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À La Une - afghanistan

Ghani offre cessez-le-feu et paix sous conditions aux talibans

Dans une première réaction sur Twitter, les talibans ont semblé écarter cette offre qui s'apparenterait à leurs yeux "à une reddition".

Le président afghan, Ashraf Ghani (centre), son épouse, Rula Ghani (g), et le vice-président indonésien, Mohammad Jusuf Kallaa, lors d'une conférence sur la coopération pour la paix et la sécurité, à Kaboul, en Afghanistan, le 28 février 2018. REUTERS / Omar Sobhani

Le président afghan Ashraf Ghani a proposé mercredi des pourparlers de paix sous conditions aux talibans, qui ont refusé jusqu'ici de reconnaître le pouvoir de Kaboul, afin de mettre un terme à 17 années de guerre.

Le chef de l'Etat a posé notamment comme préalable aux insurgés un cessez-le-feu et la reconnaissance de la Constitution de 2004. Mais dans une première réaction sur Twitter, ces derniers ont semblé écarter cette offre qui s'apparenterait à leurs yeux "à une reddition".

"Il devrait y avoir un cadre politique à la paix. Un cessez-le-feu devrait être proclamé. Les talibans devraient être reconnus comme un parti politique et un processus de renforcement de la confiance devrait être lancé", a déclaré M. Ghani en ouverture de la deuxième conférence du Processus de Kaboul.
Le Processus de Kaboul réunit les représentants de plus d'une vingtaine de pays de la région ainsi que les États-Unis et l'ONU, mais pas les talibans, dans l'enceinte du ministère des Affaires étrangères en état de siège.
La première réunion s'était tenue en juin.

M. Ghani exige également que les talibans reconnaissent la Constitution, qu'il se dit prêt à "amender", ainsi que son gouvernement - qualifié de "marionnette des Américains" par les talibans. "Maintenant, la décision est entre vos mains. Acceptez la paix... et apportons de stabilité à ce pays", a-t-il lancé.
Le président afghan a également posé comme condition "le respect des droits des citoyens, en particulier des femmes, conformément à la Constitution" et "le respect des forces de sécurité".

De son côté, son gouvernement s'engagerait à assurer la sécurité des talibans qui accepteraient son offre, à "considérer" leurs propositions, à lever les interdictions de voyager qui pèsent sur certains de leurs responsables et à obtenir un soutien international aux pourparlers. Mais, a insisté M. Ghani, "aucun groupe armé lié à des organisations terroristes étrangères, gouvernementales ou non, ne sera autorisé sur le sol afghan", évoquant sans les nommer les organisations el-Qaëda, État islamique ou d'autres groupes régionaux, pakistanais ou ouzbèkes.


(Pour mémoire : Attentats en série en Afghanistan contre des objectifs gouvernementaux)


"Arrogant"
Cette offre de paix intervient au lendemain d'un appel des talibans aux États-Unis pour qu'ils "discutent" directement avec leurs représentants au Qatar, ignorant les autorités afghanes.

Mardi sur Twitter, le porte-parole des talibans Zabiullah Mujahid a indiqué : "Le Processus de Kaboul recherche la reddition de l’Émirat islamique (appellation officielle du mouvement taliban, NDLR) à un moment où il défait le pouvoir arrogant de l'Amérique et de ses alliés".
Il s'adressait ainsi à l'ancien négociateur américain Barnett Rubin qui, dans une "Lettre ouverte aux talibans" publiée par l'hebdomadaire The New Yorker, les a appelés à accepter un cessez-le-feu en rappelant que "neuf civils afghans meurent en moyenne chaque jour".

Par le passé, les talibans ont toujours refusé de reconnaître la Constitution afghane. Quand ils étaient au pouvoir ils n'en avaient aucune, de même qu'ils avaient de fait supprimé tout droit pour les femmes.
Cependant leur déclaration à l'intention des États-Unis mardi montrait pour la première fois en deux ans leur disposition à engager des pourparlers, après une série d'attentats meurtriers visant les civils à Kaboul fin janvier.

Pour l'analyste Abdul Bari, "le gouvernement afghan a formalisé ses offres de paix par un plan clair, devant une conférence multinationale. Ça lui donne davantage de crédit. Les talibans pourront rejeter l'offre, comme ils l'ont fait par le passé, mais au moins le processus de paix est de nouveau sur les rails."

Dans un communiqué, Amnesty International a demandé aux participants du Processus de Kaboul de "mettre les civils au centre du processus" de paix, rappelant le lourd tribut payé par la population avec plus de 10.000 morts et blessés en 2017, selon l'ONU.


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