nombreuses blessures et amputations qui touchent à 81% les enfants.
Tant que l'Afghanistan n'était pas partie du protocole, les armées occidentales même signataires, notamment américaine, ne se sentaient pas tenues de déminer, une opération coûteuse, explique Danielle Bell.


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